Asmaa: femme sensible et dévouée 2
04/05/2009| IslamWeb
Asmaa: femme sensible et dévouée
Au début, la vie à Médine était dure pour Asmaa et tel était le cas pour beaucoup de musulmans. Son mari était assez pauvre et ne possédait qu'un cheval qu'il avait acheté. Asmaa a décrit ces jours d'antan en ces termes : « Je me chargeais d'apporter du fourrage au cheval, de lui donner de l'eau et de le brosser. Je devais également moudre du grain et en faire du levain, mais je n'étais pas très douée pour la cuisson du pain. Les femmes de la tribu des Ansars le faisaient pour moi. C'étaient des femmes d'une grande bonté. Je transportais le grain sur ma tête depuis le potager que cultivait Az-Zoubeir et qui lui avait été attribué par le Prophète, . Il se trouvait à environ 8 kms du centre de la ville. Un jour, je me trouvais sur la route portant du grain sur la tête lorsque j’ai rencontré le Prophète, , et un groupe de Compagnons. Il m'a appelé et a arrêté son chameau de sorte que je puisse monter. J'étais gênée de voyager avec le Prophète, , tout en songeant à la jalousie de Az-Zoubeir qui était le plus jaloux des hommes. Le Prophète, , a réalisé que j'étais embarrassée et a poursuivi son chemin. Plus tard, Asmaa a rapporté exactement ce qui s'était passé à Az-Zoubeir qui a dit : « Par Allah! Le fait que tu sois obligée de porter ce grain m'est plus pénible que de te voir partager la monture du Prophète, »
Asmaa était manifestement une femme sensible et dévouée. Elle et son mari travaillèrent extrêmement dur jusqu'à ce que leur situation s'est améliorée progressivement. Cependant il arrivait qu'Az-Zoubeir la traitait durement. Un jour, elle alla s'en plaindre à son père. Il lui a donné cette réponse : « Ma fille, fais donc preuve de patience, car si une femme a un époux vertueux et qu'elle ne se remarie pas après sa mort, ils seront de nouveau réunis au Paradis. »
Az-Zoubeir est devenu un des hommes les plus riches parmi les Compagnons, mais en aucun cas cela n’a remis en question les principes d'Asmaa. Son fils Al Moundhir lui envoya une fois une robe très élégante, faite d'une étoffe coûteuse et raffinée. Asmaa, devenue aveugle, a dit en touchant le tissu: « C'est affreux. Rends-la-lui. » Al Moundhir en fut bouleversé et a dit: « Mère, elle n'est pourtant pas transparente. » « Elle n'est peut-être pas transparente, rétorqua-t-elle, mais elle trop étroite et laisse deviner les pourtours du corps. »
Si les événements et aspects de la vie d'Asmaa cités ci-dessus pouvaient être oubliés, sa dernière rencontre avec son fils Abdallah doit rester l'un des moments les plus mémorables du début de l'Histoire de l'Islam. Lors de cette rencontre elle a montré l'acuité de son intelligence, la fermeté de sa résolution et l'intensité de sa foi. Abdallah aspirait au Califat après la mort de Yazid Ibn Mouâwiya. Le Hidjaz, l'Egypte, l'Irak, Khorassane et une grande partie de la Syrie lui étaient favorables et l’ont proclamé Calife. Toutefois les Omeyyades continuaient de contester ce Califat et ont dressé une armée formidable sous les ordres d'Al Hadjadj Ibn Youssouf Ath-Thaqafi. Des batailles implacables furent livrées entre les deux camps, durant lesquelles Abdallah Ibn Az-Zoubeir s'est illustré par ses actes de bravoure et d'héroïsme.
Malgré cela plusieurs de ses partisans n’ont pu supporter la contrainte persistante de la guerre et ont fini par déserter peu à peu. Il s’est réfugié dans la Mosquée Sacrée de La Mecque et est allé trouver sa mère qui était alors vieille et aveugle, et lui a dit : « Que la paix soit sur toi, mère, et la clémence et la grâce d'Allah. » « Et que sur toi soit la paix, Abdallah » répondit-elle. « Qu'est-ce qui t'amène ici à cette heure alors qu'au Haram (Mosquée Sacrée), les catapultes d'Al-Hadjadj font pleuvoir sur tes soldats des blocs de pierres qui secouent les maisons de La Mecque? ». « Je viens te demander conseil », dit-il.
Nous allons suivre cette discussion étonnante entre Asmaa Binte Abou Baker et son fils Abdallah dans la troisième partie de cet article