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  2. Le credo des gens de la Sunna et al-Jama’a

L’exagération et obliger les gens à adopter un seul avis

L’exagération et obliger les gens à adopter un seul avis

 

L’exagération et obliger les gens à adopter un seul avis

Il ne fait aucun doute pour toute personne lucide et clairvoyante que pousser les gens à tous adopter un seul avis et adhérer à un avis commun est quasiment impossible. Ceci parce qu’Allah a créé les gens et a fait en sorte qu’ils empruntent des voies différentes dans leur façon de comprendre les choses et de réfléchir. Il leur est difficile de penser comme un seul homme. Et lorsque la religion est apparue, elle a amené avec elle la saine nature. Elle a permis à la divergence d’exister et l’a légiféré. Elle a fait en sorte que dans la religion, il y ait des éléments de référence explicites autour desquels les musulmans se réunissent. Ils sont compréhensibles par chacun. Allah, exalté soit-Il, dit :

« C'est Lui qui vous a élus ; et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion» (Coran 22/78).

Il a ensuite légiféré les questions objet de divergence qui sont en deçà de celles objet de consensus. Les textes de la religion explicites étaient suffisamment larges pour accepter les différences et les divergences de compréhension des gens et leurs capacités. C’est ainsi que sont nées les écoles de jurisprudence à travers les savants de la communauté. Les divergences étaient évidentes sur les questions où les divergences étaient acceptables. C’est sur ce fait que l’embarcation de l’Islam a poursuivi son chemin. Le Coran l’orientait et la Sunna l’appuyait. Allah, exalté soit-Il, dit :

« Et si ton Seigneur avait voulu, Il aurait fait des gens une seule communauté. Or, ils ne cessent d'être en désaccord (entre eux), […]. » (Coran 11/118).

Les savants ont tous appuyés le fait que ce genre de divergence était légitime puisque reposant sur les textes du Coran et de la Sunna. Et personne n’a le droit d’imposer son avis à un tiers en fonction de sa compréhension des choses lorsqu’il s’agit de questions objet de divergence. En effet, dans ce type de questions, on ne peut pas blâmer son prochain, comme l’établissent les savants.

Les livres d’histoire et des biographies nous ont aidé à comprendre que les divergences sur les questions de jurisprudence existaient dès l’époque des Compagnons. Personne ne peut le nier. Les musulmans ont toujours agi ainsi quand bien même les extrémistes en sont gênés à toutes les époques. Qui d’entre nous n’a pas lu la tentative du calife Al-Mansûr d’imposer aux gens d’œuvrer en fonction du livre Al-Muwatta et quel fut la position de son auteur, l’imam Malik, le sage, qui lui expliqua que la religion était bien plus vaste et englobait bien plus de points que pouvait contenir son livre. Le Prophète () est mort en laissant derrière lui plus de cent mille Compagnons. Tous ont rapporté ses propos et transmis la religion chacun selon ce qu’il a entendu et retenu. Et il n’est pas possible de restreindre la religion à une ou plusieurs versions définies qui seraient celles contenues dans Al-Muwatta.

L’Islam a acquiescé l’existence de divergence dans les questions de jurisprudence. Les savants Malikites vénéraient les savants Hanafites et les savants Hanbalites respectaient les savants Shâfi’ites et prenaient leurs efforts de réflexion en ligne de compte.

C’est ainsi que le savoir s’est embelli et que la qualité des livres s’améliorait avec le temps. Ceci parce que le savoir est la quintessence des pensées et le nectar des dialogues.

Les savants étudiaient les avis de leurs pairs et les intégraient à leurs connaissances. Ainsi, l’homme le plus sage est celui qui a joint à sa sagesse celle des autres. Il en est ainsi parce que la raison des hommes est à l’image de lampes. En les joignant les unes aux autres la lumière s’accroit et le chemin s’éclaircit. Et aussi, parce que chacun dispose d’une raison qui lui est spécifique de penser et une vision des choses qui lui est propre.

L’humanité a bien saisi que la divergence est quelque chose de naturel entre les hommes et arrive même à l’intérieur d’une même maison et pour des sujets bien moins importants que ceux en lien avec la religion et les situations des gens. Et il n’est pas possible d’amener les gens à tous adhérer au même avis. Chacun a son point de vue et son avis qui lui est propre.

Le comportement bienséant en cas de divergence :

Oui, les gens peuvent diverger. Mais ce qu’on attend du fidèle est qu’il se tienne à un comportement bienséant en cas de divergence et être agréable avec ceux qui ne partagent pas le même avis que lui. Et aussi, savoir distinguer entre les types de divergence et veiller à mettre en avant un esprit de tolérance sans se disperser ce qui conduirait à se séparer, se chamailler et se détester.

Obligation est faite à une personne qui dialogue et au musulman de façon générale de reconnaitre l’existence de divergence comme une réalité, tout en devant observer de bonnes relations avec une belle attitude, et gérer les divergences avec sagesse. Et parmi ces points : insistons sur l’obligation de toujours faire preuve de justice et d’équité et de juste mesure dans les situations de divergence. De donner à chacun le droit qui lui est du. Toujours observer les lois d’Allah et de Son Prophète () qui représentent toute la justice.

Citons également : attention au danger consistant à faire preuve d’audace en se précipitant à taxer de mécréant ou d’hérétique en exagérant au point de faire preuve d’abus. Il est moins grave de se tromper en pardonnant que se tromper en punissant.

Il n’y a pas de place en Islam pour un horizon retreint et être dur avec les gens. Au contraire, l’Islam est suffisamment tolérant et souple pour accueillir une diversité d’avis. Cette religion est venue pour ôter les carcans qui étaient aux cous des gens et les décharger des fardeaux qui leur pesaient.

Parmi les caractéristiques des gens excessifs :

De nos jours, nous avons pu voir certaines manifestations d’excès et d’exagération de la part de gens qui souhaitaient imposer leur avis aux autres dans des quantités si nombreuses qu’il n’est presque pas possible de les recenser. Ces gens se reconnaissent à certaines caractéristiques dont les plus importantes sont les suivantes :

De la dureté et de la rudesse dans les relations avec autrui. Une façon de faire austère et une manière de prêcher rigoureuse.

Une mauvaise opinion de son prochain. Selon eux, il faut à priori suspecter les gens. Et cette suspicion doit à priori conduire à une accusation. Ils font toujours primer l’éventualité du mal sur le bien.

La recherche des défauts et épier les erreurs. Ils ne sont pas arrêtés par les bonnes actions de leur prochain et ce qu’on a pu faire de bien n’est d’aucune utilité avec eux.

Ce genre de personne dure et extrémiste cherche une société imaginaire puisqu’il est en quête de personnes qui sont des modèles et des idéaux qui ne peuvent exister dans une société. Pour eux, un péché est proche de la mécréance. Une erreur a forcément été commise intentionnellement. Une faute ne peut être pardonnée que si on passe au coupe gorge. Ceci alors qu’il ne sait pas qu’une société ne peut pas être le reflet du plus pieux des hommes. C’est impossible dans les faits et en marge de la réalité. Allah, exalté soit-Il, dit : « car l’homme est par nature faible. » (Coran 4/28). « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous les habitants de la terre auraient embrassé la foi. Est-ce à toi de contraindre les hommes à devenir croyants ? » (Coran 10/99).

Ils se caractérisent également par le fait qu’ils manquent de clairvoyance dans la religion. Ils ignorent la réalité de la vie, de l’histoire et des lois divines qui régissent le monde.

Il faut absolument que ces gens comprennent que la religion est tolérante et il est facile de la mettre en œuvre. C’est avec ceci qu’a été suscité le Prophète (), à titre de miséricorde. Il administrait les gens avec indulgence et patience et clémence. C’est ainsi que la religion s’est répandue dans les contrées : « En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment. » (Coran 33/21).

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