On trouve dans la Thora attribuée à Mûsâ () et plus exactement dans la Genèse les versets suivants : « Alors ils (Adam et Eve) entendirent la voix de l’Eternel Dieu, qui parcourait le jardin vers les soir, et l’homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Eternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. Mais l’Eternel Dieu appela l’homme, et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu la voix dans le jardin, et j’ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché. Et l’Eternel Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Es-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? L’homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé. Et l’Eternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fais cela ? La femme répondit : Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé. L’Eternel Dieu dit au serpent : Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. Il dit à la femme : J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, il dominera sur toi. Il dit à l’homme : Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais donné cet ordre : Tu n’en mangeras point ! Le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière et tu retourneras dans la poussière » (Le Pentateuque – Genèse 3/8-19).
Voici donc cette histoire telle qu’elle est racontée dans la Thora et sur laquelle les chrétiens ont appuyé leur croyance en la transmission du péché originel, et ce, bien que rien n’indique explicitement que la descendance d’Adam et Eve héritera effectivement de la responsabilité de ce péché ; bien au contraire, tout montre dans ce passage que tous les protagonistes de cette affaire, c’est-à-dire Adam, Eve et le serpent, ont été punis suite à leur faux-pas respectif, il est connu que même si un châtiment n’efface pas le péché au moins il n’est pas infligé deux fois.
Toutefois, les chrétiens ont un autre avis ; en effet, ils prétendent que ce péché qu’ont commis Adam et Eve (Alayhima Assalam) les a entachés de manière définitive, de plus ils l’ont légué à toute leur descendance, ainsi chaque individu sans exception qui vient au monde né avec ce péché. Mais les chrétiens croient également que le Seigneur a fait montre de bonté envers l’humanité pécheresse en lui envoyant Son unique fils, le Messie (Jésus), pour qu’il meurt sur la croix et donc par ce geste expie ce péché ; cette étrange logique est plus proche de la mythologie que de la réalité, et cela amène de nombreuses questions comme : est-ce que le Seigneur était incapable de pardonner les péchés sans envoyer Son fils – comme ils le prétendent – pour que ce dernier soit tué par les Juifs et les Romains ? Quelle est la situation des êtres humains qui sont morts avant ce sacrifice christique ? Sont-ils tous morts dans le péché ? Quel sera leur devenir dans l’au-delà ? Que dire à propos du châtiment subi par nos illustres parents, Adam et Eve, a-t-il été suffisant ou bien sont-ils eux aussi morts dans le péché ? Par ailleurs, nous sommes en droit de nous demander comment ce péché a-t-il pu se transmettre des parents à leurs enfants puis à toute l’humanité ? Et pourquoi le Messie n’a-t-il pas lui aussi transmis ce péché ? N’était-il pas né d’une mère qui avait à son tour hérité de ce péché de ses parents ? Un ensemble de questions auxquelles les chrétiens ne peuvent pas répondre si ce n’est par des raisonnements alambiqués que la raison ne peut accepter. Malgré tout, nous proposons au lecteur quelques paroles de certains chrétiens qui ont tenté d’expliquer ce phénomène de la transmission du péché. Ainsi, voici ce que dit un certain ‘Awd Sam’ân dans son livre intitulé La philosophie du pardon dans le christianisme : « Adam, dont toute l’humanité est issue, a, par sa désobéissance, perdu sa nature droite et saine, nature sur laquelle Dieu l’avait créé, et il est devenu un pécheur avant de donner jour à sa descendance, il était donc évident que tous ses enfants naissent pécheurs, car leur nature est identique à celle de leur père à tous Adam, parce qu’on a beau tourner notre regard partout dans ce monde, nous ne trouvons pas de changement dans la Loi de Dieu ; c’est pour cela que la révélation dit : « Le péché a pénétré dans ce monde par la faute d’un seul homme » (l’épîtres aux Romains 21- 5/12) ».
Calvin, l’un des grands docteurs du protestantisme, compare la transmission du péché originel à l’humanité à la transmission et la diffusion d’une épidémie, ainsi ce dernier affirme : « Nous avons mérité la punition divine à cause du péché commis par Adam, cela ne veut pas dire que nous étions préservés et innocents et que nous devons porter injustement le péché de notre père Adam, la vérité est que nous n’avons pas hérité seulement du châtiment de ce dernier, mais l’épidémie de ce péché originel s’est logée au plus profond de nous-mêmes, nous avons donc là une parfaite équité, nous pouvons comparer cette situation à celle du petit enfant qui est puni par sa mère, c’est lui qui subit cette punition car c’est lui qui a commis la faute et personne d’autre ».
Nudra al-Yâzudjî a quant à lui affirmé : « Adam est le meilleur exemple de ce qu’est un être humain, ce père de tous les êtres humains vivait dans le bonheur puis il a été déchu ; par conséquent, la chute d’Adam (sa perte du bonheur) est la chute de chaque être humain, et la faute d’Adam est la faute de chaque être humain. Cela ne signifie pas que le péché se transmet par héritage, car en effet celui-ci n’est pas un legs, mais cela signifie qu’Adam, qui est un être humain, a commis une erreur donc tous les fils d’Adam, qui sont eux-aussi des êtres humains, ont commis cette même erreur ».
Nous ne voyons pas où est l’évidence dans le fait qu’un enfant naisse en devant assumer l’erreur de son père et porté la responsabilité d’un péché qu’il n’a pas commis ? Par ailleurs, nous ne comprenons pas par quelle logique Calvin a pu comparer le péché originel à une épidémie qui se répand ? Comment est-il possible qu’un péché qui est le résultat d’un événement (la consommation du fruit de l’arbre défendu) qui s’est passé à une époque donnée et passée, et dont les responsables ont été châtiés, puisse se transmettre à travers les âges ? Quant à la parole d’al-Yâzudjî : « la chute d’Adam est la chute de chaque être humain », nous en réfutons la logique ; est-ce à dire que si un individu chute, c’est-à-dire qu’il commet une erreur, alors toute l’humanité va en porter la responsabilité ? La saine logique ainsi que les textes des Lois divines sont très clairs : un individu est le seul responsable de ses péchés et il est le seul à devoir en assumer les conséquences, il n’a aucun lien avec les actions d’autrui s’il n’en a pas été la cause, c’est cette logique qui est présente dans la Thora, les Evangiles et le Coran, c’est ainsi qu’on trouve dans le Livre d’Ezéchiel la parole suivante : « La parole de l’Eternel me fut adressée, en ces mots : Pourquoi dites-vous ce proverbe dans le pays d’Israël : les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en ont été agacées ? Je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Eternel, vous n’aurez pas lieu de dire ce proverbe en Israël. Voici, toutes les âmes sont à moi ; l’âme du fils comme l’âme du père, l’une et l’autre sont à moi ; l’âme qui pèche c’est celle qui mourra » (Ezéquiel 18/1-4). Dans ce même Livre on trouve également la parole suivante : « L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui » (Ezéquiel 18/20). Dans le Livre du Deutéronome voici que nous pouvons lire : « On ne fera point mourir les pères pour les enfants, et on ne fera point mourir les enfants pour les pères ; on fera mourir chacun pour son péché » (Deutéronome 24/16). L’Ancien Testament montre clairement que l’individu est rétribué selon ses actions et non selon celles de ses ascendants ou de ses descendants. On trouve dans le Livre de Jérémie : « Tu es le Dieu grand, le puissant, dont le nom est l’Eternel des armées. Tu es grand en conseil et puissant en action ; Tu as les yeux ouverts sur toutes les voies des enfants des hommes, pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses œuvres » (Jérémie 32/19). L’Ancien Testament nous dit que l’homme meurt à cause de ses péchés et non à cause de ceux des autres, ainsi on trouve dans le Livre des Chroniques (2) : « On ne fera point mourir les pères pour les enfants, et on ne fera point mourir les enfants pour les pères ; mais on fera mourir chacun pour son péché » (Chroniques (2) 25/4).
Tous ces textes tirés de l’Ancien Testament sont extrêmement clairs quant au fait que l’individu n’est aucunement responsable des péchés d’autrui, c’est d’ailleurs exactement le même discours que Jésus (), il a en fait confirmé ce principe, car en effet chaque fois qu’il sermonnait quelqu’un pour les fautes qu’il avait commises, jamais il n’évoquait l’idée d’un quelconque péché héréditaire, bien au contraire il incitait ses disciples à être purs et innocents comme des enfants, c’est ainsi que nous pouvons lire dans l’Evangile de Mathieu : « En ce moment, les disciples s’approchèrent de Jésus, et dirent : qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, et dit : je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez pas et si vous ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même » (Mathieu 18/1-5). Nous pouvons lire également ceci dans l’Evangile de Mathieu lorsque les disciples de Jésus repoussèrent des enfants : « Alors, on lui amena des petits enfants, afin qu’il leur imposât les mains et priât pour eux, mais les disciples les repoussèrent. Et Jésus dit : laissez les petits enfants et ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent ». Par conséquent, si les enfants naissaient dans le péché comme l’affirment les chrétiens, ils n’auraient pas été comparés à des anges du fait de leur innocence et de leur pureté.
Tout cela nous montre que même au sein du christianisme lui-même aucune logique, aucun raisonnement ni aucune loi ne confirme cette idée innovatrices de la transmission des péchés. Ceux qui évoquent cette idée le font seulement pour donner une justification à la crucifixion de Jésus, car en effet comme ce dernier est l’incarnation vivante du Dieu Tout-Puissant – comme le prétendent la plupart des chrétiens – lorsqu’on leur demande comment est-il possible que Dieu ait pu se laisser crucifier, humilier et tuer, ils répondent simplement : il (Dieu/Jésus) a fait cela pour purifier le monde de tous ses péchés. Si on suit cette logique est-ce que cela veut dire que chaque être humain naît dans l’impureté provoquée par le péché et que Jésus est le seul qui soit venu au monde totalement pur et préservé de ce péché ? Le problème est que nous ne comprenons pas comment il n’a pu naître avec ce péché alors que sa mère, elle, est née avec – toujours selon les croyances chrétiennes ? C’est là une logique bien étrange à entendre, mais ce qui est encore plus étonnant c’est de voir comment des générations de chrétiens à travers les siècles se sont accrochées de toutes leurs forces à cette croyance, et ce, malgré l’évidence des démonstrations qui prouvent qu’elle est erronée. Nous constatons donc qu’une fois de plus l’imitation aveugle et le fanatisme font d’une croyance illogique comme celle-ci une véritable religion à laquelle les gens s’accrochent et qu’ils sont prêts à défendre par tous les moyens.