Première caractéristique : la foi comme base.
C’est la plus importante caractéristique de l'économie islamique qui, si on l’en débarrasse, elle serait un fiasco. Il est intéressant de noter à cet égard que le mot «foi» est celui qui figure dans le Coran et la Sunna et non le mot «croyance», la raison en est que le mot «foi» renvoie à l’objectif sublime de la foi qui est la sécurité qui en constitue l’aspect sous-jacent comme le dit le Tout-Puissant : « Ceux qui ont cru et n'ont point troublé la pureté de leur foi par quelque iniquité (association), ceux-là ont la sécurité ; et ce sont eux les bien-guidés» (Coran 6/82). En conséquence, l'utilisation de ce mot à la place de «croyance» est meilleure et plus pertinente, car le mot «foi» est plus léger, plus doux et plus facile à prononcer au point d’exercer un attrait sur le fidèle. Son équivalent en arabe indique une certaine docilité, ce qui rejoint le sens originel du mot, car le Tout-Puissant ne nous réclame pas moins qu'une foi qui conduit à la soumission. D’ailleurs, le mot «foi» renvoie à une croyance qui va de pair avec la résignation.
Il en ressort donc que l'économie et la foi sont intimement liées comme l’indique le verset : « Si les habitants des cités avaient cru et avaient été pieux, Nous leur aurions certainement accordé des bénédictions du ciel et de la terre. » (Coran 7/96).
Dans ce verset il est clairement montré que la foi et la piété constituent la cheville ouvrière de l'essor de l'économie islamique et la cause essentielle de sa bénédiction ainsi que du bien-être. Et, comme le disent les économistes eux-mêmes, le but de l'économie est de faire prévaloir le bien-être dans la société.
Paraphrasant ce verset on dira : si vous voulez une économie saine, si vous voulez vivre dans la prospérité vous devez craindre Allah, exalté soit-Il, et avoir la foi.
***Comme en témoigne le hadith : « Rien n’augmente la durée de la vie que la bonté pieuse ; rien ne jugule le mal prédestiné que les invocations ; il arrive que l'homme soit privé d’une subsistance à cause d’un péché qu’il a commis » (Rapporté par Ibn Mâdjah). On y trouve une confirmation de la relation entre la foi et l'économie islamique.
*** Parmi les exemples dans ce domaine, à savoir l'impact de la piété sur l'économie, il y a le hadith suivant : « Quiconque vend une maison sans en utiliser le prix pour acheter une autre n'en aura pas de bénédiction » (rapporté par Diyâ` al-Maqdisî et Tayâlisî et al-Bayhaqî d’après Hudhayfa qu’Allah soit satisfait de lui).
Il est donc clair que cela n’a rien à voir avec les questions matérielles mais plutôt avec les questions de foi. Parmi les exemples illustrant ceci, il y a les histoires que l’on raconte au sujet de ceux qui viennent à la bourse avec le prix de leurs maisons vendues et qui ne tardèrent pas à tout perdre et à vivre dans la désolation. Cette dimension relève de la foi et des choses cachées et que seule l'économie islamique reconnaît contrairement à l’économie issue du monde de la mécréance, laquelle ne conçoit pas l'économie sur la base de la foi en Allah le Tout-Puissant. C’est pourquoi elle est une économie dénuée de toute bénédiction et qui a, de ce fait, rempli le monde de cupidités et de corruptions.
*** Parmi les exemples dans ce contexte, il y a le hadith : « La charité ne diminue guère les biens dont elle est soustraite ; par le pardon Allah élève l’homme en honneur ; qui s’humilie et se rabaisse par révérence pour le Tout-Puissant sera remarquablement honoré par Allah » (Rapporté par Mouslim d'après un hadith d'Abû Hurayra). Ce critère est spécifique à l'économie islamique. Ici le Prophète () montre que l'augmentation et la diminution de l'argent dépendent de la charité faite aux pauvres pour l’amour d’Allah et cela pour deux raisons :
a) Par la charité Allah repousse et éloigne du musulman les fléaux et les malheurs qui, n’était sa charité, auraient, à son insu, balayé tout ce qu’il possédait.
b) Allah rend le montant d'argent minime beaucoup plus bénéfique qu’une grande somme d'argent.
Deuxième caractéristique : une économie indépendante fondée sur la révélation
L'économie islamique est une économie indépendante fondée sur la révélation. Elle n’est pas le résultat d'idées fragmentaires venues de l'est ou de l’ouest, ni une économie qui a pour origine des êtres humains qui pourraient, à tort ou à raison, changer ou modifier leurs pensées.
L’une des plus importantes caractéristiques de l'Islam en général est qu’il se base uniquement sur la révélation, ce qui en fait un système indépendant et autonome ayant pour source la révélation divine.
En Islam, toutes les théories de l'économie et autres sont appréciées par rapport à la révélation de sorte que celles parmi elles qui sont en désaccord avec celle-ci sont rejetées. Le critère retenu est uniquement l'accord et la conformité avec la révélation, la réalité étant l’objet de la gouvernance et non sa source.
En revanche, en économie capitaliste par exemple, la norme est l’utilitarisme parce qu’elle prend source dans la réalité vécue basée sur l’intérêt utilitaire.
La raison en est que la laïcité est le récipient qui contient l’économie capitaliste qui est conçue sur le postulat selon lequel la réalité basée sur l’intérêt utilitaire est la source de la gouvernance.
Les trois bases de la laïcité sur lesquelles elle repose sont :
La matière, l’utilitarisme et le plaisir auxquels correspondent, chez nous, la foi en Allah le Tout-Puissant, en Son Prophète et le bonheur dans l'au-delà.
Comme le dit Cheikh al-Islâm ibn Taymiyya : « Les trois bases sur lesquelles les prophètes (Alayhim Salam) sont d’accord sont la foi en Allah, en ses prophètes et au Jugement Dernier ».
Par conséquent, il convient de souligner que certaines banques islamiques ont, tout à fait à leur insu, commencé à être influencées par le capitalisme. Ceci apparaît au travers de l’intérêt grandissant que celles-ci portent au profit au point d’en faire parfois une source de gouvernance sous le couvert d’astuces.
*** Parmi les exemples pertinents évoqués dans ce domaine, il y a le fait que l’idée des bénéfices de la banque islamique est fondée sur la spéculation. En effet, la banque pénètre dans le marché, crée des emplois, diversifie les marchandises, engage une compétition au niveau des prix, fait bouger l’économie, introduit des articles dans le marché et y injecte de la trésorerie pour redynamiser le cycle économique. En conséquence, elle prend l'argent du groupe et l'investit dans l'intérêt bien compris de celui-ci. Autant donc d’efforts qui nécessitent foi et patience pour réaliser le bien-être général de la société.
Ayant trouvé ce processus assez long pour l’attendre, certaines banques islamiques ont eu malheureusement recours à des astuces qui tout en les dispensant de fournir des efforts leur permettent en plus d'accélérer la réalisation de l’intérêt. C’est ainsi qu’on a développé le système de la Murâbaha qui a permis à certaines banques islamiques d’augmenter leurs bénéfices provenant de cette source qu’elles ont d’ailleurs trouvée plus facile et surtout plus rapide pour faire des bénéfices tout à fait garantis. En fait, elles ont conçu le système de vente par la Murâbaha de telle façon que la banque islamique devient elle-même un intermédiaire entre le vendeur ou le commerçant et le client. Il s’agit d’un système qui n'a besoin que de papiers, d’un bureau et d’un employé qui fait comprendre au client qu’il n’a qu’à signer une promesse d'achat. Ensuite, la banque islamique prend contact avec la société qui vend le produit et, par téléphone, dit au vendeur là-bas : « Nous avons acheté chez toi le produit tel et tu dois dire : ’j’ai vendu’ ». Alors le vendeur là-bas dira : « J’ai vendu ». Ensuite, le client signera le contrat de vente chez la banque islamique et lui payera comptant le prix du produit. La banque fait échelonner au client le versement des intérêts sans fournir, tout au long de ce processus, aucun effort à part une signature et un contact téléphonique. Et malheureusement on en trouve qui appellent cela une vente et une spéculation conformes à la Charia.
Si tu analyses cette opération, tu constateras que la banque islamique n’y a fait bénéficier qu’elle-même, qu’elle n'a rien apporté au marché et n'a joué aucun rôle dans l'économie générale de la société. Tout juste elle a fait porter au client des dettes avec des intérêts accrus.
Curieusement, c’est la même idée que celle de l’usurier qui dit : « Je ne veux pas travailler, je veux tout simplement m'asseoir et donner de l'argent et en prendre avec une augmentation. Je n’entends pas pénétrer dans le marché ni offrir des opportunités de travail ». Il s’agit donc d’un moyen facile pour gagner de l'argent sans se fatiguer, un moyen qui conduit uniquement à l'accumulation de l'argent entre les mains de l’usurier et à l'accumulation de la dette sur les dos des clients.
Telle qu’ils l’ont développée, la Murâbaha a pris maintenant sa forme définitive qui est pratiquement la même que celle utilisée par les banques usurières et avec des résultats qui sont les mêmes à savoir endetter la société et faire en sorte que la banque soit la créancière générale de tous les membres de cette société. Il n’y a de puissance et de force qu'en Allah.
Troisième caractéristique : la facilitation et la suppression de la contrainte
L'économie islamique est basée sur la maxime jurisprudentielle selon laquelle : « Les transactions sont, à priori, licites étant donné la règle juridique islamique qui dit que « la Charia est basée sur la facilitation et la suppression de la contrainte". Ainsi, tout ce qui n'a pas été interdit en vertu d’un texte révélé est autorisé. D’ailleurs, le Tout-Puissant dit : « Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion » (Coran 22/78).
Quatrième caractéristique : conjurer un mal ou pour apporter un profit
L'économie islamique n’interdit et n’autorise que pour conjurer un mal ou pour apporter un profit général ou particulier.