L’éducation par le dialogue
Nos enfants sont des bijoux et nous nous comportons avec eux comme un bijoutier qui traite avec délicatesse ses précieux bijoux… C’est une des citations les plus vraies que j’ai pu lire dans le domaine de l’éducation des enfants. Celle qui exprime le plus la réalité de l’éducation que vivent de nombreux enfants avec leurs parents.
Imaginez-vous qu’un homme pèse de l’or au prix du fer. Ou un homme agit avec des bijoux, des perles et des pierres précieuses comme si c’était du verre, des pierres ou des roches. C’est le cas de beaucoup de parents avec leurs enfants. Nous entendons beaucoup de parents dire de leurs enfants qu’ils sont nullards. En réalité, il n’y a pas de fils qui soit un nullards, mais uniquement un père qui n’a pas su éduquer son fils.
A leur naissance et durant leur enfance, nos enfants ressemblent plus à une feuille blanche qu’à autre chose. Une feuille blanche sur laquelle c’est nous qui écrivons ce que nous voulons. A travers l’éducation, nous écrivons ces lignes et y dessinons ce que nous voulons… Et si l’un d’entre nous doit par la suite lire dans ce livre ce qui ne lui plait pas, alors qu’il ne blâme pas son fils. Il ne fait que lire ce qu’il a lui-même écrit.
Parmi les enfants, on en trouvera qui aiment la mosquée, accomplissent assidûment la prière, mémorisent le Coran. D’autres n’accomplissent pas du tout la prière ni ne connaissent le chemin de la mosquée. Ils n’apprennent pas le Coran mais plutôt les paroles des chansons et parlent de choses qu’ils ne connaissent pas.
Le premier de ces enfants, son père l’amenait à la mosquée, veillait à ce qu’il accomplisse ses prières, l’envoyait dans les cours de Coran ou faisait venir à la maison qui le lui enseignait… Quant à l’autre, son père ne priait probablement pas ni ne se préoccupait d’apprendre la prière à son fils ou l’y habituer. Il ne l’a jamais amené à la mosquée ne serait-ce qu’un jour ou a accordé de l’importance à lui faire apprendre le Coran. C’est ainsi que sont les résultats, la plupart du temps, ils dépendent de nos actes.
La famille reste le premier lieu de garde de l’enfant, son premier éducateur durant les premières années de la vie de l’enfant. Personne ne prend part à l’éducation des enfants avec le père et la mère si ce n’est avec leur accord… Puis les facteurs d’influence extérieurs au foyer débutent quand le petit va à l’école et sort dans la rue, avec les visites des proches de la famille, ses premières fréquentations et les amis qu’il choisit. D’autres facteurs viennent s’ajouter à ceux-là si nous les laissons comme des proies devant les écrans des télés, des téléphones et autres… Lorsque les parents sont distraits de leurs enfants ne serait-ce qu’un peu, on les leur subtilise… Alors prends garde à être distrait de tes enfants.
Le modèle et le dialogue
Il y a de nombreux moyens pour éduquer les enfants. Le plus important est le modèle que représente l’éducateur. Un petit est façonné de sorte à imiter ses parents et cherche à leur ressembler dans tout ce qu’ils font. Si le père se lève pour prier, le petit se lève aussi et se met à ses côtés. Il se penche comme le fait son père, se prosterne et s’incline. Parfois, il est seul et prend son tapis de prière, se met debout et fait la prière comme son père la faisait, ou comme il voyait sa mère la faire… Et on peut en dire autant si son père écoutait de la musique ou fumait des cigarettes. Un enfant ne fait qu’imiter ce qu’il voit… Quand tu regardes les actes de tons fils, tu ne fais que regarder dans le miroir de tes actes, de tes paroles qu’il t’a vu faire. Alors fais attention à ce que tu dis et fais.
Un des moyens importants dans l’éducation des enfants est le dialogue… éduquer ton enfant par la conviction et le dialogue.
L’éducation consiste à inculquer des principes, des croyances, des mœurs, des pensées et des représentations. Or, tout cela ne peut se faire par la force, la contrainte, en les frappant ou en étant violent.
L’éducation par la menace et en faisant peur est le moyen d’éduquer le plus voué à l’échec. Ceci parce que l’enfant t’obéira tant que tu es devant lui et que tu as de l’autorité sur lui. Mais s’il n’est pas avec toi ou dans le cas où tu sors ou part en voyage, ou même si tu dois partir pour l’au-delà, alors tout est fini : il fera tout ce que lui veut. Et non pas ce qui correspond à l’éducation que tu as voulue lui donner.
La véritable éducation est celle qui consiste à convaincre l’enfant. Et le moyen le plus court pour le convaincre est de dialoguer…
Tu connais l’histoire de ce jeune qui est venu voir le Prophète () et lui dit : permets-moi la fornication. Les gens se sont alors retournés et lui ont crié dessus. Le Prophète () lui dit : approche, il s’approcha, puis il lui dit : assieds-toi et a débuté un dialogue dans le but de le convaincre, et non pour le menacer. Le Prophète () était tout à fait capable de lui faire peur en lui disant qu’elle était le châtiment qu’il encourait, se faire frapper, recevoir des coups de fouets, voire être flagellé. Il aurait même pu lui rappeler le châtiment encouru dans l’au-delà pour un tel péché. Mais il a préféré arraché ses passions à leurs racines en convaincant sa raison et son cœur de la vilénie de l’acte qu’il voulait commettre. Une fois assis, il lui dit : « Est-ce que tu aimerais cela pour ta mère ? » Et lui de répondre : « Non par Allah, qu’Allah fasse que je sois le prix de ta rançon. » Il poursuivit : « Les gens non plus ne le souhaitent pas pour leurs mères. » Il enchaina : « Est-ce que tu aimerais cela pour ta fille ? » Il dit : « Non par Allah, qu’Allah fasse que je sois le prix de ta rançon. » Il poursuivit : « Les gens non plus ne le souhaitent pas pour leurs filles. » Il enchaina : « Est-ce que tu aimerais cela pour ta sœur ? » Il dit : « Non par Allah, qu’Allah fasse que je sois le prix de ta rançon. » Il poursuivit : « Les gens non plus ne le souhaitent pas pour leurs sœurs. » Il enchaina : « Est-ce que tu aimerais cela pour ta tante paternelle ? » Il dit : « Non par Allah, qu’Allah fasse que je sois le prix de ta rançon. » Il poursuivit : « Les gens non plus ne le souhaitent pas pour leurs tantes paternelles. » Il enchaina : « Est-ce que tu aimerais cela pour ta tante maternelle ? » Il dit : « Non par Allah, qu’Allah fasse que je sois le prix de ta rançon. » Il poursuivit : « Les gens non plus ne le souhaitent pas pour leurs tantes maternelles. » Puis il posa sa main sur ce jeune homme et invoqua en ces termes : « Ô Allah, pardonne son péché, purifie son cœur et préserve son sexe. » À la suite de ce dialogue et de cette invocation le désir de commettre une telle chose avait complètement disparu du cœur de ce jeune homme. » Rapporté par Ahmad.
Le dialogue est un principe de base dans l’éducation des gens et pour convaincre les petits et les grands. C’est pour cela que le Coran mentionne de nombreux dialogues : entre Allah et les anges, entre Allah et Ses messagers, entre les messagers et leurs peuples : Moussa avec Pharaon, Nûh, Hûd, Sâlih, Lût, Shu’ayb avec leurs peuples respectifs. De même, Ibrahim avec son peuple, avec Nemrod, avec son fils Isma’îl, celui qu’Allah lui a demandé de sacrifier.
Ainsi en est-il dans la Sunna où le Prophète () enseigne à ses compagnons et les éduque. Avec Mu’adh ibn Jabal, il lui enseigne le dogme : « Mu’âdh ! Sais-tu quel est le droit d'Allah sur Ses serviteurs et le droit de ces derniers sur Allah ? » Il lui répondait que Seul Allah et Son Messager le savent et le Prophète () l’informait de ce qu’il ignorait.
Il s’asseyait avec ses compagnons et leur demandait : « Savez-vous qui est l'homme en faillite ? » Ils répondirent : « L'homme en faillite, selon nous, est celui qui n'a plus ni dirhams ni biens. » Il dit : « L'homme en faillite de ma communauté est celui qui viendra le Jour de la Résurrection avec plein de prière, de jeûne et d'aumône tout en ayant insulté celui-ci, diffamé celui-là, consommé l'argent d'un tel, versé le sang d'un autre et frappé tel autre. On donnera à celui-ci de ses bonnes actions, à celui-là de ses bonnes actions. Et lorsque ses bonnes actions seront épuisées, on prendra les fautes de ses victimes qui n'ont pas été indemnisées pour qu'il les assume et on le jettera en Enfer. » Rapporté par Mouslim.
Il lui était tout à fait possible dès le début de les informer que l'homme en faillite est celui de la communauté qui fait telle et telle chose ou de dire directement que le droit d’Allah sur Ses serviteurs est ceci ou cela… Mais il savait bien faire la différence entre l’éducation par le biais d’informations portées à la connaissance de l’auditoire et celle qui se fait par le dialogue.
Règles dans le dialogue avec les enfants :
Il nous reste à dire : si tu souhaites dialoguer avec ton enfant, alors il te faut prendre en compte certains points :
Premièrement : construire des ponts de confiance : ton dialogue avec lui doit reposer sur l’amour et la volonté de lui faire du bien et non pas uniquement imposer ton avis ou donner un ordre. Prends garde à ne pas divulguer un secret qu’il t’a confié car il perdrait toute confiance en toi et ne te dirais plus rien par la suite.
Deuxièmement : respecter ses sentiments et ses pensées : attention, attention à ne pas se moquer de lui ou à dénigrer l’avis de ton fils aussi insignifiant ou stupide serait-il à tes yeux. Ou si sa pensée est limitée, ou simple. Agir ainsi pourrait le casser, il en serait affecté et découragé.
Troisièmement : dialogue avec lui avec douceur et calme : prends garde à te mettre en colère ou être violent, à imposer ton avis par la force, ou réduire à néant son avis et ce qu’il pense. Tu dois plutôt en discuter avec lui jusqu’à le convaincre.
Quatrièmement : savoir écouter : montrer qu’on accorde de l’importance à tout ce qu’il dit et ne pas le couper durant ses propos jusqu’à ce qu’il finisse de parler.
Cinquièmement : durant le dialogue, mets-toi à son niveau en fonction de son âge et de son expérience de la vie. Lui ne pourra pas se hisser à ton niveau. Et prends cela en compte dans la façon dont tu dialogues avec lui.
Sixièmement : parler de ses préoccupations : fais-en sorte de parler de temps à autre de ce qui le préoccupe et de ce qu’il aime. Par exemple, les jeux qu’il aime, les sports qu’il aimerait pratiquer, ou une activité à laquelle il s’adonne comme le dessin ou la calligraphie. Il sera réjoui de partager cela avec toi et de nombreuses portes s’ouvriront par ce biais alors qu’elles étaient peut-être fermées avant cela.
Septièmement : remédier correctement aux erreurs : s’il reconnait son erreur, alors apporte une solution en employant une méthode noble et belle. Prends garde à être trop violent parce qu’à l’avenir, il risquerait de ne plus reconnaitre ses erreurs et tu passerais à côté de la possibilité de le réformer.
Huitièmement : résoudre les problèmes en fonction de leur gravité : il ne faut pas effrayer un petit ou mépriser un grand. Et s’il a commis une erreur involontaire alors pardonne-le. Allah a pardonné à sa communauté les fautes qu’elle a commise par erreur ou oubli.
Neuvièmement : ne fais pas des enquêtes à la manière des policiers en posant trop de questions sur des choses cachées ou des sujets qu’il n’aime pas aborder. Ou encore, en cherchant à lui tirer les vers du nez et lui faire avouer des faits en disant : pourquoi tu as fait telle chose ? Comment as-tu fait telle chose ? Qui était avec toi ? Où ça s’est passé ? On parle ici d’un dialogue et non d’une enquête.
Nous demandons à Allah de guider nos enfants et les enfants des musulmans, qu’Il nous permette tous d’éduquer nos enfants correctement qu’Il fasse d’eux une source de bonheur.