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Concéder son héritage à qui a des enfants par conviction qu’il ne mérite pas le fruit de la fatigue du défunt

Question

Quel est le statut d’une personne qui souhaite céder sa part d’héritage légal parce qu’elle considère qu’elle ne mérite pas de prendre le fruit de la fatigue et de la peine du défunt ? Est-il permis de concéder sa part d’héritage sans raison ? Celui qui concède sa part d’héritage alors qu’il a des enfants commet-il un péché ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
C’est Allah qui s’est lui-même chargé de déterminer la répartition de l’héritage. Le Coran énonce qui sont les héritiers, leurs parts, il n’y a donc pas besoin après cela qu’un fidèle regarde s’il mérite lui ou d’autre sa part d’héritage. En effet, après avoir déterminé les parts d’héritage des pères et des fils, Allah, exalté soit-Il, dit :
« Vous ne savez pas qui, de vos ascendants ou de vos descendants, vous est le plus utile. Ces règles sont imposées par Allah qui est Omniscient et infiniment Sage. » (Coran 4/11).
Dans son exégèse Al-Tafsîr Al-Wasît, Al-Wâhidî a dit : « Ce qui signifie que vous ignorez lequel d’entre eux vous sera le plus utile en ce monde alors vous lui donnez l’héritage qu’il mérite. Mais Allah a imposé les parts d’héritage qui doivent revenir à chacun des héritiers selon ce qui correspond à une sagesse émanant de Lui. Et s’Il vous avait confié la répartition de l’héritage vous n’auriez pas su lequel vous est le plus utile. Vous auriez mal agi et négligé les droits. C’est le sens de la fin du verset : ‘’ Ces règles sont imposées par Allah qui est Omniscient et infiniment Sage. ‘’. » Fin de citation.
Dans son exégèse, Al-Sa’dî a dit : « Si Allah avait confié la répartition des parts d’héritage à vos raisons et vos choix il y aurait eu des dégâts dont seul Allah connait la teneur. Ceci parce que la raison d’un être humain est défaillante. Elle n’est pas en mesure de connaitre ce qui lui convient le mieux en chaque époque et chaque endroit. Les hommes ne peuvent pas savoir lesquels de leurs enfants ou de leurs parents leur sera le plus utile. Celui qui sera le plus à même de lui procurer ces objectifs mondains et religieux. » Fin de citation.
Après avoir mentionné les parts d’héritage des frères et sœurs, Allah, exalté soit-Il, dit :
« Allah vous expose clairement les lois successorales afin que nul ne soit lésé. Allah a une parfaite connaissance de toute chose. » (Coran 4/176).
Ibn Kathir explique : « C’est-à-dire qu’il vous impose ces règles de l’héritage, il en définit les limites et en clarifie les lois. Ceci afin que vous ne vous égarez pas après que l’explication vous a été exposée. C’est Allah qui connait la finalité des choses, ce qui va de l’intérêt des fidèles, leur bien, ce que chacun d’eux mérite, en fonction de son degré de parenté avec le défunt. » Fin de citation.
Les propos suivants de la question : ‘’ parce qu’elle considère qu’elle ne mérite pas de prendre le fruit de la fatigue et de la peine du défunt ‘’ sont vraiment étonnants. Le défunt a laissé son héritage et ses biens. Quelqu’un d’autre les prendra forcément !
Pour ce qui est de concéder sa part d’héritage, cela a le même statut que les autres types de dons comme les aumônes, les donations, les cadeaux.
Il n’est pas interdit de donner son argent sauf si cela cause la négligence d’un droit obligatoire ! C’est pourquoi nombre de savants sont d’avis qu’il est interdit de faire une aumône si cela implique de perdre ce que le donateur a besoin comme régler une dette, ce dont il a besoin de dépenser. Abou Ishâq Al-Shîrâzî a dit dans son livre Al-Tanbîh : « Il est recommandé de donner l’aumône à n’importe quelle période … Mais il n’est pas licite de faire une aumône si on a besoin de cet argent pour subvenir à ses besoins et aux besoins de ceux qui sont à notre charge ou pour régler une dette. » Fin de citation.
Al-Nawawî a dit dans son livre Minhâj Al-Tâlibîn : « L’avis le plus juste à ce sujet est qu’il est interdit de donner une aumône si on a besoin de cet argent pour subvenir à ses besoins et aux besoins de ceux qui sont à notre charge ou pour régler une dette qu’on espère pas régler. » Fin de citation.
Dans son ouvrage Al-Mughnî, Ibn Qudâma dit : « Le fidèle commet un péché s’il donne une aumône qui diminue les besoins de ceux qui sont à sa charge et n’ont pas de quoi gagner leur vie. Ceci en raison du hadith où le Prophète () a dit : « Il suffit à l’homme, pour commettre un péché, de négliger ceux dont il a la charge. » Et aussi, parce que les dépenses pour eux sont obligatoires alors qu’une aumône est surérogatoire et il n’est pas permis de faire passer un acte surérogatoire avant un acte obligatoire.
Mais si l’homme n’est responsable que de lui-même ou que ceux dont il a la charge ont de quoi vivre et que, dans ce cas, il souhaite faire aumône de tout son argent. Et qu’il gagne sa vie, ou est sûr de lui et sait s’en remettre au Seigneur, se montre patient devant la pauvreté, s’abstient de demander aux gens, alors c’est une bonne chose. En effet, le Prophète () a dit en parlant de l’aumône la plus méritoire : « [...] celle faite discrètement par un homme qui n’a pas beaucoup de moyen au profit d'une personne nécessiteuse. » Fin de citation.

Et Allah sait mieux.

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