Le mariage n'est pas en Islam un sacrement mais un contrat verbal (pouvant également être écrit) fait entre deux personnes qui déclarent vouloir vivre ensemble. Ce contrat est d'un type un peu particulier car il prélude à la fondation d'une famille.
En Islam , c'est le mariage qui autorise les relations intimes. En fait il constitue une responsabilisation de l'homme car il ne se limite pas au plaisir dont on jouit pendant un moment ou lors d'une soirée sans lendemain. Il engendre, avant même de permettre la jouissance, une série de droits et de devoirs.
Quels sont ces devoirs ? Chacun, époux et épouse, se doit de les connaître avant même de se marier.
Certains devoirs sont communs aux deux conjoints :
1) Avoir de l'amour pour l'autre :
Allah, dans le Coran, dit : " Et parmi Ses signes figure le fait qu'Il a créé pour vous, de vous-mêmes, des épouses afin que vous éprouviez le repos auprès d'elles et qu'Il a mis entre vous amour et tendresse. " (Coran 30/21).
L'amour est parfois présent dès le début du mariage (parfois même avant) et parfois ne l'est pas. Mais en tous les cas il faut l'entretenir et le développer par tous les moyens qui entrent dans le cadre éthique de l'Islam : des sourires, des petits cadeaux, une petite balade des amoureux de temps à autre…
" Quelle est la personne que tu aimes le plus ?" demanda-t-on un jour au Prophète. " C'est Aïcha. ", répondit-il. " Parmi les hommes ? " demanda celui qui avait posé la question. " C'est le père de Aïcha. " (Rapporté par Boukhari).
2) Avoir de la bonté pour l'autre :
Avoir de la bonté pour son conjoint, c'est avoir de la miséricorde pour lui, s'occuper de son bien-être, partager ses peines et ses joies, en un mot : vivre heureux ensemble.
Le Prophète, , n'était-il pas venu se réfugier auprès de son épouse Khadidja lorsqu'il avait été effrayé par la première manifestation de l'Ange ? Et Khadidja ne l'avait-elle pas réconforté par des paroles apaisantes puis l'a emmené plus tard auprès de son cousin Waraqa ? (rapporté par Boukhari).
Une nuit, alors que le Prophète, , ne trouvait pas le sommeil, son épouse Aïcha lui dit : " Que t'arrive-t-il Ô ! Messager de Dieu ? " (Rapporté par Ahmed).
Le Prophète, , lui-même, disait concernant son épouse Aicha : « Aicha prenait soin de moi de façon particulière (Al-Lotfe) lorsque j'étais malade ». (Rapporté par Boukhari). Le Prophète a fait des courses à pied avec son épouse Aïcha, lui a montré le jeu des Abyssiniens.
3) S'embellir pour l'autre (autant que possible) :
Ibn Abbas a dit : " J'aime m'embellir pour ma femme comme j'aime qu'elle s'embellisse pour moi…" (Rapporté par At-Tabari).
4) Vivre ensemble la sexualité :
Cela est un devoir qui incombe à tous les deux et non pas seulement à la femme. Les Hadiths sont dans les deux sens (notamment celui de Ibn Amr, auquel le Prophète, , énumérant les devoirs qu'il avait et lui demandant de ne pas exagérer : "… et ta femme a des droits sur toi…", rapporté par Boukhari).
D'après Ibn Taymiya : " La femme a droit à une sexualité épanouie, autant qu'elle le désire. " (Madjmou' Fatawa Ibn Taymiya, tome 28 pp. 383-384 et tome 32 p. 271).
Cependant, pour l'un et pour l'autre, il ne s'agit pas de vivre l'acte sexuel comme un devoir seulement, mais comme une preuve d'intimité, comme le prolongement naturel de l'amour, de la bonté, de l'embellissement et de l'intimité de chacun envers l'autre.
5) Avoir une juste confiance en l'autre :
C'est un devoir que de rester fidèle à l'autre (en ne tombant pas dans les relations extra-matrimoniales, Az-Zina), qui est naturellement porté à exprimer son attention sur ce fait. Un équilibre se crée ainsi qui conduit chacun des partenaires à contribuer à la fidélité de l'autre. Mais l'attention que l'on porte à l'autre ne doit pas être étouffante au point qu'il y ait des suspicions inutiles ou qu'il y ait un climat de manque de confiance. C'est une juste confiance qui doit régner. Le Prophète, , a dit : " Il y a une jalousie, Ghayra, que Dieu aime et une jalousie qu'Il n'aime pas. La jalousie que Dieu aime est celle qui apparaît au moment d'une suspicion réelle, Raibah. Et la jalousie que Dieu n'aime pas est celle qui existe alors qu'il n'y a pas de suspicion, Raibah. " (Rapporté par Abou Dawoud).
Quant au fait de tuer son épouse sur la base d'une simple suspicion (cela se passe dans certaines régions où la tradition tribale et l'ignorance priment sur l’Islam), cela n'a aucune place en Islam.
D'autres devoirs existent qui son spécifiques au mari ou à l'épouse :
6) Le mari doit assumer sa responsabilité de chef de famille :
Allah dit dans le Coran : " Les hommes ont préséance sur les femmes…" (Coran 4/34). Le mot "préséance" désigne ici la responsabilité de chef de famille.
7) Le mari doit subvenir aux besoins de son épouse (comme à ceux de ses enfants) :
Le Prophète, , a dit : "… Et vos femmes ont le droit d'être nourries et habillées selon la bienséance. " (rapporté par Muslim).
6') L'épouse doit assumer sa responsabilité dans son foyer :
Le Prophète, , a dit : " Et la femme est une bergère dans la maison de son mari et des enfants et sera questionnée à ce sujet. " (rapporté par Boukhari et Muslim).
7') L'épouse doit assumer sa responsabilité en matière d'éducation des enfants :
Le Prophète, , a dit : " Et la femme est une bergère dans la maison de son mari et des enfant, et sera questionnée à ce sujet. " (rapporté par Boukhari et Muslim).
Pour ces 4 devoirs spécifiques, il y a cependant des nuances des deux côtés :
6) Le chef de famille n'est pas un dictateur : le mari doit consulter, Choura, son épouse autant que possible :
Le Prophète, , ayant demandé à un Ansarite, Djoulaïbib, la main de sa fille pour un Compagnon, celui-ci lui a dit : "Je vais consulter la mère de Djoulaïbib." "Très bien", lui a dit le Prophète . (rapporté par Ibn Hibbane).
De même, des Hadiths montrent le Prophète, , recueillir le conseil de son épouse Khadîdja après la première révélation et celui de Oum Salama à Hudaibiya, etc.
En fait chacun des conjoints devrait consulter l'autre autant que possible, le mari ayant ensuite la décision finale à prendre pour ce qui concerne les affaires de la famille.
7) Le mari est seul responsable de nourrir la famille mais si son épouse veut l'aider sur ce plan elle peut le faire :
En effet, rien ne le lui interdit, même si rien ne l'y oblige non plus. Zaineb, épouse de Ibn Messaoud, avait ainsi décidé d'aider son mari qui était plus pauvre qu'elle (rapporté par Boukhari).
6') Le mari doit aider son épouse dans les affaires du ménage (d'après certains Oulémas, s'il en a les moyens il doit employer une femme de ménage, par exemple) :
" Le Prophète, , était, chez lui, au service de sa famille, raconte son épouse Aïcha. Puis, lorsque venait l'heure de la prière, il sortait l'accomplir. " (rapporté par Boukhari).
Djaber ibn Abdallah, ayant invité le Prophète à manger chez lui, aida sa femme à préparer le repas (rapporté par Boukhari).
7') L'épouse doit éduquer les enfants et le mari doit l'y aider :
Le Prophète, , avait ainsi enseigné à Omar ibn Abi Salama, fils de son épouse Oum Salama, les règles d'usage à observer lors des repas (rapporté par Boukhari).
Tous ces devoirs sont extraits du livre Tahrir Al-Mar'a fi Asr Ar-Rissala (L'émancipation de la femme à l'époque de la révélation, traduit en français sous le titre Encyclopédie de la femme), tome 5.