Est-il permis à quelqu’un de se proclamer chrétien pour obtenir de l’argent bien qu’il soit musulman au fond de lui ?
25-5-2014 | IslamWeb
Question:
Un musulman vit aux Etats-Unis ou dans un État occidental. Vu les difficultés qu’il rencontre et le fait qu’il doit entretenir sa famille qui vit dans son pays natal, il a trouvé une solution susceptible de l’aider à résoudre ses problèmes : il doit annoncer sa conversion au Christianisme et se rendre à l’église pour obtenir ainsi la nationalité du pays où il vit. Ainsi, ses problèmes seront résolus et il demeurera toujours musulman, mais en secret, jusqu’à ce qu’il parvienne à son objectif, puis manifestera à nouveau son Islam. Je vous serais reconnaissant de me répondre.
Réponse:
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses compagnons :
Celui qui manifeste l’incroyance en se convertissant au christianisme et en abandonnant l’Islam, devient ainsi incroyant si les conditions pour le déclarer comme tel sont réunies comme la puberté, être sain d’esprit et le libre choix, et qu’il n’y a aucun obstacle qui empêcherait de le déclarer incroyant comme l’ignorance, la folie, la contrainte, ou autre chose semblable. Telle est la sentence même s’il ne veut pas l’incroyance au fond de lui. La recherche de gains matériels n’autorise pas l’incroyance. En effet, l’incroyance a généralement pour but d’acquérir un gain matériel ou des honneurs, comme c’est le cas de celui qui prétend la prophétie pour obtenir le pouvoir ou la renommée. Ainsi, celui qui annonce ou fait un acte d’incroyance volontairement et de son plein gré, devient incroyant, même s’il n’avait pas l’intention de le devenir.
Ibn Noudjaym a dit : «A l’unanimité des oulémas, celui qui prononce une parole d’incroyance pour plaisanter ou jouer devient incroyant, sans que l’on ne tienne compte de ses convictions ».
Sachez que la contrainte est le seul cas qui autorise de prononcer une parole d’incroyance. D’après ibn Taymiyya : «Celui qui devient incroyant sans y être contraint ou prononce volontairement une parole d’incroyance a ouvert délibérément son cœur à la mécréance. Allah, le Très Haut, dit (sens du verset) : ‘Ainsi que ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à la mécréance’ (Coran 16/106), c’est-à-dire : par leur préférence de ce bas monde à l’au-delà. Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Salam) a également dit : ‘il se pourra que l’homme soit croyant le matin, avant de devenir incroyant le soir et qu’il soit croyant le soir, avant de devenir incroyant le matin, vendant sa religion pour un profit séculier’»
De même, Abou Mohammed ibn Hazm a dit : « La contrainte est l’exception au fait que la personne qui manifeste l’incroyance devienne mécréante, par la facilité accordée par Allah elle reste ainsi croyante. Par contre, la personne qui manifeste de l’incroyance – à l’exception de celui qui lit une déclaration d’incroyance, qui la cite en témoignant contre celui qui l’a prononcée, qui l’a rapportée à un autre ou qui a été contraint – est déclaré obligatoirement incroyant à l’unanimité des savants, est jugée comme telle, car celui qui prononce une parole d’incroyance est mécréant ».
Partant, il incombe à cet homme de se détourner de ces pensées diaboliques et de chercher à gagner sa vie par les moyens qu’Allah lui a rendus licites. Allah, le Très Haut, dit (sens des versets) : «Voilà une exhortation pour qui croit en Allah et au Jour Dernier. À quiconque Le craint, Allah prévoit une (honorable) voie de sortie, et lui dispensera (des biens) d’une manière à laquelle il ne s’attendait pas.» (Coran 65/2-3)
De même, d’après Abou Omâmah, le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Salam) a dit :
« Le Saint Esprit m’a inspiré que nulle âme ne mourra avant que ne soit épuisée sa subsistance et que n'arrive son terme. Craignez donc Allah et recherchez votre subsistance avec douceur et modération. Si votre subsistance tarde à venir, que cela ne vous pousse pas à chercher à l'obtenir en désobéissant à Allah, car ce qui est auprès d'Allah ne s'obtient qu'en Lui obéissant » [Al-Tabarâni, (Al-Albâni : sahih)]