Est-il rapporté de source sûre cette histoire d’un homme que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a flagellé pour avoir bu de l’alcool, un fidèle alors présent s’est levé et l’a maudit. C’est alors que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) lui a dit : « Ne le maudissez pas ! Par Allah, je sais qu’il aime Allah et Son Prophète. » Et comment concilier ce récit avec le fait que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) maudit celui qui boit de l’alcool. Et aussi, le fait que l’amour d’Allah implique de ne pas Lui désobéir.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Le hadith est rapporté de source sûre, il est mentionné dans le recueil de Boukhari : selon Zayd ibn Aslam, selon son père, selon Omar ibn Al-Khattâb : « Du temps du Prophète (), un certain Abdullah était surnommé Himâr. Il faisait rire le Prophète (). Mais il avait dû le flageller parce qu’il avait bu de l’alcool. Un jour, on le lui présenta alors qu’il avait bu de l’alcool et il ordonna de le flageller. Un homme alors présent se leva et dit : ‘’ Ô Allah, maudis-le ! Il n’arrête pas de boire.’’ C’est alors que le Prophète () lui a dit : « Ne le maudissez pas ! Par Allah, je sais qu’il aime Allah et Son Prophète. »
Pour ce qui est de maudire celui qui boit de l’alcool, cela a été rapporté dans un hadith figurant dans le recueil de Abou Daoud, selon Ibn Omar : le Prophète () a dit : « Allah maudit l’alcool, celui qui le boit, celui qui l’achète, celui qui le fabrique et celui qui demande à le fabriquer, celui qui le transporte et celui qui demande à ce qu’il lui soit transporté. »
Dans ce dernier hadith, il s’agit d’une malédiction d’ordre général et cela n’implique pas qu’une personne en particulier soit maudite. Il en est ainsi pour tous les textes menaçants d’un châtiment divin. Cette menace peut ne pas être applicable à un individu précis en raison d’un élément l’en empêchant. Ce peut être en raison d’un repentir, de bonnes actions qui ont effacé ses fautes, ou autres éléments empêchant la mise en application de cette menace divine. Comme cela est mentionné dans le Majmû’ Al-Fatâwa, Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya a dit : « Il a été rapporté de source sûre dans le recueil de Boukhari, selon Omar, l’histoire du dénommé Himâr qui avait bu de l’alcool à plusieurs reprises et qui fut flagellé pour cela. Un compagnon l’a alors maudit et le Prophète () lui a dit : « Ne le maudissez pas ! Par Allah, je sais qu’il aime Allah et Son Prophète. » Le Prophète () a également dit : « Maudire un croyant c’est comme le tuer. » Rapporté par Boukhari et Mouslim. Ceci alors qu’il est également rapporté de source sûre qu’il a maudit l’alcool et celui qui le boit. Ainsi, il a maudit de façon générale celui qui boit de l’alcool et a interdit de maudire ce fidèle en particulier qui en avait bu. Et il en est de même des textes menaçant d’un châtiment divin pour ceux qui consomment l’argent des orphelins, du fornicateur, du voleur. On ne peut pas attester que tous ceux qui se rendent coupables de ces péchés qu’ils iront en enfer puisqu’il est possible qu’une des conditions d’application de cette menace ne soit pas réunie et qu’un élément vienne s’interposer à cela. Ce peut être un repentir, des bonnes actions ayant effacées la faute, des épreuves qui ont expié ce qu’il a fait, une intercession en sa faveur qui a été acceptée, ou autre, comme nous l’avons établi en d’autres occurrences. » Fin de citation.
Commettre un péché n’implique pas que l’amour d’Allah a complètement disparu du cœur du croyant, mais cela implique que cet amour diminue en fonction du péché. Dans son ouvrage Al-Mahabba, Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya a dit : « L’amour d’Allah implique d’aimer ce qu’Il aime comme actes obligatoires, comme il est dit dans ce verset : « Dis : « Si vous aimez véritablement Allah, suivez-moi ! Allah vous aimera et vous pardonnera vos péchés. » (Coran 3/31). Se conformer aux préceptes du messager est la plus grande obligation qu’Allah a imposée à Ses serviteurs et c’est ce qu’Il aime le plus. Et ce qu’Il déteste le plus c’est justement qu’on ne se conforme pas à ses préceptes. Ainsi, celui qui est sincère en prétendant aimer Allah, alors il se conformera forcément aux préceptes de Son messager. Il aimera Allah et Son messager plus que tout. Et les péchés diminuent l’amour d’Allah en fonction de leur gravité, mais ils n’éradiquent pas complètement cet amour s’il est bien ancré dans le cœur du fidèle, et que ces péchés ne sont pas commis par hypocrisie. Ceci, à l’image de ce qui est rapporté dans le recueil de Boukhari selon Omar ibn Al-Khattâb au sujet d’un dénommé Himâr qui buvait de l’alcool. Le Prophète () avait appliqué la peine légale. Et puisque celui-ci n’avait de cesse de commettre ce péché, un homme l’a alors maudit. Mais le Prophète () lui a dit : « Ne le maudissez pas ! Par Allah, je sais qu’il aime Allah et Son Prophète. » Ceci prouve qu’il nous est interdit de maudire une personne en particulier même s’il a commis un péché si cette personne aime Allah et son prophète. Ainsi, tout comme l’amour obligatoire implique d’accomplir les actes obligatoires, un amour complet implique d’accomplir les actes recommandés. Et les péchés annulent cet amour. C’est le sens voulu par Al-Shablî lorsqu’on l’interrogea au sujet de l’amour, il répondit par les vers entonnés par telle chanteuse :
Tu désobéis au Seigneur tout en prétendant l’aimer
C’est impossible et même ignoble d’y penser
Si tu L’aimais vraiment tu Lui aurais obéi
Quand on aime quelqu’un, on lui obéit
Cette question est la même que celle relative à ce hadith : « Le fornicateur n’a pas véritablement la foi au moment où il commet la fornication. Le voleur n’a pas véritablement la foi au moment où il commet le vol. Le buveur d’alcool n’a pas véritablement la foi au moment où il boit de l’alcool. »
Et Allah sait mieux.