Grippe porcine

28/10/2009| IslamWeb

 Le virus H1N1 (grippe porcine chez l'être humain) est une souche du virus de la grippe qui affecte habituellement les porcs mais qui peut également s'attaquer aux humains. Le virus H1N1 (grippe porcine chez l'être humain) est une maladie respiratoire qui entraîne des symptômes semblables à ceux de la grippe humaine saisonnière.

Quel est l’origine de cette grippe ? Quels sont les stades de développement de son virus et comment s’est-il transmis du porc à l’homme ? Quels sont ses modes de transmission chez l’homme ? Comment s’en protéger ? Quelle est l’utilité des mesures d’hygiène ? Existe-t-il un vaccin contre son virus ? Existe-t-il des médicaments efficaces contre cette grippe ?  

Découvrons ensemble la réponse à toutes ses questions grâce à cet entretien accordé au quotidien  Ar-Raya par  le  professeur  Abu Bakr Ach-Chafiï spécialiste en ORL à l’hôpital Al Amadi .

La grippe porcine est une maladie respiratoire aiguë du porc hautement contagieuse, provoquée par l'un des quelques virus grippaux porcins de type A, dont la morbidité a tendance à être élevée et la mortalité faible (1 - 4 %). Le virus provoquant cette grippe se propage chez les porcs par des aérosols, par contact direct et indirect, ainsi que par des animaux porteurs asymptomatiques. Des flambées sont enregistrées chez les porcs tout au long de l'année, avec une incidence accrue à l'automne et en hiver dans les zones tempérées. De nombreux pays vaccinent systématiquement les populations de porcs contre la grippe porcine.

Les virus grippaux porcins appartiennent le plus souvent au sous type H1N1, mais d'autres sous-types circulent également (par exemple, H1N2, H3N1, H3N2). Les porcs peuvent être infectés par des virus grippaux aviaires et des virus de la grippe saisonnière humaine, aussi bien que par des virus grippaux porcins. On pense qu'à l'origine le virus porcin H3N2 a été introduit chez le porc par l'homme. Les porcs sont connus pour être des incubateurs des virus de la grippe et ils peuvent être porteurs de plusieurs types de virus de différentes espèces, ce qui peut permettre aux gènes de ces virus de se mélanger et d'engendrer un virus grippal contenant des gènes provenant de diverses sources appelé " virus réassorti ". C'est pour cette raison que les porcs sont considérés comme la cause principale de l'évolution de nouveaux virus de la grippe capables de franchir la "barrière des espèces" et de passer de l'animal à l'homme, déclenchant ainsi une pandémie. En fait, ces virus différents qui infectent le même animal sont susceptibles de plus ou moins se reproduire. Autrement dit, ils échangent leurs gènes viraux et engendrent de nouvelles formes de grippe qui peuvent se révéler potentiellement dévastatrices pour la population humaine. C’est ce qui s’est produit chez  la souche de virus H1N1 survenue récemment à Mexico. En effet, cette dernière souche de ce virus  est différente des autres virus de grippe porcine et ses marques génétiques sont inédites et sont un amalgame de virus provenant de porc, d'oiseau et d'homme.

En général, les gens contractent la grippe porcine à partir de porcs infectés, mais certains cas répertoriés chez l'homme ne montrent aucune notion de contact avec des porcs ou des environnements où des porcs auraient séjourné. Il y a eu donc dans ce cas une transmission d’homme à homme mais qui demeure jusqu'à présent  limitée aux contacts proches ou à des groupes fermés.

Pour faire face à la propagation de cette grippe, le respect de certaines règles d'hygiène est primordial et doit être systématique.

 Les symptômes de la grippe porcine ne diffèrent pas beaucoup de ceux de la grippe saisonnière normale à savoir des frissons, une rapide montée de fièvre,  maux de gorge, des douleurs musculaires, des maux de tête, toux, faiblesse et malaise général. Toutefois il semble qu’elle peut  causer davantage de diarrhée et de vomissements que la grippe normale.

Le virus de la grippe se transmet principalement par les gouttelettes respiratoires émises lors de la parole, de l'éternuement ou de la toux. Il peut aussi se trouver sur les mains et les surfaces inertes.

D’où la nécessité de respecter les mesures classiques d’hygiène comme :

 Lavage des mains : Le lavage des mains est essentiel pour soi mais aussi pour les malades. Il doit se faire soigneusement au savon durant au moins 30 secondes. Le lavage des mains doit être répété dans la journée, en particulier après les mouchages et les éternuements, après chaque contact avec un malade, après chaque sortie et retour au domicile.

Hygiène respiratoire :

Il est essentiel de se couvrir la bouche et le nez chaque fois qu'on tousse ou qu'on éternue.

Ne pas cracher par terre mais dans un mouchoir.

Utilisez des mouchoirs en papier à usage unique jetés dans une poubelle.

Et toujours se laver les mains après chacune de ces actions.

Limitation des contacts, surtout l’échange de baisers

En situation pandémique, il est préférable d'éviter les lieux de rassemblement, de conserver une distance d'au moins 2 mètres avec le malade, de séparer le malade d'avec son entourage et d'aérer la chambre régulièrement.

Existe-t-il des médicaments efficaces contre cette grippe ?

On ne dispose pas de suffisamment d’informations pour pouvoir faire des recommandations sur l’utilisation des antiviraux dans la prévention et le traitement de l’infection par le virus grippal porcin. Les cliniciens doivent prendre des décisions basées sur l’évaluation clinique et épidémiologique des cas, ainsi que sur les avantages et inconvénients de la prophylaxie/du traitement pour les malades. Concernant la flambée en cours d’infection par le virus grippal porcin sévissant aux États-Unis et au Mexique, les autorités nationales et locales recommandent d’utiliser de l’oseltamivir ou du zanamivir pour le traitement et la prévention de la maladie en se basant sur le profil de sensibilité du virus.

Selon le Directeur général de la santé, Didier Houssine, des tests américains effectués in vitro avec plusieurs médicaments disponibles semblent efficaces pour limiter la multiplication du virus et donc la durée de la maladie à condition d'être administrés dès l'apparition des symptômes :

Les inhibiteurs de la Neuraminidase (zanamivir - Relenza ® - et oseltamivir - Tamiflu ®) sont efficaces en réduisant l'intensité et la durée des symptômes s'ils sont administrés dans les 48 heures après l'apparition des premiers symptômes. Ces médicaments possèdent également une action préventive vis-à-vis de l'infection de la grippe.

Existe-t-il un vaccin contre ce virus ?

La vaccination est dans tous les cas le meilleur moyen de se protéger contre une infection grippale. C'est vrai vis-à-vis de la grippe saisonnière et de la grippe aviaire  et ce sera vrai vis-à-vis de la grippe porcine. Toutefois il faut savoir que les vaccins  qui protègent vis à vis de la grippe saisonnière et la grippe aviaire ne protégeront  pas du virus de la grippe porcine qui aurait un potentiel pandémique et il faudrait à ce moment là élaborer un nouveau vaccin adapté au virus de la grippe porcine pandémique.

Alors cela suppose que l'on ait premièrement identifié le virus de la grippe porcine responsable de la pandémie (il ne sera pas nécessairement exactement identique au virus de la grippe aviaire qui circule à l'heure actuelle en Asie chez les volailles). A partir de ce virus pandémique, on élabore une souche vaccinale qu'il va ensuite falloir produire en masse de façon à pouvoir distribuer les doses vaccinales et bien évidemment tout ceci va prendre de nombreux mois.

 

C'est l'Organisation Mondiale de la Santé qui préparera et donnera la souche de référence aux industriels pour qu'ils puissent se lancer dans la fabrication d'un tel vaccin. Plusieurs semaines à plusieurs mois seront alors nécessaires avant la mise à disposition de ce vaccin.