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Une visite à l’hôpital

Une visite à l’hôpital

A chaque fois que Yasmine, une Américaine convertie, se remémore ses quatre accouchements, elle grimace et décrit son expérience comme une « vraie torture », non pas à cause de la douleur physique due à l’accouchement, mais à cause du traitement qui lui fut réservé par le personnel hospitalier. Elle admet que lors de ses différentes admissions la plupart du personnel fut très courtois et professionnel, mais elle ne peut pas faire abstraction d’autres événements qui lui font dire que sa dignité fut bafouée.  

Yasmine n’est pourtant jamais venue dans l’hôpital avec l’intention de faire des problèmes à qui que ce soit. Tout comme la plupart des femmes, elle n’a eu que pour intention de donner naissance à ses enfants et de rentrer chez elle. Là où les choses se sont corsées, c’est quand elle a fait part de l’une de ses requêtes, à savoir qu’aucun homme ne rentre dans sa chambre ou ne l’examine sans sa permission, cette requête a eu pour conséquence de faire dire au personnel que Yasmine en demandait beaucoup.

Yasmine nous dit que sa pudeur ne date pas de sa conversion, qu’elle a toujours était pudique et que même avant son Islam elle demandait déjà à être uniquement examinée par des praticiennes. « A moins que la situation ne soit une urgence, pourquoi devrais-je me faire examiner et me laisser toucher par un étranger sans aucune raison ? » demande-t-elle ostensiblement.

Une infirmière promit à Yasmine qu’elle ne serait examinée que par des femmes et que lors de son accouchement, seules des femmes l’assisteraient. Mais cinq minutes plus tard elle reçut la visite inopinée d’un infirmier et d’une infirmière. Cette situation fut vraiment embarrassante pour elle qui n’était vêtue que d’une chemise d’hôpital. Sous le choc elle fit ce qu’elle put pour se couvrir alors que son mari se mit en colère. En sortant ces deux intrus de la chambre, il demanda ce qu’avait pu arriver à la promesse faite il y avait moins de cinq minutes concernant l’intimité de sa femme.

L’homme s’avérait en fait être un interne qui n’était là que pour observer le travail de l’infirmière titulaire, non pour ausculter. Yasmine et son mari ont bien sûr refusé ceci, car leur demande n’était pas restreinte à l’auscultation mais aussi à l’observation.

Mais le problème ne s’arrêta pas là. L’infirmière se sentit offensée et devint froide et méprisante envers Yasmine, ne manquant pas à la moindre occasion possible de la brimer. Elle traita Yasmine avec dureté aussi bien physiquement que psychologiquement que ce soit avant pendant ou après l’accouchement. Malheureusement, Yasmine, n’osa protester se sentant démunie face à cette infirmière et craignant pour son intégrité physique et celle de son nouveau-né.

L’histoire de Yasmine nous permet d’identifier quelques problèmes auxquels les musulmans font face lorsqu’ils ont à se faire soigner en Occident, mais même si nous faisons preuve de compassion envers son expérience malheureuse, il ne faut pas nous en contenter, il nous faut développer des stratégies pour permettre à nos sœurs d’éviter de vivre des situations similaires.

La question de la pudeur est sans aucun doute l’unique problème majeur que la musulmane aura à régler à l’hôpital. Bien que l’Islam n’interdise pas à une femme de recevoir des soins de la part d’un médecin homme, il reste cependant préférable de consulter un médecin de sexe féminin si celle-ci est en mesure de donner les mêmes soins. Beaucoup de nos sœurs se privent de soins ne pouvant trouver un médecin de sexe féminin,  mais en cas de nécessité il est pourtant autorisé de se faire soigner par un homme. Qu’elles ne se sentent pas l’aise est un sentiment naturel et louable, mais se priver de traitement est un fait bien plus préjudiciable.

La plupart des musulmanes qui accouchent pour la première fois voient leur choix se porter naturellement vers un médecin femme que ce soit pour la gynécologue ou la sage-femme. Mais choisir un praticien femme n’est en vérité que le premier pas pour parvenir à préserver son intimité dans le monde hospitalier.

Il est important de savoir que beaucoup de praticiens travaillent en équipe et que les équipes incluent aussi bien des hommes que des femmes. Si votre praticienne n’est pas disponible au moment de l’accouchement, un de ses collègues sera appelé pour la remplacer. Dans le cas des sages-femmes, il faut noter qu’elles ne sont pas habilitées à pratiquer la chirurgie d’urgence et ont besoin de l’assistance du docteur en chef durant les actes médicaux compliqués. N’étant pas à l’abri d’imprévus, il est nécessaire pour éviter tout problème, de se renseigner au préalable et de chercher une praticienne, une sage-femme, etc. affiliées à un groupe comprenant uniquement des femmes. Si ceci est impossible, il reste cependant la possibilité d’informer votre docteur que vous préférez en cas de remplacement avoir un docteur de sexe féminin plutôt que masculin, et garder avec soi le numéro de téléphone de l’une de ses collègues durant la semaine où l’accouchement est prévue permet d’avoir une sécurité.

Développer une relation cordiale et saine avec son docteur ou sa sage-femme est l’une des clés pour faire de son accouchement une expérience positive. Plus la compréhension mutuelle est importante, plus les choses se dérouleront positivement à l’hôpital. Il est important de ne pas attendre les derniers instants pour parler des points qui sont importants, tels que votre pudeur, le respect de votre intimité, etc. Essayez d’en parler lors de votre premier rendez-vous.

Faites au cours des rendez-vous qui ponctueront la grossesse un travail de sensibilisation de la praticienne aux attentes des musulmans. Cette da’wa doit se faire naturellement au fil de la conversation et non pas être forcée. Si elle semble intéressée par votre discours et sensible à ces arguments, qu’elle pose des questions et prend des notes, ceci est un signe positif qui démontre sa volonté de vouloir travailler avec une patiente musulmane. Il faut garder en tête que cette expérience avec une musulmane est peut-être sa première et que par conséquent elle a besoin d’être rassurée sur la bonne volonté, le savoir-vivre des musulmans et sur le fait qu’en cas de nécessité un médecin homme ne se verra pas refuser l’accès à la patiente et que celle-ci ne refusera donc pas les soins nécessaires. Plus elle verra de flexibilité et de capacité d’adaptation chez la patiente, plus elle se sentira à l’aise pour travailler avec elle.

Même si la question de l’intimité a été abordée, traitée et comprise en début de grossesse, rien n’empêche d’en discuter encore à la fin de celle-ci. Non seulement ceci permettra de s’assurer de la bonne compréhension des attentes, de rafraichir la mémoire de la praticienne mais aussi d’évoquer les moyens concrets que vous pourrez mettre en place pour y parvenir durant l’accouchement. Durant un accouchement sans complication où la présence du médecin en chef n’est pas nécessaire, il est tout à fait normal qu’un infirmier entre dans la salle de travail pour faire une analyse sanguine, examiner le nouveau-né, etc. Une praticienne compréhensive et réceptive informera le personnel médical de vos souhaits et n’autorisera que des femmes à entrer. C’est aussi une très bonne idée de placer sur la porte une note informant que les hommes ne sont pas autorisés à pénétrer dans la salle. Pour finir si un homme doit entrer dans la salle de travail, il doit être donné à la patiente le temps suffisant pour lui permettre de se vêtir selon son souhait.

A la lumière des problèmes rencontrés par les musulmanes dans le monde hospitalier, il semble opportun qu’un dialogue soit ouvert entre les représentants de la communauté musulmane et ceux des ministères de la santé et des centres hospitaliers. Dans certains endroits ceci a pu être fait et les musulmans ont pu obtenir certains droits afin de garantir leur intimité, d’obtenir de la nourriture halal ou que l'om s'occupe de leurs morts de manière convenable.
 

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