Les défis de l'identité (III)

30/10/2011| IslamWeb

En ce qui concerne les défis auxquels fait face l'identité, il faut dire qu’ils sont aussi nombreux que les raisons qui les sous-tendent. Ces défis peuvent être classés en deux catégories : la première comprend des défis externes et la seconde les défis internes.

1 – Les facteurs externes

A - Le monde d'aujourd'hui n’est plus qu’un village
 
Il est désormais clair et bien connu que le brassage et le croisement des races sont devenus une caractéristique de l'époque. S’il est vrai qu’en se mélangeant avec d'autres éléments, la matière perd beaucoup ou peu de son identité et de sa nature, il est également vrai que la préservation de l’identité religieuse rend celle-ci réfractaire à la dissolution. C’est également le cas pour les identités et les idées, dont le mélange et la cohabitation donnent lieu à des changements plus ou moins importants, en fonction de la matière et du degré de l’insolubilité de celle-ci au niveau des identités !
C’est aussi le cas des identités mixtes où les identités fragiles fondent alors que celles qui sont dures et solides survivent en résistant davantage à la dissolution.

Le monde d'aujourd'hui étant un village, il est remarquable que, déjà, nos ancêtres, soucieux de préserver l’identité de leurs enfants, semblent avoir pris cela en compte en évitant toute forme de brassage avec les autres races, allant même jusqu’à instituer des chapitres entiers de la jurisprudence pour prohiber le voyage en pays non musulmans et pour instaurer des dispositions particulièrement strictes pour cela. Ils étaient (qu’Allah leur accorde Sa miséricorde) très sensibles au danger que représente le brassage pour l'identité. C’était donc la solution privilégiée par nos prédécesseurs - l'interdiction de voyager à destination des pays non musulmans - en tant que cause et non en tant qu’objectif, c’était une cause et un moyen parmi d’autres. Quant à l’objectif, il s’agit de la préservation de l'identité. Par conséquent, celui qui ne fait pas de distinction entre ce qui est constant et ce qui est variable, ni entre la forme et le fond, fait partie de ceux qui s’accrochent aux méthodes utilisées par les prédécesseurs et, du coup, expose son identité au danger justement parce que certaines de ces méthodes ne sont plus adaptées, et ce, en raison de l’évolution phénoménale enregistrée depuis dans le domaine de la communication.
Quiconque se renferme sur lui-même risque de se réveiller un beau jour en constatant une intrusion dans son propre domicile de quelque chose susceptible de corrompre l'identité de ses enfants sans que ceux-ci n’aient voyagé et rencontré cet intrus. Ceci s'explique par une mondialisation qui amène les individus à être influencés par des idées et des cultures étrangères sans quitter leur maison.
 
B - Révolution de la communication

Si la mondialisation a facilité le brassage des peuples entre eux, force est de constater que, forts de la révolution formidable qu’ils ont connue, les moyens de communication ont bien contribué et renforcé ce brassage qui a eu lieu sans heurt et sans nécessité d’un contact direct. Et ce, parce que les peuples sont devenus si proches les uns des autres qu’on dirait qu’ils sont dans un seul lieu en face d'un seul écran d’où sont émises toutes les idées et d’où sont propagées toutes sortes de croyances.
 
2 – Les facteurs internes

 - Les réfractaires au changement
 
Parmi les facteurs internes qui menacent l'identité, il y a les personnes dont la mentalité est figée sur un mode ancien et qui sont réfractaires à tout ce qui est nouveauté et renouvellement. Une telle mentalité, même si elle donne l’impression de défendre l'identité, n’en constitue pas moins une grave menace pour elle ! Elle n’envisage pas l'identité sous l’angle de la finalité de la Charia, mais à partir d'une copie historique de celle-ci !
Parmi les armes les plus dangereuses qu’elle a utilisées pour priver la Oumma de tout bienfait, il y a l’interdiction tous azimut de tout et de n’importe quoi, la censure de tout effort et parfois même la stigmatisation des autres en les traitant de mécréants ! Pour les partisans de cette mentalité rigide, l'utilisation des moyens inventés par l'Occident est illicite, tout comme le dialogue avec lui ou le voyage à sa destination qu’ils considèrent parfois comme étant une hérésie voire un crime impardonnable ! Certains d'entre eux réprimandent même celui qui parle une autre langue que l'arabe, allant même jusqu’à mépriser les langues des autres peuples comme si elles étaient des impuretés interdites et non des créatures honorées par Allah qui dit : « Et parmi Ses signes, la création des cieux et de la terre et la variété de vos idiomes et de vos couleurs. Il y a en cela des preuves pour les savants » (Coran : 30/ 22).
Le mépris des langues et des couleurs équivaut au mépris des signes et des miracles d’Allah telle la création de la terre et des cieux.
 
S’adressant à une petite abyssinienne à laquelle il a fait cadeau d’un vêtement qu’on vient de lui donner, le Prophète (), avec le don de la maîtrise, de la précision et de la concision du verbe dont Allah l’a doté, lui dit : « Ô Umm Khâlid ! Que c’est senâ !». Or le mot «senâ», en langue d'Abyssinie, signifie ce qui est bon. Le Prophète () lui a parlée la langue d’Abyssinie où elle était émigrante avec sa famille avant de revenir. En agissant ainsi le Messager d’Allah ()cherchait à la consoler en lui parlant une langue qu’elle comprend. Il n’y a vu aucun mal ni pour sa langue arabe ni pour son identité malgré son jeune âge.
Le groupe figé qui prône le maintien rigide du statu quo et qui se méfie de tout ce qui est autour et en dehors de lui, qui vit recroquevillé sur lui-même loin de toutes les autres cultures, craint d'être étouffé et de voir son identité évaporée lorsqu’il perdra sa viabilité, les fondements de sa survie et les éléments de sa vie.

A l’opposé, il y a celui qui regarde les choses sous l’angle de la Charia tout en se rappelant le hadith : « Vous connaissez mieux que moi les affaires de votre bas monde ». Celui qui se place dans une telle perspective n’aura aucune difficulté à faire la distinction entre ce qui mérite d'être utilisé et ce qui ne le mérite pas ! Ainsi, il saura, par exemple, que la science est source de l'amélioration des conditions des créatures et, par conséquent, il s’emploiera à l’acquérir quitte même à rivaliser pour en obtenir le maximum ! Il ne risque pas d’être leurré par certaines inventions qui, quoique nouvelles et modernes, n’en sont pas moins nocives.

-Les partisans acharnés du changement

Si ce groupe figé constitue une menace pour l'identité et l’expose, par sa rigidité, à la disparition et à l’extinction il y a, à l’opposé, un autre groupe qui prône l’excès en matière de la négligence des constantes de l'identité et qui veut tout renouveler ! Il est tout à fait prêt à tout laisser évaporer pour ne garder, parmi les éléments et aspects de l'identité, que les noms seulement !

Alors que le premier groupe s’écarte et écarte les autres de tout ce qui est nouveau, celui-ci se détourne et détourne les autres de tout ce qui est ancien. Comme le dit l’un des maîtres du verbe de l’époque, Mustafa Sadîq al-Râfi'î : "Ces gens ont voulu tout renouvelé, y compris le soleil et la lune !"

 - Le chemin du juste milieu est le remède
 
Le meilleur remède consiste à se placer au juste milieu entre les deux extrémités. En effet, la protection de l'identité consiste à mieux asseoir tout ce qui est constant et à développer ou changer tout ce qui est susceptible d’être développé ou changé. Quant aux valeurs telles l'honnêteté, la chasteté et la responsabilité, elles ne doivent jamais être négligées, ni décriées ! C’est ainsi que l’on peut dire que la manipulation des embryons, le sabotage de l'humanité et sa menace par l'invention d'armes meurtrières et destructrices sont autant de moyens nouveaux certes, mais tout de même ennemis de l'humanité pour laquelle elles constituent une grave menace. En conséquence, loin d’être louables, ces moyens, quoique nouveaux et modernes, sont tout à fait condamnables !

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