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Le rôle du legs pieux dans le domaine de la santé

Le rôle du legs pieux dans le domaine de la santé


 

Les savants ou penseurs musulmans qui se sont penchés dans leurs études sur le legs pieux islamique et sur sa dimension civilisationnelle sont unanimes pour louer le fait que ce dernier a joué très tôt un rôle important en ce qui concerne la protection sanitaire et médicale des membres de la société musulmane.

Rôle positif du legs pieux dans le domaine de la protection médicale :

Ceux qui ont fait des recherches sur le legs pieux islamiques ont abouti, après la lecture de nombreux documents, livres d’histoire et récits d’époque, à la conclusion que de nombreux centres médicaux et hôpitaux dispersés dans tous les territoires et villes du monde islamique médiéval appuyaient beaucoup leur financement et leurs frais de fonctionnement sur les ressources financières du legs pieux.
De même que les sources évoquent le fait qu’une grande part de l’argent des legs pieux était même consacrée à l’édification d’hôpitaux, à leurs dépenses courantes, aux médicaments et autres remèdes incontournables utilisés en leur sein. Certains chercheurs de ce domaine ont même parlé des diverses sortes de centres médicaux financés par le legs pieux, il semblerait qu’il en existait six grandes catégories : les grands hôpitaux, les petits centres médicaux, les dispensaires ambulants, les hôpitaux des prisons, les pharmacies et autres réserves de médicaments et enfin les écoles de médecine. Nous allons donc voir ci-dessous en détail quelques-unes de ces institutions qui étaient fort salutaires pour la société :

Les grands hôpitaux :

Le premier grand hôpital de l’histoire de la civilisation islamique est le Bîmâristân, il fut édifié à Bagdad sur l’ordre du calife Hârûn al-Rachîd qui régna entre 170 et 193 de l’Hégire, par ailleurs, d’autres hôpitaux furent construits dans la capitale abbasside comme l’hôpital d’al-Sayyida, qui était la mère du calife al-Muqtadir billah, ce dernier ouvrit ses portes en 203 de l’Hégire, et ce même calife fit également construire un autre hôpital à Bagdad qui fut nommé l’hôpital d’al-Muqtadir. Puis d’autres grands hôpitaux virent encore le jour à Bagdad, laquelle en disposait de cinq au début du quatrième siècle de l’Hégire.
L’intérêt que portaient les musulmans sur la santé et ses différents services était tellement grand qu’ils consacrèrent un legs pieux afin de construire des quartiers entiers et complets dédiés à cette spécialité, c’est ainsi que le chroniqueur voyageur musulman Ibn Djubayr raconte dans son récit de voyage qu’il vit à Bagdad un quartier entier consacré aux services médicaux ressemblant quasiment à une petite ville. Ce dernier quartier était appelé Sûq al-Mâristân, on y trouvait en son centre un somptueux palais entouré de jardins et d’innombrables demeures appartenant toutes au legs pieux, ces maisons étaient dédiées à l’accueil des malades de même qu’y vivaient les médecins, les pharmaciens et autres étudiants en médecine. Toutes les dépenses permettant le fonctionnement de ce lieu étaient donc assurées par les legs pieux qui étaient alors très répandus à Bagdad.
Les livres d’histoire évoquent aussi les hôpitaux qui furent fondés en Egypte grâce à l’argent des legs pieux, parmi ces derniers on trouve notamment l’hôpital édifié par al-Fath ibn Khâqân qui était le vizir du calife abbasside al-Mutawwakil ‘ala Allah, on trouve également un autre hôpital qui fut construit quant à lui sur l’ordre du prince égyptien Ahmad ibn Tûlûn qui lui donna d’ailleurs son nom, il s’assura que tous ses frais de fonctionnement seraient assurés par un legs pieux, notons qu’il fut construit en son sein des bains pour les hommes et d’autres pour les femmes.
L’un des grands hôpitaux les plus célèbres de l’époque ayyoubide et mamelouke fut celui que fit édifier en Egypte Salâh al-dîn al-Ayyûbî ; par ailleurs, les chroniqueurs et autres voyageurs évoquent également l’hôpital qui fut fondé par le roi Qalâwûn en Egypte, il en fit un legs pieux dont le but était de soigner les malades musulmans, le célèbre voyageur Ibn Batûta dit à son sujet : « Il est difficile de décrire tous ses bienfaits, il comporte un nombre incalculable de remèdes, d’annexes et de services »
Notons aussi que les villes de l’Andalus comportaient de nombreux grands hôpitaux et autres institutions consacrées à la santé, et à ce propos certains chercheurs ont rappelé que la ville de Cordoue disposait d’environ cinquante hôpitaux qui étaient financés par l’argent des legs pieux eux-mêmes alimentés par les dons des califes et autres princes.
Le financement du système médical par les legs pieux fut également une réalité dans le Maghreb, c’est ainsi que de grands hôpitaux furent construits dans les villes les plus importantes, les historiens les ont d’ailleurs beaucoup évoqués et notamment l’un des hôpitaux les plus imposants qui est l’hôpital de Sayyidî Fardj se trouvant dans la ville de Fès, celui-ci fut édifié par le sultan Yûsuf ibn Ya’qûb al-Marînî, l’argent rapporté par de nombreux biens immobiliers fut consacré aux dépenses générées par cet hôpital. Il est intéressant de noter que selon les historiens une partie de l’argent du legs pieux de cet hôpital était consacré aux soins des cigognes.

Les centres médicaux :

Ces centres dispensaient des services médicaux aux gens du quartier dans lequel il se trouvait, on les trouvait le plus souvent près des mosquées de quartier ou de la grande mosquée de la ville.

Les dispensaires ambulants :

Ces derniers étaient de deux genres : le premier genre consistait en un dispensaire composé d’une équipe médicale mobile qui était envoyée dans des endroits isolés, éloignés et ruraux afin de remédier aux problèmes médicaux rencontrés par les habitants de ces zones ; ce type de dispensaires s’était multiplié durant les périodes où sévissaient des épidémies. Le second genre de dispensaire était en fait des hôpitaux militaires ou de campagne qui accompagnaient les armées musulmanes lors de la guerre.

Les hôpitaux des prisons :

Ces derniers étaient en fait des dispensaires rattachés à l’administration des prisons, leur but était de fournir des services médicaux aux prisonniers.

Les hôpitaux spécialisés :

En plus des catégories d’institutions médicales financées par le legs pieux citées ci-dessus, il faut savoir que les musulmans ont également mis en place des hôpitaux spécialisés chargés de soigner des maladies en particulier, parmi ceux-ci on trouve les hôpitaux consacrés à la lèpre, les personnes atteintes par cette maladie y étaient rassemblées afin de préserver la société du mal extrêmement dangereux dont elles étaient porteuses ; on trouve également les hôpitaux psychiatriques dont la mission était dans la mesure du possible d’essayer de soigner cliniquement et psychologiquement les malades mentaux.
Il nous semble essentiel de signaler que tous les services médicaux dispensés dans les hôpitaux et centres étaient gratuits, c’est-à-dire que les remèdes, les médicaments, les soins, les opérations ou encore la nourriture ne coûtaient strictement rien aux patients, et ceci était possible grâce au financement prodigué par les legs pieux que les musulmans destinaient à cet objectif hautement humanitaire. Notons enfin que dans tout le monde musulman depuis longtemps et jusqu’à une époque récente la santé était financée essentiellement par la générosité des uns et des autres, on ne trouvait alors pas de ministère qui lui était dédié comme c’est le cas à notre époque.

Le legs pieux et les sciences médicales :

Il est important d’indiquer également que le système du legs pieux a joué un grand rôle dans le développement des sciences médicales, car en effet les hôpitaux, dont le financement dépendait essentiellement de ce système, n’étaient pas limités à la dispense de soins, mais on y enseignait également la médecine ; ainsi, il y avait au sein des grands hôpitaux des salles spécialement consacrées à l’enseignement des sciences médicales.

Ahmad Abû Zayd

Source : Islamstory, traduction Islamweb.
 

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