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Le dernier mois de Ramadan

Le dernier mois de Ramadan

Il nous arrive souvent de négliger les premiers jours du mois de Ramadan faute de nous y être suffisamment préparés et parce que nous ne ressentons ni la valeur du jeûne, ni le plaisir de la récitation du Coran, ni l’humilité de la prière nocturne…
Ces moments sont précieux et les prédicateurs, les savants et les orateurs doivent établir un programme durant le mois de Cha’bâne, pour soulever l’ardeur des gens, motiver les paresseux, et les inciter à multiplier les jours de jeûne, la lecture du Coran et la prière nocturne pour accueillir le mois de Ramadan en étant habitués à ces actes et ne pas les négliger par insouciance.
II ne fait aucun doute que cela est une chose merveilleuse. En effet, le joueur qui ne s’échauffe pas et ne s’entraîne pas avant le match ne peut pas disputer ce match en étant prêt. Il en est de même pour le musulman et la musulmane qui sont surpris par le mois de Ramadan et qui ne maîtrisent pas l’utilisation de leur temps et la manière de mettre à profit chaque instant.
Cependant, je pense que la chose la plus importante est que nous oublions souvent de nous préparer mentalement en prévision de ce mois sacré. Nous devons guetter l'arrivée de ce mois, avoir la nostalgie de ses jours et ses nuits, compter les nuits nous séparant de celui-ci et craindre de ne pas l’atteindre.
Cet état émotionnel est difficile à atteindre, mais celui qui y parvient avant le début du mois de Ramadan, jouit vraiment de ce noble mois et profite avec plaisir de chaque moment et de chaque instant.
Le moyen le plus facile d’atteindre cet état émotionnel exceptionnel c'est d’imaginer que le mois de Ramadan qui arrive sera votre dernier mois de Ramadan dans ce monde !!
Le noble Prophète () nous a conseillés de nous rappeler constamment de la mort et a dit : «Rappelez vous souvent la mort la réalité qui détruit les plaisirs» (Al-Albâni : Sahîh). Il ne précisa pas combien de fois nous devons nous rappeler de la mort. Faut-il par exemple s'en rappeler une fois par jour, une fois par semaine, plus que cela ou moins ? Il nous laissa décider, en fonction de notre foi. Alors que certains d’entre nous ne se rappellent de la mort que lorsqu’ils voient un mort, rendent visite à un malade ou lors des prêches et des discours, ’Abd Allah Ibn ‘Umar, qu'Allah soit satisfait de lui, disait : « Lorsque vient le soir, n'envisage pas de vivre jusqu'au lendemain matin et si tu vis jusqu'au lendemain, n'envisage pas de vivre jusqu'au soir. »
Il a dit ces paroles en commentant le hadith du Prophète () : « Sois dans ce monde comme si tu étais un étranger ou quelqu'un de passage. » (Boukhari)
Le Prophète () indique qu’il faut se rappeler de la mort tous les deux jours en disant :
« Il n’appartient pas à un musulman possédant chez lui un bien à même d’être légué de passer deux nuits chez lui sans indiquer par écrit ses dernières volontés. » (Boukhari)
Donc, supposer que le prochain mois de Ramadan sera le dernier pour vous dans ce monde, est une supposition très réaliste et essayer d’atteindre cette sensation est une exigence prophétique et les témoignages pratiques confirment et consolident cela. En effet, combien d’amis et de connaissances étaient avec nous durant le mois de Ramadan passé et sont aujourd’hui dans leurs tombes ? La mort survient sans préavis et personne n’en revient. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :
«Puis, quand la mort se présente à l'un d'eux, il s'écrie : «Seigneur, fais-moi revenir sur Terre, afin que j'accomplisse ) quelques bonnes actions que j'avais négligé de faire !» Oh que non ! Ce n'est là qu'une vaine parole, car derrière eux se trouve dressée une barrière jusqu'au Jour de la Résurrection.» (Coran 23/99-100)
Revenir de la mort est une chose impossible. Mais imaginons un peu ceux qui sont morts. Ils voudraient certainement revenir. Celui qui n'était pas bon aimerait revenir pour se repentir et celui qui était bon aimerait revenir pour augmenter ses bonnes actions. Et si nous mourions durant le prochain mois de Ramadan ?! Si tel venait à être notre destin, nous formulerions, une fois morts, le souhait de revenir dans ce monde pour jeûner le mois de Ramadan d’une manière plus bénéfique pour nous dans nos tombes ou dans l’au-delà. Imaginons donc que nous revenions à la vie et que nous ayons une dernière chance pour rattraper ce que nous avons manqué durant notre longue vie, pour peser sur le plateau de bonnes actions de la Balance et nous préparer convenablement à rencontrer notre Souverain, Allah, exalté soit-Il.
Tel est l'esprit qui nous permettra par la grâce d'Allah, exalté soit-Il, de réussir dans notre préparation et nos actes durant ce noble mois. Il ne s'agit pas d'un pessimisme comme certains le pensent, d’une vision qui nous incite à œuvrer et en même temps à dépenser, à sacrifier et à donner. Les Musulmans firent de nombreuses conquêtes militaires et la terre entière se soumit à eux grâce à cette vision anticipée de la mort. Ils étaient toujours prêts à rencontrer Allah, exalté soit-Il.
Quelles magnifiques paroles que celles dites par Khâlid Ibn al-Walîd, qu'Allah soit satisfait de lui, au roi des Perses Urmuz en décrivant l’armée musulmane venue en Mésopotamie. Il dit : « Je suis venu à toi avec des hommes qui aiment la mort autant que vous aimez la vie ! »
Ces hommes qui aiment la mort atteignirent la gloire et remportèrent tous les honneurs. Certains moururent en martyr et la plupart d’entre eux vécurent dans l'aisance sur terre et en possédant ce monde. Cependant, ils n'eurent jamais de penchant pour ce dernier. Comment aurait-ce été le cas alors qu’ils croyaient fermement que la mort pouvait survenir le lendemain ou le surlendemain ?!
Maintenant, que ferais-je si j'étais sûr que ce mois de Ramadan était le dernier pour moi ?!
Si j'étais sûr de cela, je ne négligerais jamais une obligation qu’Allah, exalté soit-Il, m’a prescrite. Au contraire, je m’efforcerais de l’accomplir d'une manière plus parfaite et plus soignée. Je n'accomplirais mes prières qu’à la mosquée. Plus question pour moi de perdre ma concentration durant la prière. Je serais parfaitement concentré. Je ne l’accomplirais pas à la hâte, mais je la prolongerais et prendrais plaisir à la faire. Le Prophète () a dit : « Le comble de ma satisfaction réside dans la prière. » (Al-Nasâ’i, al-Albâni : Sahîh)
Si j'étais sûr que ce mois de Ramadan était mon dernier, je veillerais à ce que rien ne vienne altérer mon jeûne, car parfois, le jeûneur ne retire de son jeûne que la faim et la soif. Au contraire, je rechercherais la récompense de chaque instant dans le sentier d’Allah, exalté soit-Il, et je combattrais moi-même le diable et les tentations de ce monde avec le jeûne. Le Prophète () a dit :
« Quiconque jeûne le mois de Ramadan avec une foi sincère et espère la rétribution d'Allah, sera absous de tous ses péchés antérieurs. » (Boukhari, Mouslim)
Si j'étais sûr que ce mois de Ramadan était mon dernier, je veillerais à accomplir la prière de Tarawîh à la mosquée et je prendrais plaisir à écouter le récitateur pendant qu'il parcourt le Coran de la première à la dernière page et je méditerais avec lui et je ferais des efforts pour comprendre. Après la longue prière de Tarawiih, je reviendrais chez moi avec l'envie de lire les paroles de mon Seigneur et j’ouvrirais le Coran, j’accomplirais la prière nocturne et je lirais à nouveau le Coran entre la prière de l’aube et le lever du soleil afin de continuer. Ce sont les paroles de mon Seigneur ! Akrima Ibn Abî Djahl, qu'Allah soit satisfait de lui, ouvrait le Coran et le mettait au-dessus de ses yeux puis pleurait en disant : « Les paroles de mon Seigneur… les paroles de mon Seigneur… »
Si j'étais sûr que ce mois de Ramadan était mon dernier, je ne m'aventurerais pas à désobéir, je ne feuilleterais pas les journaux et les magazines pour chercher les horaires des séries télévisées, des films et des émissions obscènes. Les instants de la vie sont comptés et il n’est pas raisonnable que je détruise l'édifice que j'ai construit. Voici l’énorme édifice que j’ai construit durant le mois de Ramadan avec mon jeûne, ma prière nocturne, ma lecture du Coran, l’aumône… Comment pourrais-je le démolir avec un regard illicite, une parole obscène ou un rire insolent ?!
Durant mon dernier mois de Ramadan, je n’accepterais pas de perdre mon temps et de dormir pendant de longues heures, alors comment accepterais-je des actes de désobéissance, les péchés, et les fautes ?! Cela n’est nullement raisonnable.
Si j'étais sûr que ce mois de Ramadan était mon dernier, je ne thésauriserais pas l’argent pour moi-même ou pour mes héritiers, mais je regarderais ce qui m’est bénéfique auprès de mon Seigneur et je chercherais de toutes mes forces un pauvre, un étudiant dans le besoin, un jeune qui cherche à rester chaste sans y arriver, un musulman dans la difficulté ou d’autres personnes dans le besoin et la difficulté.
Je me tiendrais auprès d’eux avec mon argent, aussi petite soit ma fortune. Telles sont les choses qui me resteront. Quant aux choses que l’on garde, elles partiront !
Si j'étais sûr que ce mois de Ramadan était mon dernier, je n’oublierais pas ma communauté, car ses dilemmes et ses blessures sont nombreuses. Comment pourrais-je rencontrer mon Seigneur sans être inquiet pour ma communauté ? La Palestine est assiégée, l’Iraq est occupé tout comme l’Afghanistan, la Tchétchénie est persécutée, le Cachemire est opprimé, le Soudan est divisé, la Somalie est détruite. Des monstres ravagent la terre et les musulmans n'en sont pas conscients.
Que vais-je dire à mon Seigneur lorsque je Le rencontrerai demain ?!
Est-il acceptable de dire que j’étais occupé à suivre un match, plongé dans les nouvelles du cinéma et de la chanson ou même occupé par ma propre personne et ma famille ?
Où est la sensation de former une seule et même communauté ?!
Est-ce que je peux prétexter la fièvre et l’insomnie pour justifier mon laxisme face aux blessures dont les musulmans sont atteints dans le monde entier ?!
Par Allah ! Même si j’étais occupé par ma prière et ma prière nocturne, mon Seigneur accepterait-il mon excuse d'avoir oublié ces hommes assassinés, ces femmes violées, ces enfants déplacés, ces maisons détruites, ces terrains ravinés et ces lieux saints violés ?!
Le Prophète () rompit son jeûne et ordonna aux musulmans de le rompre alors qu’ils se rendaient à La Mecque pour la conquérir après la trahison des tribus de Quraych et de Banû Bakr…
Le jeûne se remet à plus tard, mais pas le Jihad…
Ceci n’est pas ma jurisprudence ni la vôtre, mais celle du Prophète ().
Voilà comment doit être mon dernier mois de Ramadan.
Voilà comment doit être ma vie toute entière.
Que se passera-t-il si je devais vivre encore après le mois de Ramadan ? Accepterai-je qu’Allah, exalté soit-Il, me voie durant le mois de Chawwâl et de Radjab en étant insouciant, négligent et frivole ?!
Quel magnfique conseil que celui donné par Abû Bakr al-Siddîq, qu'Allah soit satisfait de lui, à Abû ‘Ubayda Ibn al-Djarâh, qu'Allah soit satisfait de lui, lorsqu’il lui faisait ses adieux avant que ce dernier ne parte combattre en Syrie.
Abû Bakr lui dit : « Ô Abû ‘Ubaydah, fais le bien, vis en combattant dans le sentier d’Allah et meurs en martyr »
Quel magnifique conseil et quelle profonde compréhension !!
Les bonnes œuvres ne suffisent pas. Il faut aussi faire le Jihad dans le sentier d’Allah, qui représente le sommet de l'honneur et la gloire en Islam, et ce dans tous les domaines de la vie. Il y a le Jihad par le corps en combattant les ennemis des musulmans, un Jihad par la langue contre un dirigeant oppresseur, un Jihad par le Coran contre ceux qui ont des doutes, un Jihad par la Da’wa contre ceux qui négligent la religion d’Allah, un Jihad contre soi-même contre les passions et le diable, un Jihad dans l’obéissance et l’adoration d’Allah, exalté soit-Il, un Jihad contre les péchés et les désirs…
C’est la vie du Mudjahid.
Il y a une différence entre celui qui a lutté un moment ou deux et celui qui a passé sa vie à lutter.
Ensuite, le Jihad ne suffit pas !!
Nous devons également mourir en martyr.
Comment mourir en martyr alors que nous ne choisissons pas le moment de la mort, ni où et comment nous allons mourir ?!
Nous n’avons pas besoin de parler beaucoup pour expliquer la signification précise de cela. Il nous suffit d’indiquer la parole du Prophète () pour que la signification devienne claire. Le Prophète () a dit :
« Celui qui demande à Allah, avec sincérité, la mort en martyr, Allah le promouvra au rang des martyrs, même s’il meurt dans son lit. » (Mouslim)
Cher frère musulman, chère sœur musulmane, remarquez les termes « avec sincérité » que le Prophète () a mentionnés. Allah, exalté soit-Il, observe nos cœurs, connaît nos intentions et notre situation.
Ma chère communauté bien-aimée,
La pleureuse professionnelle ne peut pas être comparée à la mère qui pleure son enfant.
Durant le dernier mois de Ramadan de notre vie, nous n'allons plus simuler les actes d’obéissance. Car nous savons que l’obéissance au Miséricordieux est notre voie vers le Paradis et qu’Allah, exalté soit-Il, n’a pas besoin qu'on lui obéisse et Il n’est pas affecté par la désobéissance. Quant à nous, nos œuvres, notre Jihad et notre martyr ne peuvent que nous être utiles.
Ô communauté, œuvrez, faites le Jihad et soyez sincères
Il nous reste moins à vivre dans ce monde que ce que nous avons déjà vécu…
La personne perspicace est celle qui voue son être et ses œuvres à ce qu’il y a après la mort…
J’implore Allah, exalté soit-Il, de renforcer l’Islam et les Musulmans…
Écrit par le Dr. Râgheb al-Serdjâni
 

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