Si Allah t’afflige d’un mal, nul autre que Lui ne saura t’en délivrer
Après que les polythéistes aient tenté d’effrayer le Prophète () et s’étaient résolus à lui faire du mal et lui causer du tort, le Seigneur s’est adressé à lui pour le raffermir et désespérer ses ennemis de pouvoir arriver à leurs fins et lui causer le moindre préjudice ou un méfait quelconque. Il, exalté soit-Il, dit :
« Si Allah t’afflige d’un mal, nul autre que Lui ne saura t’en délivrer, et s’Il te dispense quelque bienfait, nul ne saura t’en priver, car Il a pouvoir sur toute chose. » (Coran 6/17).
Ce verset est une clé qui ouvre la voie à un grand principe : tout est entre les Mains d’Allah. Et nous allons nous arrêter sur quelques enseignements de ce verset :
Le premier enseignement : le sens apparent du verset est un discours tenu au Prophète () pour le raffermir afin qu’il transmette son message, confirme son statut d’allié d’Allah, sollicite l’aide d’Allah Seul. Et il n’est pas improbable que ce discours s’adresse également à tous les fidèles et à tous ceux qui seraient légitimes pour recevoir un tel discours. Ce verset expose aussi que tous les gens sont sous l’autorité d’Allah. Tout ce qui leur arrive de bien ne l’est que par Son décret et Sa volonté. Et tout ce qui leur arrive de mal également. C’est lui qui dissipe le mal s’Il le veut après que les hommes aient mis en œuvre les moyens pour ce faire. En effet, les moyens ne produisent pas leurs effets d’eux-mêmes. Il faut qu’en plus des moyens, il y ait la volonté d’Allah qu’ils produisent leurs effets et que le fidèle s’en remette à son Seigneur. C’est pour cela qu’Allah intime l’ordre au fidèle de placer sa confiance en Allah après avoir mis en œuvre les moyens de réaliser ce qu’il veut. Ceci parce que les causes ne produisent leurs effets que si le fidèle remet son affaire à Allah. De même que dormir et faire semblant de s’en remettre à Allah ne sont d’aucune utilité. Dans ce cas, le fidèle fait semblant de placer sa confiance en Allah mais ne s’en remet pas véritablement à Lui.
Le deuxième enseignement : en arabe, le terme ‘’Mass’’ employé dans le verset est différent du terme ‘’Lams’’. Ils peuvent tous les deux signifier ‘’toucher’’ mais le sens du terme ‘’Mass’’ (traduit par le verbe affliger) s’emploie plus particulièrement dans les contextes suivants : le mal, l’orgueil, le châtiment, la fatigue, le méfait, la nuisance, et le bien. Ces emplois figurent dans diverses occurrences du Coran, notamment dans ce verset :
« Impatient, dans l’adversité, avare, dans la prospérité. » (Coran 70/20-21).
L’adversité signifie ici tout ce qui touche l’homme dans sa personne, son corps, son honneur, son argent et autres affaires de sa vie.
Al-Râzî a dit : « Le mal (Al-Durr) est un mot qui renseigne sur la notion de douleur, de tristesse, de peur et de ce qui y mène ou mène à l’un d’eux. Le mot ‘’utilité’’ Al-Naf’, donne une indication sur la notion de plaisir et de joie et de ce qui y mène. Le Bien, Al-Khayr, est un mot commun à ce qui permet de repousser un mal et obtenir un bien. »
Al-Râghib Al-Asfahânî a dit : « Le bien est ce à quoi tout le monde aspire, comme la sagesse par exemple, la justice, le mérite, ce qui est utile, c’est le contraire du mal. »
Nous disons : le bien est tout ce qui comporte une utilité ou un intérêt présent ou futur. Il arrive que des choses soient nuisibles et détestées mais dont les impacts et la finalité aboutissent à un bien. Le mal est ce qui ne comporte ni intérêt ni utilité ou ce dont la nuisance est bien plus importante que l’utilité. Le mal ne peut être attribué à Allah, mais c’est un fait par lequel il éprouve les gens et les teste.
Le troisième enseignement : Al-Râzî a dit : « Ce verset est une preuve qu’il n’est pas permis au fidèle de prendre qui que ce soit comme allié en dehors d’Allah. Il apparait de ce verset et de ses semblables que tout ce que le fidèle a besoin en ce monde et dans l’autre, que ce soit dissiper un mal ou éloigner un châtiment, obtenir un bien ou une récompense, tout doit être demandé uniquement à Allah. La demande adressée à Allah est de deux types :
-1 : une demande en raison d’un acte accompli conformément aux moyens à mettre en œuvre telle que le veut la loi de cause à effet qu’il a institué dans sa création.
-2 : la demande adressée en se dirigeant vers Allah et en formulant des invocations, deux actes que la religion nous recommande d’accomplir à travers les versets du Coran et les règles de la religion. »
Ce verset réfute l’ambiguïté de ceux qui invoquent autre qu’Allah parce qu’ils considèrent qu’ils en tirent profit et qu’en leur demandant secours, leurs malades sont guéris, leurs ennemis sont terrassés, le mal qui les touche est dissipé et ils obtiennent du bien. Alors qu’en réalité, personne n’est véritablement en mesure de dissiper le mal si ce n’est Allah. Et personne n’est en mesure de procurer du bien si ce n’est Allah.
Le quatrième enseignement : parmi les subtilités de l’éloquence du miracle coranique, la recherche des réalités par les expressions les plus concises qui englobent le plus la beauté de la langue, même si, de premier abord, il semble que cela soit le contraire. C’est le cas dans ce verset où les termes de mal et de bienfait et de bien et de mal sont opposés. Il faut savoir que la nuisance qui est attribuée à Allah n’est pas véritablement un mal. Au contraire, c’est une éducation et un test pour Ses serviteurs. En tirent profit ceux qui en sont dignes en matière de comportement, de bienséance, d’expérience. Le verset cite d’abord la nuisance puisque dissiper la nuisance passe avant le fait d’obtenir ce qui lui est opposée.
Il a ensuite cité le bien par opposition à la nuisance sans parler d’utilité. Ce qui nous apprend que les bienfaits qui sont utiles aux gens ne le sont véritablement que si l’utilité en question est un bien pour eux sans qu’aucun mal n’en découle. C’est comme s’il disait : si une nuisance vous touche comme une maladie, un besoin, une tristesse, une humiliation qu’implique la loi divine sur terre, alors il n’y a personne qui peut la dissiper, la faire disparaitre et l’éloigner si ce n’est Allah, à l’exclusion de tout allié que les hommes peuvent prendre en dehors de Lui et vers lesquels se dirigent les polythéistes pour ce faire. Allah est le Seul qui peut dissiper cette nuisance : soit en te permettant de mettre en œuvre les moyens pour la faire disparaitre, soit sans que tu ne fasses quoi que ce soit ni que tu n’agisse. Et la compassion subtile du Seigneur n’a pas de limite. D’un autre côté, s’il te touche par un bienfait comme la santé, la richesse, la force, le statut, alors il est capable de te le préserver tout comme il est capable de te le donner puisqu’Il a pouvoir sur toute chose. Quant à ceux qui prennent des alliés en dehors d’Allah, ils n’ont pas la capacité de retenir le moindre bien ou mal qui te touche.
Le cinquième enseignement : l’expression coranique dit que le fidèle est ‘’touché’’ par un bien ou un mal, même infime. Et on ne peut pas dire que si une nuisance qui nous touche est minime alors l’homme est capable de la dissiper. Personne n’est capable d’ôter le mal qui le touche qu’il soit grand ou petit, si ce n’est avec la permission d’Allah. Il en est de même pour le bien. Un homme ne peut obtenir tout le bien sur terre. Il peut seulement être touché par quelque bien. Le bien dans son ensemble lui est réservé dans l’au-delà. Et aussi haut l’homme peut s’élever en matière d’invention et de progrès, il ne pourra atteindre tout le bien qu’il y a dans l’au-delà. Le bien qu’il y a en ce monde nécessite des efforts pour être apporté à l’homme et mis à sa disposition. Alors que le bien de l’au-delà est fonction de qui le lui met à disposition, c’est Allah l’immense.
Le sixième enseignement : Allah a mentionné que le bien et le mal peuvent toucher un homme. Mais il a distingué ces deux faits de deux points de vue : le premier : il a d’abord mentionné que le mal peut toucher l’homme puis il a mentionné que le bien peut aussi le toucher. Il veut faire comprendre que toutes les nuisances qui atteignent un homme sont forcément suivies par un bien et le salut de cette nuisance. Le deuxième : en parlant du mal il dit : ‘’ nul autre que Lui ne saura t’en délivrer ‘’ alors qu’en mentionnant le bien il a dit : ‘’ car Il a pouvoir sur toute chose ‘’ Ceci montre que la volonté d’Allah de faire du bien à Ses serviteurs priment sur Sa volonté que ne les touchent des nuisances. Comme il est dit dans le hadith Qudusi: « Ma miséricorde l’emporte sur Ma colère. » Rapporté par Boukhari et Mouslim. Ce qui démontre la force de l’aspect de la miséricorde envers ses serviteurs.
Le septième enseignement : Le grand savant Ibn ‘Asâkir rapporte dans son livre Târîkh Dimashq, selon Anas (qu’Allah soit satisfait de lui) que le Prophète () a dit : « Faites le bien tout au long de votre vie et mettez-vous en quête des dons de la miséricorde d’Allah. Allah fait des dons de Sa miséricorde, il en touche qui Il veut parmi Ses serviteurs. Demandez-Lui de dissimulez vos fautes et de vous rassurer de vos craintes. » Jugé authentique par Al-Albânî dans Al-Sahiha.
Le huitième enseignement : Les exégètes ont dit que ce verset indique au musulman qu’il devrait dire aux mécréant ce qu’Allah lui a ordonné dans ces circonstances en s’en remettant à Allah et en plaçant sa confiance en Lui, que le bien et le mal sont entre Ses Mains uniquement. Dans le recueil de Boukhari, il est rapporté que le Prophète () a dit : « Ô Allah ! Nul ne peut retenir ce que Tu donnes, ni accorder ce que Tu retiens. Et sa fortune ne saurait protéger le nanti de Ton châtiment. » Rapporté par Boukhari et Mouslim.
Le neuvième enseignement : D’autres versets ont une signification similaire à celui objet de nos propos. Allah, exalté soit-Il, dit :
« Si Allah t’afflige d’un mal, nul autre que Lui ne saurait t’en délivrer et s’Il te veut quelque bien, nul ne saurait te priver de Ses faveurs qu’Il accorde à qui Il veut parmi Ses serviteurs, Lui le Très Clément, le Très Miséricordieux. » (Coran 10/107).
« Y a-t-il un autre créateur qu’Allah, Lui qui vous dispense les dons du ciel et de la terre ? » (Coran 35/3).
Et il y a bien d’autres versets allant dans ce sens dans le Coran.
La finalité de notre propos au sujet de ce verset est d’affirmer qu’Allah est le Seul à avoir le pouvoir de créer et donner existence à partir du néant, à donner forme à une chose sans modèle précédent. Personne n'est en mesure de donner vie à quoi que ce soit à partir du néant ni ne mérite le culte sauf Lui. Personne ne peut dissiper un mal qui touche un homme sauf Lui. Et tout bien qui touche un homme vient de Lui et de personne d’autre. C’est Lui qui est capable de faire tout ce qu’Il veut. Rien ne peut l’empêcher de faire ce qu’Il veut et rien de ce qu’Il veut ne pourrait être empêché de se réaliser.