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Les voleurs d’histoire

Les voleurs d’histoire

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont modifié leurs stratégie et discours militaires afin qu’aucun dommage ne soit causé à la ville de Florence, qui est une ville italienne possédant un patrimoine historique exceptionnel. Loin de cette époque et de cette belle cité européenne, le 9 avril 2003 à Bagdad, on a pu voir les soldats américains observer impassiblement les trésors du Musée national iraquien se faire dévaliser par des voleurs et des vandales sans qu’à aucun moment ils ne lèvent le petit doigt.


En regardant et en analysant ces deux exemples frappants apparaît clairement la réalité du mépris et du racisme occidentales envers tout ce qui est issu de la civilisation arabe et islamique. Les Américains ont démontré, par leur passivité devant le pillage de l’histoire et de la civilisation du musée de Bagdad ainsi que par leur obsession de la protection de tous les bâtiments et infrastructures qui ont un rapport avec le pétrole, qu’ils ne pensent qu’à s’enrichir et qu’ils ne sont pas venus en Iraq pour apporter la liberté ou pour établir une société dite « civilisée ».
Dans son édition du 16 avril 2003, le journal américain The New-York Times rappelait que « les soldats américains étaient dans leurs chars d’assaut devant le Musée national de Bagdad pendant que celui-ci était en train d’être pillé et que les employés du Musée leur demandaient de l’aide » ; toutefois, ces soldats, venus apporter les « lumières de la civilisation » en Iraq, ont refusé d’intervenir pour sauver le Musée, lequel possédait entre autres dans ses murs des éléments sur lesquels étaient inscrites les lettres de la première écriture employée par l’homme sur cette terre.


Il y a quelques jours, je fus saisi de stupeur lorsque j’ai comparé ce qu’il y avait d’écrit dans cet article du New-York Times (témoin des exactions perpétrées par son peuple) au sujet de la perte des trésors culturels inestimables du Musée iraquien à cause de la passivité des soldats américains avec ce qu’avaient écrit certains chroniqueurs arabes sur la prise de Bagdad en 1258 par les Mongols et la manière dont ces derniers avaient à l’époque dévasté la bibliothèque. J’ai déduit de cette comparaison que l’ennemi reste l’ennemi, et ce, malgré les masques d’homme policé ou civilisé qu’il porte ; par conséquent, il y a peu de différence entre le combattant mongol sauvage s’habillant avec une peau de tigre et le soldat américain contemporain ayant à la bouche des mots comme « liberté » ou « démocratie ».


Il est important de rappeler qu’avant l’invasion de l’Iraq des organisations culturelles avaient prévenu que les trésors du Musée national iraquien risquaient d’être pillés et volés, mais les autorités américaines ont totalement ignoré cet avertissement. Par ailleurs, des chercheurs se sont réunis sous l’égide de Macgear Gibson, professeur au département des études orientales à l’Université de Chicago, avec des responsables du Pentagone en janvier 2003, les premiers ont lors de cette réunion prévenu les seconds que le patrimoine historique présent dans le Musée de Bagdad allait disparaître si les soldats américains ne prenaient pas la responsabilité de le protéger. De même que l’organisation des archéologues britanniques avait de son côté envoyé une lettre au Premier Ministre, Tony Blair, au début de l’année 2002 pour le prévenir des conséquences fâcheuses qui menaçaient le musée iraquien s’il n’était pas protégé. Mais malgré tous ces avertissements et mises en garde émanant de personnalités et organisations scientifiques hautement qualifiées, la catastrophe a eu lieu. Des témoins oculaires disent avoir vu six camions remplis d’objets historiques et archéologiques quitter le musée et se diriger vers une destination inconnue. Certains employés du musée ont estimé le nombre d’objets volés à plus de 170 000, alors que les Américains ont affirmé de leur côté que « ce chiffre était exagéré et que les pertes ne s’élevaient pas à plus 15 000 objets » (The New-York Times, 01/04/2006). Des objets extrêmement rares ont disparu, comme par exemple le premier exemplaire du Noble Coran ou encore le plus vieil exemplaire de la Thora dont on dit qu’il a été découvert en Palestine occupée, mais aussi un morceau d’argile, datant de plus de 4000 ans, portant la première forme expression écrite humaine. Les gens qui travaillent dans le domaine de l’archéologie sont d’accord pour dire qu’au vu de la sélection des objets volés ainsi que du mode opératoire ceux qui ont commis ces pillages dans le musée iraquien étaient des professionnels et des connaisseurs.


Cette tragédie culturelle a bouleversé tous ceux qui connaissaient l’importance et la valeur inestimable des objets qui se trouvaient dans ce magnifique Musée national iraquien. Il est à noter que trois des conseillers culturels du Président américain Georges W. Bush ont présenté leur démission pour le motif que l’Etat américain a laissé perdre ce patrimoine historique de manière délibérée. D’ailleurs, l’un de ces conseillers, dont le nom est Richard Laneer, a été jusqu’à déclarer : « Les Etats-Unis connaissent parfaitement le prix du pétrole, mais ils ignorent totalement l’importance et la valeur des vestiges historiques ». Toutefois, la vérité amère que nous devons comprendre est que les Etats-Unis connaissent et respectent l’histoire et les vestiges culturels et civilisationnels occidentales, en revanche, ils n’ont que faire de l’histoire arabe et musulmane dans laquelle ils ne voient que l’expression d’une culture ennemie qu’ils ont décidé d’éliminer. Qu’Allah fasse miséricorde au grand philosophe algérien Malek Bennabi qui a dit : « L’envahisseur ou le colonisateur n’amène pas avec lui ses valeurs dans les pays dont il fait la conquête ».
 

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