Mon mari ne se tient jamais aux accords que nous passons. Il ne fait jamais ce sur quoi nous sommes tombés d’accord ensemble. Cela dure depuis le début de notre mariage. Chaque fois que je m’apprête à faire ce sur quoi nous sommes tombés d’accord, il le nie et me dit d’oublier ça, qu’il fera ce qu’il a en tête. Mes enfants commencent à ressentir cette attitude de leur père. Plus d’une fois, il leur a promis des choses qu’il n’a finalement pas faites. Je suis fatigué de cette façon d’agir. Je n’ai plus confiance en lui ni en ce qu’il me dit. Quel est le statut de l’islam à ce sujet ? Est-ce que les accords entre nous ont le même statut que les promesses ? Ou qu’en est-il ?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Tenir ses promesses fait partie des caractéristiques des croyants. Ne pas les tenir sans excuses de celles des hypocrites.
Selon Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah () a dit : « L’hypocrite se reconnaît à trois choses : quand il parle, il ment, quand il prend un engagement, il ne le respecte pas et il trahit la confiance placée en lui. » Rapporté par Boukhari et Mouslim.
En revanche, celui qui fait une promesse à quelqu’un en étant résolu à la tenir, puis que survient un fait l’en empêchant, alors il est excusé et ne s’est pas paré pour autant d’une des caractéristiques des hypocrites.
Dans son ouvrage Jâmi’ Al-‘Ulûm Wa Al-Hikam, Ibn Rajab a dit : « L’expression ‘’ quand il prend un engagement, il ne le respecte pas’’ peut se présenter sous deux formes :
La première : il fait une promesse avec l’intention de ne pas tenir son engagement. C’est la pire façon de ne pas tenir sa promesse. S’il dit : je ferai ceci – si Allah le veut – alors qu’il a l’intention de ne pas le faire, il aura menti et en plus de cela n’aura pas tenu sa promesse. C’est ce que soutient Al-Awzâ’î.
La deuxième : il fait une promesse en ayant l’intention de la tenir, puis il lui vient en tête de ne pas tenir son engagement et il ne le tient pas sans excuses. » Fin de citation.
Dans son Sharh Al-Boukhari, Al-‘Aynî a dit : « L’expression ‘’ quand il prend un engagement, il ne le respecte pas’’ indique que son intention était déjà mauvaise puisque ne pas tenir sa promesse n’est répréhensible que si on avait déjà l’intention de ne pas la tenir. Mais si le fidèle était résolu à tenir sa promesse et que par la suite un évènement l’en a empêché, ou il lui a semblé qu’il ne fallait pas le faire, alors dans ce cas le fidèle n’est pas concerné par la caractéristique de l’hypocrisie. Ceci est attesté par un hadith rapporté par Al-Tabrânî avec une chaine de narrateur exempte de critiques. Il s’agit d’un long hadith de Salmân, qu’Allah soit satisfait de lui, dans lequel il est dit : « S’il fait une promesse en se disant qu’il ne la tiendra pas. » Et il dit la même chose avec les autres caractéristiques. Les savants affirment : « Il est fortement recommandé de tenir sa promesse quand il s’agit d’un don ou d’autre chose. Et il est répréhensible de ne pas la tenir. Ceci dit, cela est répréhensible afin d’être exempt de reproches, non pas que cela soit interdit. » Fin de citation.
Ainsi, si le mari promet une chose à sa femme en étant résolu à tenir sa promesse puis qu’il lui semble qu’il est préférable de ne pas faire ce à quoi il s’est engagé ou qu’un élément l’en empêche, alors il n’y a aucun mal à cela.
En revanche, s’il fait une promesse en ayant l’intention de ne pas la tenir, ou ne fait pas ce à quoi il s’est engagé sans excuses, alors il lui est tenu rigueur d’une telle attitude, sauf s’il s’agissait d’une chose au sujet de laquelle il n’est pas responsable, et que son objectif en faisant cette promesse était de gagner les faveurs ou réconforter son interlocuteur. Dans ce cas, il n’y a aucun mal à avoir agi ainsi. Il a d’ailleurs été autorisé au mari de mentir à sa femme dans ce genre de cas.
Umm Koulthoum rapporte avoir entendu le Messager d’Allah dire : « N’est pas menteur celui qui cherche à réconcilier les gens en attribuant aux uns de bonnes paroles sur les autres. » Rapporté par Boukhari et Mouslim. Dans la version de Mouslim, on trouve cet ajout : « Je ne l’ai entendu autoriser le mensonge que dans trois cas : à la guerre, pour réconcilier des personnes en conflit et dans les confidences que l’homme fait à son épouse ou que celle-ci fait à son mari. »
Dans l’explication de ce hadith, Al-Nawawi a dit : « Pour ce qui est du mensonge de l’un des deux conjoints à l’autre, cette autorisation vise à mettre en avant l’amour qu’on a pour son conjoint ou à promettre ce qui n’est pas obligatoire ou autres. Quant à trahir, ne pas donner un droit ou prendre un droit illégitime, cela est interdit à l’unanimité des musulmans. » Fin de citation.
La femme doit avoir une bonne opinion de son mari et lui trouver des excuses. De même que le mari devrait s’efforcer de tenir ses promesses faites à sa femme et ses enfants. Il doit prendre garde à ne pas tenir ses engagements sans excuses surtout avec les petits de façon à ce qu’ils ne perdent pas confiance en lui et prennent le mensonge à la légère. Dans Al-Mu’jam Al-Kabîr de Al-Tabrânî, est rapporté cette citation d’Ibn Mas’ûd : « Le mensonge, qu’il soit fait en plaisantant ou sérieusement, n’apporte rien de bon et il ne convient pas de promettre une chose à un enfant et ne pas tenir son engagement . »
Et Allah sait mieux.
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