« Vous avez une meilleure connaissance de vos affaires matérielles. »
Les Prophètes d'Allah, Alaihim Assalam, forment l'élite de l'humanité et sont les plus honorables de tous les gens, aux yeux d'Allah, le Très-Haut. Ils ont été choisis par Allah qui leur a confié la tâche de transmettre Ses commandements à Sa création.
Allah, le Très-Haut, a dit (selon la traduction du sens du verset) :
· « C’est à eux que Nous avons apporté le Livre, la sagesse et la prophétie. » (Coran 6/89) ¬
· « Voilà ceux qu’Allah a guidés : suis donc leur direction [...] » (Coran 6/90) ¬
La Oumma (communauté musulmane) a accepté à l’unanimité que les messagers d'Allah, Alaihim Assalam, sont infaillibles en ce qui concerne la transmission de la Révélation divine. Cela signifie essentiellement qu'ils ne mentent jamais, qu’ils n'oublient pas ni ne commettent d'erreurs à cet égard.
Al-Qâdî 'Iyâd, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« Les Prophètes d'Allah, Alayhim Assalam, sont exempts de toutes déficiences, physiques et morales. »
Ibn Taymiyyah, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« Les versets coraniques qui établissent le caractère prophétique des prophètes d'Allah, Alaihim Assalam, indiquent qu'ils étaient infaillibles en ce qui concerne la communication de la Révélation divine. Cela signifie que, quelle que soit la Révélation divine qu'ils ont transmise, c'était incontestablement la Vérité. C'est l'essence même du caractère prophétique. »
Ibn Hajar, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« L'infaillibilité des prophètes d'Allah, Alaihim Assalam, signifie qu’ils sont protégés contre toutes les imperfections, qu’ils se distinguent par les aspects de la perfection spirituelle, qu’ils sont bénis avec le soutien et la constance dans tous les domaines et que la sérénité descend sur eux. »
Lorsque le Prophète () a émis un Ijtihad (raisonnement personnel) qui s’est avéré erroné, cela n’est pas venu infirmer son infaillibilité, car il () était soutenu par la Révélation divine. Chaque fois que son Ijtihad était correct, il () ne recevait aucune correction de la part d’Allah, le Très-Haut. Cette absence d’intervention divine est un signe de l'approbation d'Allah concernant l’Ijtihad de Son Messager (). Cela indique qu'il est obligatoire de suivre son Ijtihad à cet égard. Cependant, si son Ijtihad s'avérait ne pas être optimale, la Révélation divine venait le corriger, clarifiant ce qui était l’opinion optimale à adopter à cet égard (comme l'incident concernant les prisonniers de guerre dans la campagne de Badr). En fait, la présence de telles corrections divines fait en sorte que l'Ijtihad du Prophète () fait partie intégrante de la Révélation divine. Cette présence fait de l’Ijtihad du Prophète () une décision contraignante qui doit être obéie et implique que sa violation est interdite. C'est la principale différence entre l'Ijtihad du Prophète () et celui des oulémas de sa communauté., qu’Allah leur fasse miséricorde. Quant à ses Ijtihads et à ses opinions personnelles à propos de questions matérielles qui se sont avérées erronées (ou non optimales), cela ne contredit en aucune façon le fait qu’il était un prophète et qu’il était infaillible en tant que tel. C'est parce qu'il est concevable que les prophètes et les messagers d'Allah, Alaihim Assalam, puissent se tromper en ce qui concerne les questions relatives aux affaires matérielles de ce bas monde. Cela ne sape en rien leur caractère prophétique ni ne contredit leur infaillibilité en matière religieuse.
Certains sceptiques qui promeuvent des doutes sur la Sunnah (tradition) du Prophète () et son infaillibilité ont mis de l’avant, comme preuve de leurs doutes, l'incident où il () a donné son opinion personnelle sur la pollinisation artificielle des palmiers à Médine, car cette opinion s'est avérée fausse par la suite.
Il a été rapporté par Mouslim sous l'autorité de Râfi' ibn Khadîj, qu’Allah soit satisfait de lui :
« Quand le Messager d'Allah () est venu à Médine, les gens pollinisaient artificiellement les palmiers. Il a dit : ‘Que faites-vous ?’ Ils ont répondu : ‘Nous avons l'habitude de faire cela’. Sur quoi, il a dit : ‘Peut-être que si vous ne le faites pas, ce sera [aussi] bien’. Ils ont donc délaissé cette pratique, puis il y a eu une baisse de la récolte. Ils lui en ont parlé et il [leur] a répondu :
‘Je ne suis qu’un être humain. Chaque fois que je vous ordonne de faire quelque chose concernant votre religion, adhérez-y, mais chaque fois que je vous ordonne de faire quelque chose en fonction de mon opinion personnelle, (gardez à l'esprit) que je ne suis qu'un être humain.’ » (Mouslim)
Anas ibn Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, a rapporté que le Prophète () est passé à côté de gens qui pollinisaient artificiellement des palmiers et a dit :
« ‘Si vous ne le faites pas, elles (les dates) vont quand même murir correctement’, mais les dattes sont sorties de mauvaise qualité. Plus tard, il est passé par hasard à côté d'eux et leur dit : ‘Qu'est-ce qui ne va pas avec vos palmiers ?’ Ils ont dit : ‘Tu nous as dit ceci et cela (et nous avons agi selon tes conseils).’ Il a répondu : ‘Vous êtes plus informés [que moi] au sujet de vos propres affaires matérielles.’ » (Mouslim)
Dans une autre version de ce Hadith, narré par Talha ibn ‘Ubaydillah, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète () a dit :
« Si cela leur est profitable, alors laissez-les faire (polliniser artificiellement les palmiers). C'était juste une hypothèse de ma part. Ne me blâmez donc pas pour une hypothèse. Cependant, chaque fois que je vous transmets quelque chose de la part d’Allah (Révélation divine), adhérez-y. Je ne mentirais jamais à propos d’Allah. » (Mouslim)
Le Prophète () n'avait pas l'intention de changer leur pratique de pollinisation des palmiers. C'était plutôt un Ijtihad de sa part concernant une affaire de ce bas monde [sans conséquence sur la vie de l’au-delà]. Son opinion pouvait être bonne ou mauvaise. Ceci est attesté par ce qu'il () a dit dans le Hadith, rapporté par Talhah ibn 'Ubaydillah, qu’Allah soit satisfait de lui :
« Si cela leur procure un avantage, laissez-les faire. Ce n'était qu'une supposition de ma part. Ne me blâmez pas pour une supposition [...] »
Les Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, avaient supposé à tort qu'il () leur avait interdit cette pratique, basée sur la Révélation divine. [Il leur a dit qu’il n’en était rien], puis il () leur a expliqué que chaque fois qu'il leur communique la Révélation divine, il ne se trompe jamais. C'est pourquoi il () leur dit :
« […] chaque fois que je vous transmets quelque chose de la part d’Allah, adhérez-y. Je ne mentirais jamais sur Allah. »
Ici, mentir signifie « faire une erreur ». Cela signifie donc qu’il n’aurait jamais fait d'erreurs quant à la Révélation divine qu’il a transmise. Il n'est pas concevable que le Hadith veuille dire « mensonge » dans son sens littéral, parce qu'il () était infaillible à ce sujet, même s'il transmettait quelque narration d'un autre qu'Allah. Par conséquent, il () a dit, dans le Hadith rapporté par Râfi' ibn Khadîj, qu’Allah soit satisfait de lui :
« Je ne suis qu’un être humain. Chaque fois que je vous ordonne de faire quelque chose concernant votre religion, adhérez-y, mais chaque fois que je vous ordonne de faire quelque chose selon mon opinion personnelle, (gardez à l'esprit que) je ne suis qu'un humain. »
Dans son commentaire sur ces Hadiths, Al-Munâwi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« Les paroles du Prophète () suivantes : ‘Je ne suis qu'un être humain’ signifient qu'il était leur égal du côté humain. Cela ne signifie pas qu’il était leur égal concernant son autorité en matière religieuse.
Il s'agit d'une référence à la Parole d'Allah, le Très-Haut, (selon la traduction du sens du verset) :
‘Dis : Je suis en fait un être humain comme vous à qui il a été révélé [...]’ (Coran 18/110)
Il était égal aux autres êtres humains dans son humanité, mais il () se distinguait d'eux par le devoir de transmettre le Message divin.
La parole suivante du Prophète, , :
‘Chaque fois que je vous ordonne de faire quelque chose concernant votre religion, adhérez-y’
signifie :
‘Si je vous ordonne de faire ce qui vous est profitable en ce qui concerne votre religion, obéissez-y, car c'est toujours la vérité et c'est toujours correct.’
Sa parole :
'Mais chaque fois que je vous ordonne de faire quelque chose à en fonction de mon opinion personnelle, (gardez à l'esprit que) je ne suis qu'un humain'
signifie :
‘Si je vous ordonne de faire quelque chose qui concerne les affaires de ce monde, alors sachez que je suis un être humain. Mon opinion personnelle sur les questions matérielles peut être bonne ou mauvaise.’ Il a dit cela parce qu'un être humain est sujet à l'oubli et à l'erreur. Ici, par le terme 'opinion', le Prophète () a voulu dire : ‘une opinion personnelle à propos des questions temporelles relatives à ce bas monde [sans liens avec l’au-delà].’ »
An-Nawawi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a compilé les Hadiths sur la pollinisation artificielle des palmiers, cités dans le Sahih (recueil de hadiths authentiques) de Mouslim, sous le titre suivant Chapitre sur l'obligation de se conformer aux commandements du Prophète () au sujet des questions religieuses et non à ses opinions personnelles sur les questions matérielles
Dans ce chapitre, il a commenté le Hadith suivant :
« Vous êtes plus informés [que moi] au sujet de vos propres affaires matérielles. »
Il en a dit :
« Les oulémas ont dit que cela signifie : ‘Vous êtes davantage avertis en ce qui concerne les affaires de ce bas monde par rapport à celles relatives à la Charî'a (législation islamique).’ Quant à ce que le Messager d’Allah () a dit selon son Ijtihad et qu’il a dit faire partie de la Charî'a, il est obligatoire d'agir en conséquence. La pollinisation des palmiers ne relève pas de cette catégorie, mais plutôt de celle mentionnée avant celle-ci [...] Les oulémas ont dit : ‘La parole du Prophète () n'était pas une affirmation, mais plutôt une hypothèse, comme il l'a précisé dans les autres versions du Hadith.’ Ils ont dit également que les opinions personnelles et les hypothèses du Messager d’Allah () sur les questions matérielles sont équivalentes aux opinions de toute autre personne. Il est donc concevable que quelque chose comme cela se produise (c.-à-d. une erreur) et cela n'implique aucune déficience de sa part [en matière religieuse]’. » [Fin de la citation]
Ibn Taymiyyah, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« Le Prophète () ne leur a pas interdit la pollinisation, mais ils ont fait l'erreur de supposer qu'il le leur avait interdit. »
Cheikh Ahmad Châkir, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« Le Hadith est clair et explicite. Il n'entre en conflit avec aucun autre texte ni ne contredit son infaillibilité en ce qui concerne son Ijtihad [en matière religieuse]. Cela n'indique pas que la Sunna (Tradition du Prophète) ne peut être présentée comme une preuve irréfutable sur tous les sujets. Cela ne soutient pas non plus leurs affirmations selon lesquelles la Sunna prophétique, dans sa totalité, ne fasse pas partie de la Révélation divine [...] Au contraire, dans le Hadith sur la pollinisation des palmiers, le Messager d’Allah () leur a dit qu'il ne croyait pas que cela soit nécessaire. Donc, il ne leur a pas ordonné ni interdit quoi que ce soit. Il () ne leur a pas transmis la Révélation divine ou établi une coutume religieuse. Il n'y a donc aucune raison d'élargir la portée de ce sens au point de l'utiliser comme un moyen de démolir les fondements de la Chari’a ! »
Notre Prophète () ne pouvait pas se tromper dans ce qu'il nous a transmis de la part d’Allah, le Très-Haut, mais il était faillible en ce qui concerne ses opinions personnelles sur des questions matérielles, de sorte que ses opinions étaient tantôt correctes, tantôt incorrectes. Un musulman croit avec certitude en l'infaillibilité des prophètes et des messagers d'Allah, Alaihim Assalam, au-dessus desquels se situe notre Prophète (). Par conséquent, nous devons prendre garde et nous méfier de ceux qui cherchent à contester la Sunna et à soulever des doutes à propos de celle-ci [en se servant de faux arguments]. En effet, ces personnes affirment faussement que toutes les opinions du Prophète () sont sujettes à caution, car elles sont fondées sur des opinions personnelles (et non sur des Révélations divines). En conséquence, selon eux, elles peuvent être parfois vraies et parfois fausses. Selon ceux-ci, certaines des décisions de la Chari'a qu'il () nous a transmises sont en fait erronées ! Il s'agit d'une fausse affirmation et d'une idée sans fondement.
C'est pourquoi Allah, le Très-Haut, a dit (selon la traduction du sens du verset) :
« Il ne prononce rien sous l’effet de la passion. Ce n’est rien d’autre qu’une Révélation inspirée. » (Coran 53/3-4)
Al-Baghawi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« Cela signifie que le Prophète () ne s’est jamais trompé [en matière religieuse]. »
As-Sa'adi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« Cela signifie que la parole du Messager d’Allah () [en matière religieuse], n'émanait pas de son inclination personnelle. Elle suivait plutôt la Direction divine et la Taqwa (piété) qu'Allah lui a inspirées concernant ses propres affaires et celles d’autrui. Cela indique que la Sunna fait partie de la Révélation d'Allah à Son Messager ().
Allah a dit (selon la traduction du sens du verset) :
‘[...] Allah a fait descendre sur toi le Livre et la Sagesse [...]’ (Coran 4/113) ¬
(La sagesse ici est une référence à la Sunna). Cela indique également qu'il était infaillible en ce qui concerne ce qu'il a transmis de la part d’Allah, le Très-Haut. Cela inclut [Sa révélation du Coran] et Sa Chari'a. Il était infaillible parce qu’il n’émettait pas d’opinions sur ces questions, à partir de ses inclinations personnelles. C’était plutôt des inspirations révélées par Allah.
Allah, le Très-Haut, a dit (selon la traduction du sens du verset) :
‘[...] Prenez ce que le Messager vous donne et abstenez-vous de ce qu’il vous interdit [...]’ » (Coran 59/7)
Ibn Kathîr, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit :
« Cela signifie que tout ce que le Messager d’Allah () vous commande, vous devez le faire et tout ce qu'il vous interdit, vous devez vous en abstenir, parce qu’il ne vous commande que de faire le bien et ne vous interdit que ce qui est mal. »
Le Prophète () a dit :
« Je vous ai laissé avec ce qui, si vous vous y accrochez, vous ne vous égarerez jamais : le Livre d'Allah et la Sunna de Son Prophète. » (Al-Hâkim et Al-Albâni : Sahîh)
La Sunna prophétique est le bateau de sauvetage et la clé de la délivrance. Celui qui y montera sera sauvé et celui qui ne le fera pas se noiera.
Al-Zuhri, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« Nos premiers oulémas avaient l'habitude de dire : ‘L'adhésion à la Sunna est le salut.’ »
L’imam Mâlik, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit :
« La Sunna est comme l’arche de Noé, . Celui qui y monte survit et celui qui ne le fait pas se noie. »
Évidemment, la parole du Messager d’Allah () :
« Vous êtes plus informés [que moi] au sujet de vos propres affaires matérielles. »
ne s'applique pas aux questions religieuses, à la Chari'a, aux obligations et aux interdictions.
Cela signifie plutôt :
« Vous qui pollinisez artificiellement les palmiers et d'autres comme vous qui pratiquez différentes professions dans l'industrie, l'agriculture et les différents métiers, connaissez mieux que moi vos domaines de spécialisation (respectifs). »
Al-Munâwi, qu’Allah soit satisfait de lui, a dit dans Fath Al Qadîr :
« Cela signifie que vous en savez plus que moi sur vos affaires matérielles, tandis que je connais les affaires de votre vie après la mort plus que vous, ceci parce que les prophètes et les messagers ont été envoyés pour sauver l’humanité de la misère dans l'au-delà et les aider à gagner la béatitude éternelle. »