Quant à la deuxième suspicion selon laquelle si la Sunna avait une force juridique Allah se serait chargé de la préserver, ils la défendent citant à l’appui de ce qu’ils avancent, le verset suivant (sens du verset : «En vérité c'est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c'est Nous qui en sommes gardien » (Coran : 15/10)
Ils font valoir que si la Sunna avait une force juridique, si elle était une révélation au même titre que le Coran, Allah l’aurait préservé comme il l’a fait pour celui-ci. Parmi les partisans de cette suspicion il y a Dr Tawfik Sidghi et Ismail Mansour qui sont tous les deux appuyés dans leur thèse par Jamal Al Bana et le Groupe du Coran en Inde et au Pakistan.
Il y a aussi Moustapha Mahmoud qui dit que le Coran est le seul livre dont Allah s’est chargé de la préservation, le seul donc à être à l’abri de toute forme de corruption. Ainsi Allah dit (sens du verset) [En vérité c'est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c'est Nous qui en sommes gardien] et nulle part, il n’a dit qu’il a préservé le livre Al Boukhari ou celui de Mouslim.
Pour réfuter cela on peut dire qu’Allah a pris en charge la préservation de tous les hadiths sahihs authentiquement attribués au Prophète, on n’en veut pour preuve que ….le Coran lui-même! Ainsi les deux versets « Nous avons fait descendre sur toi ce Coran pour que tu expliques aux hommes le message révélé, et pour qu’ils puissent en méditer le sens. » (Coran : 16/44) et «Son rassemblement (dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire) Nous incombent, ainsi que la façon de le réciter. Quand donc Nous le récitons, suis sa récitation. A Nous, ensuite incombera son explication.» (Coran : 75/17-19) sont la preuve qu’Allah s’est bien chargé de la préservation de la Sunna car la préservation de ce qui est expliqué (le Coran) implique nécessairement la préservation de l’explication elle-même (la Sunna) en raison de la corrélation qu'il y a entre les deux.
Aussi le mot arabe Dhikr mentionné dans les versets précédant englobe tout ce qu’Allah a révélé à son Prophète qu'il s'agisse du Coran ou de la Sunna expliquant celui-ci, c'est-à-dire l’explication du Coran. Autant cette explication est le devoir du Prophète, autant elle incombe, après lui, à son Ouma. L’explication que le Prophète fait du Coran relève de l’inspiration, comme il en ressort du sens du verset précédent « A Nous, ensuite incombera son explication.»
Dés lors on peut dire que la Sunna est quelque chose de révélé (par inspiration) au Prophète, ce qui constitue une réfutation de l’idée avancée par Ismail Mansour qui soutient que l’explication du Livre (Coran) n’a pas été révélée avec lui sinon le verset serait, selon lui, « on t’a fait descendre le Coran et son explication » (Voir Lumière sur la Vérité de la Sunna, page260. Supposons qu’un esprit égaré essaye de jouer sur les mots du verset « A nous son explication » pour dire qu’il se réfère à Allah seul à l’exclusion de l'Ouma, alors le verset serait « A vous son explication ».Une telle manipulation ne serait pas possible avec le verset « Son rassemblement (dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire) Nous incombent, ainsi que la façon de le réciter.»
Qui donc a réuni le Coran ? C’est Allah Lui-même comme le prétend Dr Moustapha Mahmoud dans ses précédentes discutions, ou bien Allah a –t- Il confié la tâche à certaines de ses créatures et, en premier lieu, à Son Prophète, aux Compagnons de celui-ci et à ceux qui les auront suivi sur la bonne voie jusqu’au Jour dernier. Il s'ensuit alors une réfutation de l’assertion du Dr Ismail Mahmoud selon laquelle la préservation de la Sunna par les hommes les rendrait égaux à Allah, qu’il soit élevé, du point de vue de la capacité de la préservation du Livre, et par conséquent Créateur et créatures seraient pareils (Voir Lumière sur la Vérité de la Sunna, page258)
Le Coran parle, de façon générale, de beaucoup de formes d’adoration : le jeûne du mois de Ramadan, la Prière, l’Aumône, le Pèlerinage, les transactions, la moralité… C’est à la Sunna qu'incombe l’explication de tout cela en détail. Si l’explication qu’en fait le Prophète de ce « général » n’est pas préservée et si sa restitution intégrale, sans diminution et sans rajouts, n’est pas garantie, alors on ne pourra plus exploiter en notre faveur le texte du Coran et les réglementations qui en découlent et auxquelles nous sommes tenus seront nulles et non avenues. En conséquence, on ne saurait donc jamais ce qu’Allah en veut, ni qui dit la vérité, ou qui dit le mensonge de façon délibérée. A Allah ne plaise que cela soit ainsi.
De là il ressort que la préservation de la Sunna contribue, à plus d'un titre , à la préservation du Coran, que son entretien se confond avec l'entretien de celui-ci et qu'Allah l’a préservée au même titre que le Coran et c’est pourquoi rien, heureusement, n’y a été perdu pour l’Ouma, même s’il n’est pas donné à chaque individu de la comprendre à lui seul.