Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Pour ce qui est d’attester que les compagnons iront tous au paradis de façon générale, c’est ce qu’ont affirmé plus d’un savant comme nous l’avons dit dans la fatwa 267052.
Concernant ceux pour lesquels le Prophète () a spécifiquement attesté qu’ils seront châtiés comme celui qui a accaparé sans droit une partie du butin ou d’autres, ils sont exceptés par ce texte de la règle générale précédemment évoquée. Quant au hadith, les savants ont divergé pour déterminer si les deux personnes dans ces tombes étaient tous les deux mécréants, auquel cas, la problématique n’a pas lieu d’être, ou s’ils étaient musulmans. Et dans ce second cas ces deux personnes sont exceptés de la portée générale des textes cités dans la fatwa vers laquelle nous vous avons renvoyés.
Ibn Hajar a expliqué cette divergence. Nous reproduisons ici ses propos :
« Les savants ont divergé au sujet des deux défunts dans ces tombes. Certains ont affirmé qu’ils étaient mécréants. C’est le cas d’Abou Moussa Al-Madînî qui était catégorique sur cette question. Il fonde son avis sur le hadith rapporté par Jabir avec une chaine dans laquelle on retrouve Ibn Lahî’a : le Messager d’Allah () passa un jour devant deux tombes des hommes de la tribu des Bani Najjâr qui étaient décédés durant la Jâhiliyya. Il les entendait se faire châtier en raison de colportage des propos des gens pour semer la discorde entre eux pour l’un, tandis que l’autre ne se protégeait pas de son urine. Abou Mûssa a dit : même si la solidité de cette chaine n’est pas très avérée le sens reste néanmoins exact puisque s’ils avaient été musulmans l’intercession jusqu’à ce que les feuilles durcissent n’auraient eu aucun sens. Mais puisqu’il constata qu’ils se faisaient châtier, sa compassion et sa bienveillance ne lui ont pas permis de les priver de sa bienfaisance et il a donc intercéder en leur faveur jusqu’au délai mentionné.
En revanche, Ibn Al-‘Attâr a été catégorique sur le fait qu’ils étaient musulmans. C’est ce qu’il a affirmé dans son livre Sharh Al-‘Umdat. Il a dit : « Il n’est pas possible d’affirmer que ces deux hommes étaient mécréants puisque si c’était le cas il n’aurait pas invoqué Allah pour diminuer leur châtiment ni ne l’aurait espéré pour eux. Et si cela avait été une de leurs spécificités en tant que mécréant il l’aurait expliqué, comme ce fut le cas pour Abou Talib. »
Je dis (Ibn Hajar) : Ces derniers propos sont la réponse à cette question. L’explication demandé a été apportée. Aussi, il n’est pas obligatoire qu’une spécification soit énoncée par des termes clairs. Par contre, le hadith sur lequel Abou Mûssa s’est appuyé est faible comme il le reconnait lui-même. Ahmad a rapporté un hadith similaire correspondant aux conditions de Mouslim et dans lequel n’est pas mentionnée la raison pour laquelle ils sont châtiés. C’est donc une confusion de Ibn Lahî’a. Ce hadith est d’ailleurs conforme à celui de Jâbir que nous avons cité et que Mouslim a rapporté. L’éventualité que ces deux hommes soient mécréants est évidente. Quant au hadith que nous citons dans ce chapitre, il nous semble qu’au vu de l’ensemble de ses voies de transmission que ces deux hommes étaient musulmans. Dans la version de Ibn Mâjah il est dit : « Il est passé devant deux tombes qui venaient d’être creusées. » ce qui infirme la possibilité qu’elles dataient de la Jâhiliyya. Et dans le hadith de Abou Umâma qui figure dans le recueil de Ahmad : il est dit que le Messager d’Allah passa devant le cimetière d’Al-Baqî’. Et il demanda : « Qui avez-vous enterré aujourd’hui ici ? » Ce qui prouve bien que ces deux hommes étaient musulmans puisque Al-Baqî’ est le cimetière des musulmans et qu’il s’adressait aux musulmans. Et il est bien connu que selon les usages, chaque communauté s’occupe de l’enterrement des membres de sa confession. Ce qui confirme que ces deux défunts étaient musulmans, la version de ce hadith de Abou Bakra que l’on retrouve dans les recueils de Ahmad et Al-Tabrânî avec une chaine de transmission authentique : « Ils subissent tous deux un châtiment pour des péchés qui peuvent paraître insignifiants, mais qui sont en réalité d’une extrême gravité. Ils ne sont châtiés uniquement parce que l’un d’eux colportait les propos des gens pour semer la discorde entre eux, tandis que l’autre ne se protégeait pas de son urine. » Or, le fait de restreindre la raison de leur châtiment à ces deux péchés infirment qu’ils puissent être mécréants puisque le mécréant, bien qu’il puisse être châtié pour avoir délaissé les règles de l’Islam, il l’est aussi en plus de cela en raison de sa mécréance. Et ce point n’est l’objet d’aucune divergence. » Fin de citation.
Le fait que ces deux hommes étaient musulmans est clair. C’est donc une exception à la portée générale des preuves sur cette question, comme vous le savez.
Et Allah sait mieux.