Durant le mois de Ramadan dernier, j’ai eu mon cycle de menstrues qui a duré six jours. Je me suis empressé de faire le bain rituel dès le premier matin et j’ai jeûné. Mais suite au bain rituel, j’ai trouvé une trace et je ne sais pas s’il s’agissait de sang ou de liquide marron. Mon cycle dure habituellement huit jours et je n’ai pas eu d’autre cycle durant tout le reste du mois. Je n’ai pas fait de bain rituel pour mes menstrues. Dois-je jeûner à nouveau le mois complètement, car jusqu’à ce jour, j’ignore comment savoir si je suis en état de pureté rituelle, malgré avoir lu un grand nombre de Fatwas.
Je suis pubère depuis environ quatre ans. Je n’ai commencé à prier que depuis deux ans – qu’Allah me pardonne – et je me masturbais par ignorance du jugement de la religion sur cette question. Je me suis arrêté de le faire dès que j’ai su que c’était interdit. Mais je n’ai su que très récemment qu’il était obligatoire de faire un bain rituel après cela, depuis quatre mois environ. Le jeûne du mois est-il annulé parce que j’ignorais qu’il était obligatoire de faire un bain rituel après s’être masturbé ? Dois-je jeûner le mois entièrement ? Que dois-je compenser ?
Renseignez-moi qu’Allah vous soit utile.

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Votre question comporte plusieurs points :
Le premier, concerne votre purification de vos menstrues : si votre cycle s’est arrêté avant le lever du jour et que vous avez émis l’intention de jeûner ce jour, alors votre jeûne est valide – même si vous avez ajourné le bain rituel à la mi-journée. -
Mais si vous n’avez pas retrouvé votre état de pureté rituel qu’après le lever du jour – soit, que vous n’avez pas observé de signe de pureté rituelle – alors vous devez compenser ce jour.
Pour les traces que vous avez observées après cela, vous devez les laver, mais il ne vous incombe pas de faire à nouveau le bain rituel. Il ne s’agit pas de sang des menstrues tant que vous n’en avez pas la certitude. En effet, le principe de base stipule qu’à priori, suite au retour de l’état de pureté rituel, le sang ne s’écoule pas à nouveau. On ne doit pas déroger à ce principe indiquant l’état de pureté rituelle, sauf si on a la certitude qu’il en est autrement.
Le deuxième point concerne le fait que vous avez délaissé la prière durant deux ans. L’obligation de compenser les prières non effectuées volontairement est une question objet de divergences. La majorité des savants sont d’avis qu’il est obligatoire de les compenser. C’est l’avis attribué aux quatre écoles et celui de la plupart de leurs savants. L’avis soutenant qu’il n’y a aucune preuve du Coran et de la Sunna indiquant qu’il est obligatoire de les compenser est inexact – selon nous – puisque le Prophète () a dit : « Les dettes envers Allah sont les plus en droit d’être remboursées. » Rapporté par Boukhari et Mouslim.
Or, ces prières qui ont été délaissées par le fidèle sont des dettes qui lui incombent et il ne sera déchargé de cette responsabilité qu’en les compensant. Les savants qui soutiennent qu’il est obligatoire de les compenser se réfèrent au hadith dans lequel le Prophète () a intimé l’ordre à ceux qui étaient excusés de ne pas avoir accompli leurs prières pour avoir dormi ou oublié de les compenser dès leur réveil ou dès qu’ils s’en souviennent. Et le fidèle qui les a délaissées volontairement, il lui incombe donc à plus forte raison de les compenser.
On doit aussi savoir que cette question fait partie de celles objet de divergence. Aussi, de grands savants sont d’avis qu’il n’est pas obligatoire de les compenser. C’est l’avis de Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya et de ceux qui se sont rangés à cet avis. C’est aussi l’avis des savants de l’école dite Al-Dhâhiriyya.
Et quelle belle citation que celle de Shawkânî qui, dans son explication du livre Al-Muntaqa, a dit après avoir discuté les arguments des deux parties : « Maintenant que tu as connaissance de cela, tu sais que la position à tenir est gênante, et que l’avis reproduit par Al-Nawawi dans son Sharh Muslim indiquant qu’il n’est pas obligatoire au fidèle qui a volontairement délaissé des prières de les compenser est une erreur de celui qui le soutient, et c’est une ignorance due à un excès blâmable. Il en est de même de l’avis de Al-Muqbilî qu’il a soutenu dans Al-Manâr. Selon lui, tout ce qui est en lien avec les compensations a été statué sans se fonder sur le Coran et la Sunna. Sans citer le reste de ses propos empreints de négligence. » Fin de citation.
Le plus prudent est de s’efforcer de les compenser.
Le troisième point concerne la masturbation par ignorance du statut et le fait qu’il soit un annulatif du jeûne : le jeûne n’est pas invalidé pour cela selon le plus juste des avis émis par les savants.
Pour ce qui est de ne pas avoir fait le bain rituel après cela, l’obligation de compenser les prières dans ce cas est une question objet de divergences. Cheikh Al-Islam ibn Taymiyya est d’avis qu’il n’est pas obligatoire de les compenser. Il vous est possible d’agir selon son avis, car il est bien fondé et pertinent.
Votre jeûne est valide et vous n’avez pas à le compenser. Se purifier d’un état d’impureté rituelle majeure n’est pas une condition de validité du jeûne.
Et Allah sait mieux.