Premiers Compagnons à faire l’Hégire vers Médine
23/04/2011| IslamWeb
Le tort infligé aux croyants à la Mecque s'aggrava à tel point que la vie dans cette ville était devint insupportable. A ce moment là, le Prophète –- permit aux musulmans d'émigrer vers Médine où ils se trouveraient à l'abri de certains des préjudices qu’ils subissaient et où ils pourraient accomplir plus librement leurs cultes religieux. Les croyants répondirent à l’appel d’Allah, Exalté soit-Il, et de Son Prophète, .
Il y avait parmi eux, ceux qui s’empressèrent d'obéir à l'ordre de l'immigration, Dans cet article nous donnerons un aperçu des premiers Compagnons ayant répondu à l'appel de l’Hégire :
Moussa Ibn 'Oqba et Ibn Is-haaq sont d'accord sur le fait qu’ Abou Salama Ibn Abdel Asad fut le premier croyant à émigrer de la Mecque à Médine après avoir subi le châtiment que lui a infligé Qourayche suite à son retour d'Al Habacha. Il s'était donc dirigé vers Médine un an avant le serment d'allégeance d 'Aqabah.
Mous'ab Ibn 'Omayr et Ibn Maktoum faisaient aussi partie des premiers émigrants et ils enseignaient aux gens le Coran.
Les Mohaahdjiroune, émigrants, affluèrent à Médine parmi lesquels Bilaal Ibn Rabaah, Sa'd Ibn Abou Waqaas, 'Amaar Ibn yasser puis 'Omar Ibn Al Khattaab avec une vingtaine de Compagnons, qu'Allah soit satisfait d’eux.
Les Qouraychites essayèrent par tous les moyens d'empêcher cette Hégire, en entravant le chemin des émigrants, tantôt en saisissant leur fortune et en leur interdisant de l’emporter avec eux, tantôt en empêchant leurs femmes et leurs enfants de les accompagner, ou encore en ayant recours à la tromperie pour les obliger à retourner à la Mecque.
Pourtant, toutes ces tentations s’avérèrent vaines et rien ne put empêcher le convoi de l'émigration, surtout que tous les immigrants étaient prêts à perdre leur fortune, leur famille voire leur vie pour répondre à l'appel du Prédicateur de la foi, .
La mère des croyants Oum Salamah, , a dit: « Quand Abou Salamah prit la décision de se rendre à Médine, il prit sa monture et me fit monter dessus; ensuite il plaça notre fils sur mes genoux, et il sortit en menant la monture.
Quand les hommes de la tribu de Moughirah Ibn Abdullah Ibn 'Amr Ibn Makhzoum le virent, ils lui dirent: « En ce qui te concerne nous n’avons pas d’autorité sur toi; mais cette femme est l'une des nôtres; nous n'allons pas la laisser vagabonder avec toi dans différentes contrées. » Elle dit: « Ils lui arrachèrent la bride de la main et m’éloignèrent ainsi de lui». Elle continua: « La tribu d'Abdul Assad à laquelle appartient Abou Salamah s'est mise en colère. Ils ont dit: "Non,par Allah, nous n'abandonnerons jamais notre fils avec elle alors que vous l'avez forcée à quitter son mari qui fait partie des nôtres » ; elle a dit: « ils ont commencé à tirer mon fils Salamah chacun de leur côté jusqu'à lui arracher la main, puis les enfants d’ Abdel Asaad l'ont emporté avec eux et les enfants de Al Moghirah m'ont enfermée chez eux. Pendant ce temps mon mari, Abou Salamah, prit la route de Médine. On me sépara donc de mon mari et de mon fils; je sortais chaque matin pour m'asseoir dans les environs d’ Al 'Abtah, où je pleurais jusqu'au soir ; ceci a duré un an à peu près, jusqu'à ce qu'un jour, l’un de mes cousins –un des enfants de Al Moghirah- passât où j'avais l'habitude de m'asseoir et constata l’état lamentable dans lequel je me trouvais. Il eut alors pitié de moi et se rendit auprès des enfants d'Al Moghirah en leur disant: « Ne devriez-vous pas laisser partir cette pauvre femme que vous avez séparée de son mari et de son fils »? Ils me dirent alors: « Va rejoindre ton mari si tu veux ». Elle dit: « A ce moment là, les enfants de Abdel Asad me rendirent mon fils. Je pris la monture, mis mon fils sur mes genoux puis je sortis à la recherche de mon mari toute seule. Je me dis: "Je demanderai de ses nouvelles à chaque personne que je rencontrerai jusqu'à ce que je le trouve" ».
Une fois arrivée à Tan'yim, j'ai rencontré 'Othmaan Ibn Talhah Ibn Abou Talhah, le frère des fils d'Abdul Daar, il me dit: « Où vas-tu fille de Abou Omayah? » Je répondis : « je suis à la recherche de mon mari qui est parti à à Médine ». Il me dit: « Qui t’accompagne? Je lui répondis: « personne à part Allah et mon fils ». Il dit: « Par Allah, je ne peux pas vous abandonner ! » Il saisit la bride du chameau et m’escorta; « Je jure par d'Allah, que je n'avais jamais rencontré un arabe plus noble ». A chaque fois que nous arrivions quelque part, il faisait s’agenouiller le chameau puis il s'éloignait pour me laisser le temps de descendre puis il attendait loin avec la monture, déposait nos bagages, l'attachait à un arbre, ensuite, il s'écartait et se reposait sous un autre arbre. Quand l'heure du départ approchait, il préparait ma monture avant la sienne puis il s'éloignait et me demandait de monter. Une fois sur la monture, il s'approchait pour tenir la bride et me guider jusqu'à ce que nous nous arrêtions de nouveau, et ainsi de suite jusqu'à notre arrivée à Médine.
Quand il aperçut le village des fils d’Amr Ibn 'Aouf dans la région de Qibaa' il dit: « Votre mari se trouve dans ce village –Abou Salamah y résidait- rentrez donc par la grâce d'Allah » me dit-il, puis il prit le chemin du retour à la Mecque.
Il dit qu'elle répétait: « Au nom d'Allah, je ne connais aucune famille musulmane ayant enduré autant de peine que la famille d'Abou Salamah. »
Et d'ajouter « Je n'ai jamais rencontré un compagnon de voyage plus noble que Othmaan Ibn Talhah.»
J'ai narré l'histoire tout entière car elle rapporte plusieurs types de difficultés que les immigrants ont dû affronter. Elle illustre aussi comment le tribalisme influença les décisions prises par les clans qouraychites face aux événements. Ainsi la famille d'Abou Salamah prit son parti bien qu'ils n'embrassassent pas la même religion que lui; par ailleurs l'histoire met en relief l’esprit chevaleresque de la société qouraychite aux temps préislamiques, incarné en l’occurence par 'Othmaan Ibn Talhah, et sa décision d'accompagner spontanément cette femme et de la traiter convenablement. Ceci montre la droiture de sa Fitra, nature innée, qui l'a incité finalement à se convertir à l'Islam après le traité de Hodayibya. Il est même possible que les premières lueurs de la la foi se soient manifestées en lui durant ce voyage avec cette femme musulmane.
Parmi les autres exemples manifestes, figure celui de l'immigration de 'Omar Ibn Al Khattab, qu'Allah soit satisfait de lui; voici la traduction intégrale de ses propos:
Lorsque nous décidâmes de nous rendre à Médine- moi, 'Abbaas Ibn Abou Rabi'ah et Hicham Ibn Al 'Aas Ibn Wa'el As-Sahmy- il était convenu que notre lieu de rencontre serait At Tanaadhob à proximité de l’endroit où vivait la tribu des fils de Ghafaar sur la montagne Sarf. Nous avions décidé que si l’un d'entre nous n'arrivait pas comme convenu au lieu de rencontre le matin, les autres devraient en conclure qu'il avait été enfermé et qu’ils devraient se lancer sur leurs traces sans délai. Il dit: « Le matin je rencontrai 'Ayaach Ibn Abou Rabi'ah à At Tanaadhob, mais Hicham ne put nous rejoindre ».
Quand nous sommes arrivés à Médine, nous nous sommes installés chez la tribu des fils d'Amr Ibn Al 'Aouf à Qibaa' ; Abou Djahl Ibn Hichaam, Al Haarith Ibn Hichaam sortirent à la rencontre de 'Ayaach Ibn Abou Rabi'ah –il était leur cousin et leur frère maternel à la fois- ils arrivèrent à Médine alors que le Prophète –Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam- était toujours à la Mecque- ils ont essayé de le persuader de renoncer à son projet d'émigration en lui disant: « Ta mère a juré qu'elle ne se teindrait plus les cheveux avant de te voir » Il eut donc pitié d'elle. Je lui dis: « O 'Ayaach, ces gens ne cherchent qu'à te persuader de renoncer à ta religion, alors prends garde. » Il dit: « Je vais respecter le serment de ma mère, et je vais récupérer l’argent que des gens me doivent »
Je dis: « Par Allah, vous savez que je suis l'un des plus riches de Qouraych, je vous donnerai la moitié de ma fortune si vous restez avec nous ». Mais il refusa mon offre et insista pour les accompagner.
A ce moment là, je dis: « Puisque vous avez fait ce choix, prenez ma chamelle, elle est intelligente et docile, restez sur son dos, et si vous sentez la moindre menace, prenez la fuite! » Il sortit donc avec eux en montant la chamelle.
Quand, ils eurent parcouru une bonne partie de la route, Abou Djahl lui dit: « Par Allah, mon frère, ma monture est rude, veux-tu bien me laisser ta chamelle un moment ? »
Il accepta, puis fit s’agenouiller sa monture pour en descendre ; ils descendirent de leurs montures, ils l’attaquèrent, le ligotèrent, puis l’amenèrent à la Mecque où ils le firent abdiquer sa religion de force.
Omar dit: nous disions: « Allah n'acceptera aucune aumône, aucune compensation, ni repentir des apostats; des gens qui ont connu Allah, Exalté soit-Il, , puis qui ont choisi de redevenir mécréants à cause des épreuves qu'ils ont subies ».
Il rajouta: « C’est ce qu’ils se disaient quand le Prophète –Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam- arriva à Médine, Allah, Exalté soit-Il, révéla des versets à leur sujet, au sujet de ce que nous disions et de ce qu’ils se disaient à eux-mêmes (sens du verset):
"Dis: «Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, leTrès Miséricordieux. Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui, avant que ne vous vienne le châtiment et vous ne recevez alors aucun secours. Et suivez la meilleure révélation qui vous est descendue de la part de votre Seigneur, avant que le châtiment ne vous vienne soudain, sans que vous ne [le] pressentiez";
(Coran 39/ 53-55)
'Omar Ibn Al Khattab dit: « Je le consignai dans des feuillets, et l’envoyai à Hicham Ibn Al 'Aas. Il poursuivit en rapportant les propos suivants de Hichaam : « quand je l'ai reçu, je l'ai lu à Thy Towa, j’y montais et descendais avec ce feuillet sans le comprendre.
Alors, j'ai dit en invoquant Allah, Exalté soit-Il: « Explique le moi »
Il dit: « Allah, Exalté soit-Il, m'a inspiré que ce verset avait été révélé par rapport à notre situation, à ce que nous nous disions à nous-mêmes et à ce qui était dit de nous ».
Il dit: « je revins à ma monture, la montai et je rejoins le Prophète –Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam.
Quant à ce qui a été narré sur la déclaration de l'émigration d 'Omar et ses menaces de tuer celui qui essaierait de le rejoindre pour l'empêcher d'immigrer, son authenticité n'a pas été prouvée.
Ainsi lespremiers immigrants sont arrivés à Médine, la ville de lumière, où ils trouvèrent la sécurité et le salut de même qu’une fraternité sincère de la part des 'Ansaars et ils purent accomplir leurs cultes religieux, grâce à Allah le Généreux.