Catastrophe de la journée d'Ar-Radjii‘
25/04/2011| IslamWeb
Certaines tribus voulaient se venger du Prophète, , mais d'une manière inhabituelle. C’est ainsi qu’elles eurent recours à la tromperie et à la trahison. Cela se manifesta clairement dans le cas de la tribu de Houdhayl qui fit de son mieux pour se venger des Musulmans. Elle envoya ‘Adhl et Al-Qaarrah, deux clans, au Prophète, , pour lui demander de leur désigner des prédicateurs de l'Islam qu'ils ramèneraient avec eux. Elle leur promit une bonne récompense s'ils parvenaient à réaliser l'objectif de cette mission, à savoir la tromperie et la trahison.
Une fois arrivés à Médine, les deux clans allèrent trouver le Prophète, , en lui disant : certains dans notre tribu ont embrassé l'Islam. Nous avons donc besoin de quelques-uns de vos compagnons pour nous enseigner la religion, et le Coran et nous expliquer les principes de la Charia. Alors, le Prophète, , répondit à leur demande et leur envoya dix Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, dont le chef était ‘Aassim ibn Thaabit Al-Ansaari, qu'Allah soit satisfait de lui.
Lorsqu'ils arrivèrent à Ar-Radjii‘, un endroit du Hidjaaz où la tribu de Hodhayl venait prendre de l’eau, environ 200 hommes parmi les meilleurs archers de Houdhayl, nommés les Banou Lihyaan, attaquèrent les Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux. A ce moment, ‘Aassim et ses compagnons montèrent sur une colline, mais les autres les assiégèrent et leur dirent : « si vous descendez en livrant vos armes, vous serez sains et saufs et personne d'entre vous ne sera tué. » Alors, ‘Aassim, le chef, dit : « En ce qui me concerne, je jure par Allah de ne pas descendre pour me placer sous la protection d’un mécréant. » Et il se mit à les combattre en disant : « Ô Allah, je me suis efforcé, dès le début de la journée de protéger Ta religion; une fois passée cette journée, je Te demande de préserver mon corps ». En effet, les Banou Houdhayl dépouillaient de leurs vêtements tous les Compagnons qui avaient été tués, qu’Allah soit satisfait d’eux. Il continua à les combattre jusqu'à ce qu'il soit tué par des flèches avec sept autres compagnons. Allah, Exalté soit-Il, exauça son invocation si bien que les mécréants ne parvinrent pas à s'emparer de son cadavre. En effet, Allah, Exalté soit-Il, envoya des guêpes pour protéger le cadavre de ‘Aassim de sorte que personne ne put lui porter préjudice.
Quant aux autres Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, à savoir Khobayb Al-Ansaari, Ibn Ad-Dathinah et un autre homme, ils descendirent, confiants en la parole des mécréants. Quand ils tombèrent entre leurs mains, les mécréants les trahirent et les ligotèrent. Puis ils tuèrent le troisième car il refusa de marcher avec eux après avoir été témoin de leur trahison et de leur perfidie. Ils ramenèrent Khobayb et Ibn Ad-Dathinah avec eux à la Mecque où ils les vendirent. La tribu des Banou Al-Haarith ibn ‘Aamir ibn Nawfal ibn ‘Abd-Manaaf achetèrent Khobayb et le firent prisonnier parce qu'il avait tué Al-Haarith ibn ‘Aamir lors de la bataille de Badr. On rapporte que Khobayb ne fit pas de mal à un enfant de la fille d'Al-Haarith alors qu'il avait la possibilité de lui nuire. La mère de l'enfant rendit hommage à Khobayb en disant : « Par Allah, je n'ai jamais connu de captif plus béni que Khobayb, je l’ai vu un jour manger du raisin alors qu'il était aux fers et qu’il n'y avait pas de fruits à la Mecque. » Selon elle, c'est Allah, Exalté soit-Il, qui lui fournissait de quoi manger.
Lorsqu'ils le firent sortir de la région Sacrée pour le tuer à l’extérieur de celle-ci, Khobayb leur demanda de lui permettre de faire une prière de deux Rak‘aats. Après la prière il leur dit : « Par Allah, si ce n’était que vous risquiez d’imaginer que j'ai peur de vous, j’aurais allongé la prière ». Puis il fit cette invocation : « Ô Allah, tue-les un par un et n’en laisse aucun en vie»
Ainsi, Khobayb fut le premier à accomplir deux Rak‘aats avant son exécution. Ce fait devint depuis une coutume pratiquée par tout Musulman en captivité au moment de son exécution. Cet événement a été rapporté dans le Sahiih de Boukhari.
Quant à l'autre Compagnon, Zayd ibn Ad-Dathinah, c'est Safwaan ibn Omayah qui l'acheta puis le tua parce que ce dernier avait tué son père, Omayah ibn Khalaf lors de la bataille de Badr. On rapporte que lorsque les mécréants firent sortir Zayd à At-Tan’iim en dehors du Haram pour le tuer, un groupe de Qoraychites s'adressèrent à Zayd, et parmi eux Abou Soufyaan qui lui demanda lorsqu’il arriva auprès de lui : « Je te conjure par Allah, ô Zayd, aimerais-tu que Mohammad soit à ta place et soit mis à mort et que tu sois sain et sauf chez toi? ».
Alors, l’autre répliqua : « Par Allah, je n'aimerais jamais que Mohammad, Salla Allahou Alaihi wa Salla, où qu'il soit, soit piqué par une épine alors que je suis chez moi ». A ce moment, Abou Soufyaan dit : « Je ne connais pas d'amour pour un être humain plus fort que celui des Compagnons de Mohammad pour Mohammad ».
Enfin, l'un des esclaves de Safwaan tua Zayd, qu'Allah soit satisfait de lui. Cet événement dramatique est connu sous le nom d'Ar-Radjii‘, en référence à l'endroit de l'incident, c'est-à-dire la fontaine d'Ar-Radjii‘.
Cet événement est certes douloureux, mais nous pouvons en tirer des leçons utiles:
La leçon la plus importante est qu'il faut prendre garde à la trahison et aux traîtres et ne pas avoir confiance en les paroles des mécréants. De plus, cela souligne l'importance de l’aptitude à endurer et son influence sur la vie du croyant, surtout dans les moments difficiles. En effet, elle est la voie qui mène au Paradis conformément à la parole d'Allah, Exalté soit-Il, (sens du verset) :
« Comptez-vous entrer au Paradis sans qu’Allah ne distingue parmi vous ceux qui luttent et qui sont endurants? ». (Coran 3/142).
Il faut savoir également qu'Allah, Exalté soit-Il, soutient Ses serviteurs, ce qui accroît le degré de leur foi et a un impact sur leurs ennemis. En effet, c'est la fin ultime des choses qui compte : celui qui est mort patient, aspirant à la rétribution d'Allah, aura une bonne récompense de la part d'Allah, Exalté soit-Il, qui dit (sens du verset) :
« Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants ». (Coran 3/155).
Parmi ces leçons, citons aussi le fait qu'Allah, Exalté soit-Il, soumet son serviteur croyant à l'épreuve de la façon dont Il le veut. Il répond également à l'invocation du Musulman et il l’honore de son vivant ou après sa mort. Le Musulman doit donc avoir recours à Allah, Exalté soit-Il, et en particulier, en cas de difficulté. Enfin, ce récit nous montre à quel point les croyants aimaient le Prophète, , et le protégeaient.