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Accomplir le pèlerinage à plusieurs reprises

 Accomplir le pèlerinage à plusieurs reprises

Accomplir le pèlerinage à plusieurs reprises

De nombreux fidèles se préparent ces jours-ci à voyager en direction des lieux saints pour accomplir le pèlerinage à la maison sacrée, notamment les habitants du golfe et plus particulièrement les Saoudiens.

Le pèlerinage imposé par l’islam est une obligation qui incombe à tout fidèle en mesure de le faire et qui réunit les conditions requises. Ce point est l’objet du consensus des savants. C’est même un des cinq piliers sur lesquels repose l’islam, à l’unanimité. Nier le caractère obligatoire du Hajj est une mécréance selon le consensus des savants.

Aussi, il est une bonne chose d’accomplir des actes de culte surérogatoire : « Que celui qui accomplit volontairement une bonne œuvre sache qu’Allah est Très Reconnaissant et Omniscient. » (Coran 2/158). Certaines de ces œuvres volontaires concernent le fidèle lui-même. C’est le cas de la prière, du jeûne. Le bénéfice de telles œuvres revient au fidèle et non à autrui. Et dans la plupart des cas, les autres fidèles ne subissent aucun tort de ces œuvres ni n’en profitent de façon directe. Et il est dautres œuvres qui profitent aux gens. Le bien qui en émane s’étend à d’autres fidèles. C’est le cas des aumônes et des actes de bonté. Plus le fidèle en fait, plus il a de mérite et plus cela profite aux gens.

C’est pour cela que l’adage dit : ‘’ Il n’y a pas d’excès dans les bonnes actions.’’ Même si cette formule n’est pas vraie dans tous les cas. En effet, le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a intimé l’ordre à Sa’d ibn Abi Waqqâs, lorsque celui-ci voulait léguer la totalité de ses biens avant sa mort, d’en garder une partie, ce qui serait meilleur pour lui. Cela est rapporté par Boukhari et Mouslim.

Dans les recueils de Boukhari et Mouslim, est relaté le récit des trois compagnons qui n’ont pas participé à la bataille de Tabûk. Lorsque l’acceptation du repentir de Ka’b ibn Malik fut révélée, ce dernier dit : « Messager d’Allah ! Signe de mon repentir, je ne dirais que la vérité et je me sépare de tous mes biens que j’offre à Allah et Son Messager. » Le Messager d’Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) lui dit : « Il est préférable pour toi de garder une partie de tes biens. »

Reste une troisième catégorie d’actes de culte surérogatoire qui n’est pas en lien uniquement avec le fidèle, mais aussi avec le reste de la communauté. Et ceci en raison de la foule de fidèles qui peut se retrouver en un même endroit ou autre.

Le Hajj et la Omra font partie des actes de cette catégorie. Les lieux où doivent se dérouler les rites sont dans un périmètre limité, durant un temps défini qui ne peut ni être avancé ni reculé.

Chacun sait que si une infime partie des musulmans qui n’ont pas accompli le Hajj devaient le faire – supposons qu’il s’agit de 1% des musulmans – il y aurait alors 12 millions de pèlerins qui stationneraient sur le mont ’Arafat. Le lieu ne pourrait tous les contenir et nombreux sont ceux qui ne pourraient accomplir le pèlerinage. Et nécessairement, ils se causeraient du tort les uns aux autres.

C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, seul 0,1% des gens font le Hajj (soit 1 pour mille). Ce qui signifie qu’une population comme celle de l’Indonésie aurait besoin de 1.000 ans pour le faire. Et bien évidemment, cela est une supposition purement théorique !!

Ajoutons à cela qu’une telle situation amènerait chaque année les gens à subir une foule immense, ce qui ôterait à cet acte obligatoire sa spiritualité et sa sacralité. Cela le transformerait en un espace de vacarme, de désordre, de polémique. La même scène se répéterait et on verrait des centaines de pèlerins mourir sous les pieds de leurs frères alors qu’ils sont tous en train d’accomplir une des obligations divines.

Quelle tristesse !!

En supposant que c’est la foi du fidèle qui est toujours la motivation première pour se rendre au pèlerinage. Comment peut-il échapper au fidèle qui réside à proximité des lieux saints que s’y rendre chaque année pour le Hajj ou même une année sur deux engendre des conséquences certaines sur ses frères musulmans qui viennent de très loin pour accomplir leur pèlerinage obligatoire – et non pas pour y faire un Hajj surérogatoire – dont des vieux, des femmes et des personnes faibles et malades. Alors que de son côté, il ne se soucie nullement de leur cas et de ce qu’ils endurent. L’important pour lui est de continuer à faire son Hajj chaque année comme il en a l’habitude ?!

Et pour y arriver, il se peut qu’il falsifie une autorisation pour se rendre sur les lieux saints, mentir, voire emprunter de l’argent, ou laisser sa famille alors qu’ils ont besoin de lui. Et il se peut même que le Hajj soit pour lui une occasion de s’évader, passer du bon temps en compagnie de ses amis qu’il a l’habitude de fréquenter.

Et si les autorités en charge de l’organisation du pèlerinage n’autorisent pas à le faire chaque année, mais une fois tous les cinq ans, il faut savoir que cette décision s’appuie sur une Fatwa du comité des grands savants du royaume d’Arabie Saoudite. Ceci, dans le but de veiller à la bonne organisation des rites et permettre à tous ceux qui doivent le faire de s’y rendre. Il a d’ailleurs été rapporté un hadith – dont la chaine de narrateur n’est pas sans critique – selon Abu Said Al-Khudri, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit : « Allah a dit : ‘’ un fidèle auquel j’ai accordé la santé et de larges subsistances et qui ne vient pas faire un pèlerinage au bout de cinq ans est un fidèle qui a été privé d’un grand bien.’’ » Rapporté par Al-Tabrânî, Abu Ya’la, Al-Bayhaqî et Ibn Hibbân, et plus d’un savant l’a jugé faible.

Et si la santé et l’argent auquel on peut inclure la sécurité sur la route du Hajj, sont des éléments à prendre en compte et ne concernent que le fidèle, cela inclut forcément aussi la prise en compte des droits d’autrui, leurs besoins et leurs intérêts, et notamment les familles qu’ils ont à charge et ceux qui ont des droits sur lui, et notamment ses frères musulmans qui ont le même objectif que lui et veulent faire le Hajj comme lui.

Malgré cela, bien des gens répètent en boucle : qu’est-ce que cela peut bien faire si je fais le Hajj alors que je ne suis qu’une seule personne ?! Qu’est-ce que les gens gagnent si je n’y vais pas ?!

C’est là une façon de raisonner bien étrange. Cela indique que le sentiment d’égoïsme est bien ancré et une absence de responsabilité ! Et si chaque personne qui lit ces lignes prenait l’engagement de faire l’aumône de la valeur d’un Hajj surérogatoire pour ses frères musulmans et de faire l’aumône également du lieu qu’il occuperait s’il se rendait au Hajj à Mina, ‘Arafat, Muzdalifa, ou autour de la Ka’ba, ou vers les stèles, dans les rues et les transports, il nous serait effectivement possible de diminuer les foules et les encombrements et éviter que les musulmans fassent les frais de troubles conduisant certains à mourir sur les lieux des rites.

Il est plus méritoire de faire aumône de la valeur du Hajj en ces temps où les gens en ont vraiment besoin notamment dans les situations où les musulmans sont touchés par différentes catastrophes comme les séismes, les famines ou les guerres qui ne s’arrêtent pas depuis des dizaines d’années.

Dans son livre Al-Furû’, Ibn Muflih rapporte que l’imam Ahmad a été interrogé ainsi : « Dois-je faire un Hajj surérogatoire ou plutôt entretenir les liens de parenté avec mes proches ? Il dit : S’ils en ont besoin, je préfère que tu entretiennes ces liens avec eux. »

En réponse à cette même question, Ibn Hâni rapporte que l’imam Ahmad a dit : « Il devrait faire en sorte que cet argent termine dans des ventres qui ont faim. »

Dans le livre Al-Zuhd, de l’imam Ahmad, selon Al-Hasan : « Dois-je faire un Hajj alors que j’en ai déjà fait un ! … Entretiens plutôt les liens de parenté, fais aumône à un homme dans le besoin, sois bienfaisant avec ton voisin. »

Dans le livre Sifat Al-Safwa d’Ibn Al-Jawzî, il est dit : « L’aumône est meilleure que le Hajj et le Djihad. »

Selon Wakî’, selon Safian, selon Abu Miskîn : « Les compagnons considéraient que si le fidèle avait déjà fait son Hajj, qu’il était mieux pour lui de donner de l’argent en aumône. » Cet avis est aussi celui de l’imam Al-Nakha’î.

Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya a dit : « Faire le Hajj comme cela est requis est meilleur que donner une aumône non obligatoire. Mais si le fidèle a des proches dans le besoin, alors leur donner l’aumône est meilleur. De même s’il y a des gens qui sont dans un besoin impérieux de recevoir une aumône. » Fin de citation.

Aussi, dans ces situations où les pèlerins font face à diverses problématiques au cours des rites en raison de l’ignorance, des encombrements, de la mauvaise organisation et autre, ce que nous venons de dire est encore plus opportun.

Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit : « Ô, Omar, tu es un homme fort, n’encombre pas les gens devant la pierre noire, tu pourrais causer du tort au faible. Si tu vois que le chemin est libre, tu peux y aller et la toucher. Sinon, mets-toi face à elle et dis Lâ Ilâha Illa Allah et Allah Akbar. » Rapporté par Ahmad, Shâfi’i et Al-Bayhaqî dans Al-Kubrâ.

Selon Ibn Abbâs : « Si tu vois qu’il y a des encombrements au niveau de l’angle de la Ka’ba, poursuis ton chemin et ne t’arrête pas. »

Selon Manbûdh ibn Abi Sulaymân, selon sa mère qui se trouvait auprès de Aisha, la mère des croyants – qu’Allah soit satisfait d’elle – une de ses servantes est alors entrée lui dit : « J’ai fait les sept tours, j’ai touché le coin yéménite deux ou trois fois. » et Aisha lui dit : « Qu’Allah ne t’accorde pas la récompense, qu’Allah ne t’accorde pas la récompense, tu te mêles aux hommes en les poussant devant la Ka’ba ! Tu pouvais dire Allah Akbar de loin et suivre ton chemin ! »

Selon Aisha la fille de Sa’d ibn Abi Waqqâs : « Mon père nous disait : si vous voyez qu’il y a de l’espace pour aller toucher la pierre noire alors, allez-y, mais sinon dites de là où vous êtes Allah Akbar et poursuivez votre tour. »

Dans son Musannaf, Abd Al-Razzâq rapporte de ‘Atâ, selon Ibn Abbâs : « Il répugnait à devoir pousser les gens devant la pierre noire. Cela menait à causer du tort à un musulman ou à ce que lui t’en cause. »

Said ibn Ubay Al-Tâ’î a dit : “J’ai vu Al-Hasan arrive vers la pierre noire, mais constatant qu’il y avait du monde devant elle, il n’est pas allé la toucher. Il a fait des invocations de là où il était puis est allé se positionner au niveau du Maqâm Ibrahim où il fit deux unités de prières. »

Cette attitude ne concerne pas uniquement les cas d’encombrement au niveau de la pierre noire ou de l’angle de la Ka’ba. C’est plutôt une règle générale indiquant que dans toutes les situations impliquant de la gêne aux gens ou des difficultés, le fidèle doit les éviter.

Bien évidemment, il y a des cas où il est préférable au fidèle de faire un Hajj surérogatoire plutôt que d’y renoncer. Cela peut même être une obligation pour ce fidèle pour une raison autre que l’obligation religieuse initiale. C’est le cas du fidèle qui se rend au Hajj pour accompagner son épouse ou une proche de sa famille à titre de Mahram, pour accompagner son père qui est âgé, ou d’un fidèle en charge d’une responsabilité en lien avec les intérêts des pèlerins, que ces intérêts soient d’ordre religieux ou mondain. Néanmoins, la plupart de ceux qui sont résolus à se rendre au Hajj à plusieurs reprises ne font pas partie de ces catégories.

J’ai bon espoir que les différents Cheikhs et hommes de mérite, les prédicateurs et les Muftis et même les grands savants, et je vise ici particulièrement le grand Mufti du Royaume d’Arabie Saoudite, de prendre en main ce sujet et de lui accorder une attention toute particulière. D’adresser des appels forts et à plusieurs reprises en direction des hommes vertueux de ce pays afin qu’ils cèdent leurs places à leurs frères pour leur bien et fassent aumône de la valeur du Hajj, surtout qu’une Fatwa que nous avons déjà citée a été éditée par le comité des grands savants.

Ton seigneur inscrira à leur actif la récompense de leurs bonnes intentions et de leurs nobles objectifs. Qu’ils donnent la préférence à leurs frères qui n’ont pas encore pu accomplir leur pèlerinage obligatoire. Qu’ils ne se rendent pas coupables en se rendant à un Hajj surérogatoire, même de façon indirecte, de lourds péchés en empêchant leurs frères d’accomplir leur pèlerinage obligatoire, ou d’encombrer les lieux des rites provoquant ainsi des encombrements meurtriers. Qu’ils prennent en compte les finalités suprêmes de la religion pour lesquelles ces actes de culte ont été institués. Il se peut qu’un fidèle fasse un acte de culte surérogatoire et se rende coupable, ce faisant, d’un méfait bien plus grand.

S’isoler des problèmes que les gens rencontrent et de leurs soucis ne fait en rien partie de la fraternité de la foi. Ces musulmans que tu pousses des coudes lors des rites, que ce soit devant la pierre noire, autour de la Ka’ba, entre les monts de Safa et Marwa et les stèles, sont les mêmes que tu vois à la télé et qui ont faim, en difficulté, oppressés par les mécréants, et pour lesquels tu ressens tant de douleurs.

Le plus grand problème, le plus important, n’est pas que les fidèles qui en ont la capacité fassent le Hajj à plusieurs reprises, j’entends ici ceux dont la présence apporte un intérêt de par leur savoir le bien qu’ils font aux gens. Je veux parler ici de ceux qui se jettent dans les foules, se tiennent sur les routes et obstruent les voies d’accès provoquant parfois la mort de certains pèlerins.

Qu’Allah accepte nos aumônes et les vôtres et qu’il nous pardonne ainsi qu’à vous.

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