Aïcha, la Mère des croyants
De toutes les femmes du Prophète, , il est clair qu’Aïcha était la plus aimée. De temps en temps, un de ses Compagnons lui demandait : « Ô ! Messager de Dieu, , quelle est la personne que tu aimes le plus ? »Il ne répondait pas toujours la même chose car il ressentait un amour énorme pour ses filles et leurs enfants, pour Abou Bakr, Ali, Zayd et son fils Oussama. Mais de ses femmes, la seule qu’il nomma dans de telles circonstances fut Aïcha. Elle l’aimait également énormément et cherchait souvent à se rassurer du fait qu’il l’aimait.
Une fois, elle lui demanda « comment est ton amour pour moi ? » « Comme le nœud de la corde », dit-il en signifiant ainsi qu’il était fort et sûr. Puis de temps à autres, elle lui demandait : « comment est le nœud ? », il répondait : « Ala Haliha » c’est-à-dire « dans le même état. »
Son amour pour le Prophète, , était un amour envieux et elle ne supportait pas que le Prophète ait des égards vis-à-vis des autres, au-delà de ce qu’elle considérait suffisant. Elle lui demanda : « Ô ! Messager de Dieu, , dis-moi, si tu te trouvais entre les deux pentes d’une vallée et que l’une d’entre elles ait été broutée et pas l’autre. Sur laquelle des deux ferais-tu paître tes troupeaux ? » « Sur celle qui n’a pas été broutée » répondit le Prophète . « De même, dit-elle, je suis différente de tes autres femmes. Chacune d’entre elles a eu un mari avant toi, sauf moi. » Le Prophète, , lui sourit et ne dit pas un mot.
Quelques années plus tard, Aïcha parla de sa jalousie en ces termes : « Je n’étais pas aussi jalouse des femmes du Prophète, , que je l’étais de Khadidja, parce qu’il la mentionnait constamment et parce que Dieu lui avait ordonné de lui annoncer la bonne nouvelle de son rang dans le Paradis. Et à chaque fois qu’il sacrifiait un mouton, il en envoyait une partie à ses amies intimes. A maintes reprises, je lui ai dit : « On dirait qu’il n’y a jamais eu d’autre femme sur terre à part Khadidja. »
Une fois, alors qu’Aïcha se plaignait et demandait pourquoi il parlait aussi bien d’une « veille femme de Qoraïch », le Prophète, , fut blessé et dit : « C’était la femme qui a cru en moi alors que les autres m’ont renié ; elle a affermi ma sincérité quand les gens m’ont traité de menteur ; elle a dépensé sa fortune lorsque j’étais abandonné par la totalité des gens ! »
Malgré cette jalousie qui n’était guère destructive, Aïcha avait l’âme généreuse et patiente. Elle supporta la pauvreté dans le foyer du Prophète, , ainsi que la faim qui durait souvent de longues périodes. Durant des jours aucun feu n’était allumé dans la demeure du Prophète, , pour cuisiner ou préparer du pain et ils ne se nourrissaient que de dattes et d’eau. La pauvreté ne fut pas une cause d’humiliation ou de chagrin pour elle ; se contenter du peu qu’elle avait, quand cela fut nécessaire, ne troubla en rien son style de vie.
Une fois, le Prophète, , se tint à l’écart de ses femmes pendant un mois car elles l’avaient chagriné en lui demandant ce qu’il ne possédait pas. Ceci se passa après l’expédition de Khaïbar quand l’accroissement des richesses aiguisa leur appétit pour les présents. Lorsqu’il revint de cette retraite qu’il s’était imposé, il alla tout d’abord chez Aïcha. Elle se réjouit de le voir mais il avait reçu une révélation coranique qui lui imposait de donner à ses épouses le choix entre deux possibilités. Puis il récita les versets : « Ô Prophète ! Dis à tes femmes : Si vous désirez la vie de ce bas monde et ses ornements, alors venez et je vous accorderai ces biens, et je vous laisserai libres. Mais si vous recherchez Dieu et son Messager ainsi que la réussite dans l’au-delà, alors Dieu vous a préparé une immense récompense pour ce que vous avez fait de bien. »
La réponse de Aïcha fut la suivante : « En vérité, je recherche Dieu et son Messager ainsi que la réussite dans l’au-delà » et sa réponse fut la même que celles de toutes les autres épouses.
Elle resta fidèle à son choix durant toute la vie du Prophète, , et même après.
Plus tard, lorsque les musulmans eurent accès à de grandes richesses, on lui offrit un don de cent milles dirhams. Elle était en état de jeûne lorsqu’elle reçut cet argent et elle le distribua entièrement aux pauvres et aux nécessiteux alors qu’elle n’avait aucune provision chez elle. Peu de temps après, une servante lui dit : « Peux-tu acheter de la viande pour un dirham afin de rompre ton jeûne ? » « Si je m’en étais souvenu, je l’aurais fait ! » dit-elle.