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Comment concilier jeûne et santé ?

Comment concilier jeûne et santé ?

Le Ramadan, c’est le mois du jeûne bien sûr, mais également de la prière et de la fête pour les Musulmans du monde entier. Un milliard de femmes et d’hommes vont commémorer la révélation du Coran. Un rite religieux fondamental dans l’islam.

Le Ramadan est le 9ième  mois du calendrier lunaire islamique. Et il sera comme toujours, un rappel à la droiture et à la charité pour les croyants.
Durant le Ramadan il faut jeûner. De l’aube jusqu’au coucher du soleil. C’est à dire ne pas prendre de boissons, de la nourriture, des relations intimes, conjugales, surveiller aussi sa langue, ses mains, ne pas commettre de péché, être dans la droiture totale.

Ainsi, du lever au coucher du soleil, et ce pendant 30 jours, les croyants doivent se livrer à une abstinence totale. S’abstenir donc de boire, de manger mais aussi de se traiter médicalement. Une rigueur qui peut dans certains cas être dangereuse. Car le sawm - jeûne en arabe – n’est jamais anodin. Et s’il est prolongé, il peut même avoir de sérieuses conséquences sur la santé.

On peut distinguer deux phases dans un jeûne : une phase d’adaptation, et une autre d’équilibre. La première dure à peu près 10 jours. C’est généralement celle qui est le plus susceptible de poser des problèmes. C’est normal, car notre organisme passe brusquement de son régime habituel à un régime de rigueur. Mais franchi ce cap, notre corps s’habitue. D’une certaine manière il s’équilibre automatiquement.

Le Dr Patrick Serog est un éminent nutritionniste français de la Faculté de Médecine Xavier Bichat, à Paris. Il nous explique comment notre corps réagit lorsqu’on arrête de s’alimenter. « Au cours du jeûne vous allez d’abord consommer le sucre que vous avez dans votre corps, c’est à dire le sucre qu’il y a dans le foie, un petit peu dans les muscles et puis ensuite très rapidement vous allez consommer les graisses. Les graisses qui vont être utilisées comme source d’énergie et qui vont peu à peu fondre jusqu’à ce que vous remangiez ».

Résultat, vous perdez du poids. Un phénomène qui est donc une conséquence normale du jeûne. Il découle du processus de nettoyage de l’organisme. Mais ne vous inquiétez pas, cette perte de poids n’est pas dangereuse. En fait, elle ne se produit pas aux dépens des tissus vitaux. Seules les substances superflues sont brûlées par notre organisme. Notamment les graisses et les déchets.

L’adaptation du corps se fait sur le tissu adipeux, c’est-à-dire sur le tissu gras. Ce dernier constitue la réserve d’énergie de l’organisme. Il va donc s’adapter en fonction des besoins de la journée.
Ainsi, quand on dit que les muscles perdent du poids pendant le jeûne, cela signifie que la graisse présente disparaît, et que les cellules qui composent les muscles diminuent de volume. Mais le nombre de cellules présentes dans le muscle ne varie pas.

Rappelons que le Ramadan est un jeûne court au cours duquel notre organisme n’a pas le temps de manquer véritablement d’énergie. Donc contrairement aux idées reçues, le Ramadan n’est pas un jeûne très éprouvant. Et d’un point de vue médical, les risques pour la santé sont minimes car, selon Patrick Sérog, « la seule chose qui peut arriver c’est que vous sentiez quelques faiblesses quelques heures après n’avoir plus mangé. Mais c’est le seul risque que vous avez réellement ».

En effet jeûner entraîne de petits inconvénients. Ils sont nombreux mais sans gravité. La personne va être fatiguée, avoir des vertiges ou encore somnoler dans l’après-midi. Mais si elle est bien portante, si elle ne souffre d’aucune maladie, tous ces désagréments vont disparaître après avoir mangé. Rien de sérieux donc.

Au contraire même ! La période de jeûne peut être bénéfique pour notre corps. Ce dernier va se mettre à brûler des graisses qu’il n’a jamais l’occasion de brûler. Des graisses profondes, des réserves inutiles qui en temps normal, encombrent notre organisme.

A ce niveau l’eau joue un rôle essentiel. Et n’oubliez pas, les sodas et autres jus de fruits sont à bannir ! Bourrés de sucre, ils ne vont pas aider notre corps à se débarrasser de toutes sortes de déchets. Alors que l’eau, elle, oui. Ne vous en privez surtout pas !

Il est essentiel de boire, et en grandes quantités. Notre organisme doit impérativement refaire le plein pour remplacer l’eau que nous avons perdu au cours de la journée. Boire beaucoup permet enfin d’uriner pour éliminer les déchets. Pour vous donner un ordre de grandeur, la consommation d’eau doit passer d’un litre et demi par jour en temps habituel, à deux litres et demi voire trois litres.

Côté nourriture, quelques conseils sont à retenir. Même si cela peut paraître paradoxal, il ne faut jamais, mais alors jamais manger lorsqu’on a trop faim. Pourquoi ? Parce que la sensation de faim ne s’épuise qu’après s’être nourri.
Résultat, vous allez trop manger par rapport aux besoins de votre organisme. En fait, la grande règle est de s’alimenter après que la sensation de faim ait été surmontée. Le meilleur moyen d’y arriver est de manger un sucre d’assimilation rapide.

Une petite barre de céréales fera largement l’affaire. Vous n’aimez pas les céréales ? Pensez alors à un stimulant, comme une tasse de café par exemple. Essayez et vous verrez ! Un petit quart d’heure d’attente suffira ensuite pour réduire votre sensation de faim. Le but est de réussir à manger la tête reposée.
Ainsi, il est fortement recommandé de ne pas se jeter sur la nourriture après toute une journée de jeûne. Difficile, lorsque l’on sait que le soir la rupture du jeûne donne traditionnellement lieu à de véritables festins!
Avec des aliments trop riches en calories : des plats de viandes, des sauces, des pâtisseries... Une vraie gifle pour l’estomac qui le plus souvent va souffrir, se fatiguer.

Il faut, comme le rappelle Patrick Sérog, manger tranquillement, avec sa raison et non pas avec son sentiment d’affamé ! « Il y a une difficulté d’assimiler tous les nutriments qui vont se présenter. Il aurait été préférable d’avoir un repas le soir et un petit repas le matin avant le lever du soleil pour pouvoir justement mieux utiliser ses réserves au cours de la journée. On se porte mieux la journée lorsqu’on peut avoir cette séquence d’alimentation pendant la nuit ».

Durant le Ramadan, les troubles digestifs comme les ballonnements et les douleurs épigastriques représentent les principaux petits ennuis de santé susceptibles de survenir.
Pour vous éviter ces désagréments, respectez la méthode suivante : commencez par patienter un petit peu, puis mangez légèrement. Attendez de nouveau pour que la sensation de faim ait baissé et ensuite, alimentez-vous normalement.

Normalement ne signifie pas manger deux sandwichs comme on le ferait un soir « normal » par exemple. Non, pour bien vivre son jeûne, il faut respecter des principes culinaires fondamentaux. Pour Patrick Sérog, « il faut d’abord qu’ils mangent des protéines en quantité suffisante, qu’ils n’auraient pas mangé au cours de la journée, après il faut qu’ils mangent des sucres lents, c’est à dire des pâtes, des légumes secs, du blé, et puis un petit peu d’acides gras essentiels sous forme d’huile de colza, de soja ou de noix, pour pouvoir avoir tous ces nutriments ».

Mais le jeûne peut avoir des effets différents de ceux que nous avons déjà évoqués. Sur la vie professionnelle notamment. Durant le Ramadan, nombreuses sont les personnes qui se plaignent de maux de têtes et de troubles de la concentration. Même si le jeûne d’une journée est parfaitement conciliable avec un travail. « Le jeûne d’une journée est tout à fait compatible avec un travail professionnel mais l’expérience montre que dans les pays où l’on pratique ce jeûne pendant le Ramadan, la rentabilité du travailleur est diminuée d’environ 50 %. Il y a une étude qui a été faite au Maroc ».

Cette étude a été réalisée par la fondation Hassan II pour la recherche sur Ramadan et Santé. Elle révèle aussi que plus de six Marocains sur dix pensent que les horaires de travail ne sont pas adaptés au mode de vie pendant le mois de jeûne. Le plus pénible étant, bien sûr, la fin de journée. Mais d’une manière générale, la majorité des Musulmans vivent convenablement leur jeûne.

Attention cependant : Il n’est pas conseillé quand on jeûne, d’avoir une activité sportive prolongée. Un sport d’endurance impose à notre organisme un ravitaillement important en glucides. Chose qu’on ne pourra pas faire lors d’un jeûne. Les risques d’une hypoglycémie ou d’un malaise sont alors importants.

Le Ramadan serait donc compatible avec une vie normale ? Pas vraiment. Ou plutôt tout dépend de la santé de chacun. En fait l’islam ne prescrit pas formellement le jeûne pour tout le monde. Les Musulmans ayant des problèmes de santé en sont exemptés.
L’imam Rachid Ouzani nous en livre le détail. « Dans le droit musulman le vieux, la vieille, les femmes enceintes, les femmes qui allaitent, le voyageur, ont une dispense lorsque bien sûr ils sont dans l’incapacité de jeûner ».

L’islam dispense donc les malades, les enfants et les femmes enceintes ou qui allaitent. Une souplesse qui repose sur des décisions médicales strictes, rappelées par le Pr Patrick Sérog : « la femme enceinte ne peut pas jeûner facilement. Elle ne peut jeûner pendant la journée, et se ravitailler la nuit mais elle ne peut pas jeûner de manière prolongée car le fœtus est très, très sensible aux variations alimentaires. Alors, au début évidemment le fœtus va se ravitailler sur les acides gras de la mère qu’elle a stockée dans le tissus adipeux mais il va manquer beaucoup de vitamines et de minéraux qui sont préjudiciables au développement du fœtus ».

D’un point de vue médical, le jeûne prolongé est strictement interdit aux malades. Même s’il ne provoque pas de maladies particulières, il est dangereux car il aggrave un éventuel déséquilibre métabolique. C’est à dire tous les déchets que le corps fabrique. Ainsi les maladies chroniques, cardio-vasculaires, rénales et hépatiques sont aggravées par le jeûne.



 

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