L’épreuve est une des lois divines par laquelle Allah régit la vie des croyants pour les éprouver et distinguer Ses serviteurs sincères des menteurs. C’est une loi divine à laquelle même les prophètes n’ont pas échappé, et aucun croyant n’en est épargné au cours de sa vie. Allah, exalté soit-Il, dit : « Les hommes pensent-ils que Nous les laisserons affirmer qu’ils croient sans éprouver leur foi ? Nous avons, en vérité, éprouvé leurs devanciers. Allah distinguera de cette manière ceux qui sont sincères des menteurs. » (Coran 29/2-3).  

Dans l’exégèse de ce verset, Ibn Kathir dit : 

« Autrement dit : Allah éprouve nécessairement Ses serviteurs croyants en fonction du niveau de leur foi, comme cela est rapporté de source sûre : “Les gens les plus éprouvés sont les prophètes, puis les vertueux, et ainsi de suite. Un homme est éprouvé selon le niveau de sa foi. Plus sa foi est forte, plus il est éprouvé”. 

 Allah dit de même dans cet autre verset :  

« Comptez-vous entrer au Paradis sans qu'Allah ne distingue parmi vous ceux qui luttent et qui sont endurants ? » (3/42), ainsi que dans un verset identique de la sourate Le repentir. Dans la sourate La vache, Il dit  

« Pensez-vous entrer au Paradis alors que vous n'avez pas encore subi des épreuves semblables à celles que subirent ceux qui vécurent avant vous ? Misère et maladie les avaient touchés, et ils furent ébranlés jusqu'à ce que le Messager, et avec lui ceux qui avaient cru, se fussent écriés : "Quand viendra le secours d’Allah ?" Quoi ! Le secours d’Allah est sûrement proche. » (2/214). C’est pourquoi, Allah dit ici :  

« Nous avons, en vérité, éprouvé leurs devanciers. Allah distinguera de cette manière ceux qui sont sincères des menteurs. », c’est-à-dire, ceux qui sont véridiques lorsqu’ils affirment qu’ils sont croyants et ceux qui mentent en prétendant avoir la foi. 

La sagesse d’Allah implique d’avoir mis à l’épreuve les prophètes et les messagers par divers types de torts qu’ils durent subir ainsi que des épreuves auxquelles ils furent soumis de sorte à être des modèles de patience et de fermeté pour leurs adeptes.  

Selon Sa’d ibn Abi Waqqâs, qu’Allah soit satisfait de lui : « Je demandais : « Messager d’Allah ! Qui sont les gens les plus éprouvés ? » Il dit : « Les gens les plus éprouvés sont les prophètes, puis ceux qui sont les plus proches d’eux dans la foi. Un homme est éprouvé selon le niveau de sa foi. » Rapporté par Tirmidhi. Jugé authentique par Al-Albânî. Et notre Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a été terriblement éprouvé pour la religion d’Allah au point où il dit : « J’ai subi du tort pour la religion d’Allah. »  

La biographie prophétique regorge d’évènements montrant les torts que les Qurayshites lui firent subir. Nous citerons les suivants : 

Selon Ibn Mas’ûd : « Alors que le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) priait près de la Ka'bah et qu'Abou Jahl et ses compagnons étaient assis non loin de là, l'un d'entre eux dit aux autres : « Lequel d'entre vous est-il capable d'apporter le placenta de la chamelle de tel clan et de le déposer sur le dos de Mohammed lorsque celui-ci se trouvera en prosternation ? » Le plus misérable d'entre eux - 'Ouqbah ibn Abi Mou’ît - se proposa. Il apporta donc le placenta et attendit. Lorsque le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) se prosterna, il le déposa entre ses épaules, et le Messager restait ferme ! Ces hommes se mirent alors à rire et à se plier les uns sur les autres, tandis que le Messager d'Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) demeurait prosterné. Il ne releva la tête que lorsque sa fille Fâtimah, prévenue par une jeune fille, Juwayriya, vint retirer le placenta de son dos. »   Rapporté par Boukhari. 

‘Urwa ibn Al-Zubayr dit : Je demandai à 'Abdoullah ibn 'Amr ibn Al-'Âs de me décrire la plus violente agression subie par le Messager d'Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) de la part des idolâtres. Il répondit : « Alors que le Messager d'Allah (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) priait dans le Hijr, 'Ouqbah ibn Abi Mou'ît arriva et enroula son vêtement autour du cou du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) qu'il se mit à étrangler violemment. Abou Bakr se précipita alors vers lui, saisit 'Ouqba par les épaules et le repoussa loin du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) avant de s’exclamer : « Tuerez-vous un homme simplement parce qu'il dit que son Seigneur est Allah ?! (Coran 40/38) » Rapporté par Boukhari. 

Aisha () relate qu’elle interrogea le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) en ces termes : « As-tu connu un jour plus éprouvant que celui de la bataille de Uhud ? » Il répondit : « J’ai enduré bien des épreuves bien plus dures de la part de ton peuple. Mais la plus difficile fut celle du jour d’Al-‘Aqaba. Je m’étais présenté à Ibn Abd Yâlîl ibn Abd Kulâl, mais il ne répondit à ma requête comme je le souhaitais. Je repartais, préoccupé, et ne reprenais mes esprits qu’une fois arrivé à Qarn Ath-Tha’âlib – appelé également Qarn Al-Manâzil – je levais ma tête au ciel et apercevais un nuage qui me recouvrait. Je regardais encore et y voyais l’ange Gabriel. Il m’appela : « Allah a bien entendu ce que ton peuple t’a répondu Il t’envoie l’ange des montagnes afin que tu lui donnes l’ordre de leur faire ce que bon te semble. L’ange des montagnes m’appela, me salua et me dit : Ô Muhammad, il en est ainsi. Si tu souhaites que je les écrase entre ces deux montagnes, je le ferais. » Il s’agit de deux montagnes de la Mecque : Abu Qubays et celle qui lui fait face. Mais il lui répondit : 

« Je préfère leur accorder un sursis en espérant qu'Allah leur accordera une descendance qui adorera Allah Seul, sans rien Lui associer [dans Son adoration]. » Rapporté par Boukhari. 

Dans son ouvrage Fath Al-Bârî, Ibn Hajar a dit : « Ce hadith nous apprend quelle était la compassion du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) envers sa communauté et à quel point il faisait preuve de patience et d’indulgence. » Fin de citation. 

Selon Anas ibn Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) a dit : « J’ai subi du tort pour la religion d’Allah comme personne n’en a subi. Et on m’a menacé (de torture et de mort) pour la religion d’Allah (pour la faire triompher) comme personne ne l’a été. Durant trente jours, moi et Bilâl n’avions pas de quoi manger si ce n’est ce que pouvez porter Bilâl sous ses épaules. » Rapporté par Ahmad et jugé authentique par Al-Albânî. 

Dans son livre Tuhfat Al-Ahwadhî, Al-Mubârakfûrî a dit : « Le sens de son propos est que Bilâl était son compagnon à cette époque et qu’ils ne disposaient que de très peu de nourriture, uniquement ce que Bilâl pouvait porter sous son aisselle. » 

Al-Tîbî a dit : « L’expression consacrée en arabe indique que cela dura trente jours consécutifs, et pas un jour de moins. » 

Dans le livre Sharh Masâbîh Al-Sunna de Al-Baghawî, il est dit : « Ses propos signifient : j’étais seul au début de la prédication pour manifester la religion. Les polythéistes m’ont fait peur en me menaçant et m’ont causé du tort. Personne ne m’accompagnait pour supporter ces méfaits. Il m’est arrivé de subir la faim durant trente jours. Et Bilâl m’accompagnait durant ce temps où nous n’avions que peu de nourriture, comme du pain ou autre. L’expression sous l’aisselle indique le peu de quantité et aussi le fait qu’elle n’était même pas conservée dans un contenant. » 

Al-Munâwî a dit : « Il dit qu’il a subi du tort pour la religion d’Allah, soit pour l’avoir manifesté et élevé la parole d’Allah. Et personne à cette époque n’avait subi autant de torts. C’est même lui contre qui se focalisaient les attaques puisqu’il interdisait aux gens de s’adonner au culte des idoles et leur ordonnait d’adorer uniquement le Seigneur Tout-Miséricordieux. Il a aussi été menacé de mort et d’être torturé pour avoir prêché la religion d’Allah et manifesté son islam. J’étais le seul à être menacé pour cela à cette époque. Et personne n’était là pour m’aider à supporter ces torts. » 

Les mécréants de Quraysh ne se sont pas contentés de causer du tort avec force sur les plans psychologique et physique au Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam). Ils sont allés au-delà de cela en complotant afin de le tuer. Selon Abdullah ibn Abbass : « Les notables de Quraysh se sont réunis autour de la pierre noire et ont conclu un accord pour lequel ils ont juré sur leurs divinités, Al-Lât, Al-‘Uzza, Manât la troisième et Nâ’ila et Isâf (des divinités qu’adoraient les Qurayshites). Ils dirent : si on voyait Mohammed on se lèverait pour le tuer comme un seul homme et on ne le laisserait pas jusqu’à ce qu’il soit mort. Sa fille Fatima arriva en pleurant et entra auprès du Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) et lui dit : ‘’ Les notables de Quraysh ont passé un accord, s’ils te voient ils te tueront. Chacun d’eux sait la part du prix du sang qu’il devra payer.’’ Mais, il répliqua : ‘’ Ma fille, donne-moi de quoi faire mes ablutions.’’ Il fit ses ablutions puis alla à la mosquée. Et lorsque les hommes de Quraysh le virent, ils dirent : ‘’ C’est lui !’’ Mais ils baissèrent les yeux et ramenèrent leurs mentons sur leurs poitrines. Et les voilà immobiles de peur. Ils ne relevaient même pas leurs yeux et aucun d’eux ne se leva vers lui. C’est plutôt le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) qui se leva devant eux. Il jeta une poignée de terre en direction des mécréants en disant : ‘’Que ces visages soient enlaidis !’’ Allah fit en sorte que tous les mécréants touchés par cette terre furent tués le jour de la bataille de Badr en mécréant. » Rapporté par Ahmad et jugé authentique par Al-Albânî. 

Ceci ne représente que quelques anecdotes des torts auxquels fut exposé le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) de la part de son peuple. C’est pourquoi il dit : « J’ai subi du tort pour la religion d’Allah comme personne. Et on m’a menacé (de torture et de mort) pour la religion d’Allah (pour la faire triompher) comme personne ne l’a été. » Et malgré tout ce que son peuple a pu lui faire subir, cela ne le fit pas faiblir. Au contraire, il resta ferme et constant dans sa prédication, patient face à son peuple, espérant qu’ils se convertissent à l’islam, et qu’Allah fasse sortir de leur descendance des gens qui lui vouent un culte pur et ne lui associent rien. Et c’est là une des leçons très importantes de la biographie prophétique.