Islam Web

  1. Ramadan
  2. Minorités musulmanes

Les musulmans du Suriname

Les musulmans du Suriname

Il est probable que de nombreux musulmans, si ce n’est pas tous, sont étonnés d’apprendre qu’il existe un pays qui se nomme le Suriname, et leur étonnement est encore plus quand ils apprennent que des musulmans vivent dans ce petit Etat, voilà donc le malheur des musulmans totalement oubliés par leurs frères de religion.
Où se trouve le Suriname ? Cet Etat se situe au nord du continent sud-américain sur la côte atlantique, il partage sa frontière à l’est avec la Guyane française, à l’ouest avec la Guyana, au sud avec le Brésil et au nord avec l’Océan atlantique. La superficie du Suriname est de 163 265 km2 et sa capitale est Paramaribo. Les Espagnols l’ont découvert en 1500, soit peu de temps après la chute de l’Andalousie, ils décrétèrent alors que ces terres étaient leur propriété, car les Espagnols avaient alors comme politique de se saisir de tout territoire qu’ils découvraient en le déclarant terre chrétienne. Mais les Anglais et les Hollandais leur disputèrent ce territoire, jusqu’à ce qu’il devienne une possession hollandaise en 1667, et ce, après que les Anglais l’eurent conquis plusieurs fois, et le Suriname accéda à une forme d’indépendance (celle des tribus se trouvant à l’intérieur du pays) en 1783, puis se forma avec la Hollande une sorte d’union comprenant en sus les îles antillaises appartenant aux Hollandais. 

Les musulmans aux Suriname :

Les Hollandais ont amené avec eux au Suriname des esclaves africains afin que ces derniers bâtissent le pays, mais en conséquence de cette politique esclavagiste et de l’injustice, les Africains se soulevèrent et c’est un des musulmans qui prit la tête de ce mouvement. Les révoltés se refugièrent dans la forêt et commencèrent à lutter contre les Hollandais, lesquels furent contraints de négocier avec les musulmans africains du fait de la force et de l’obstination de leur résistance, ces révoltés furent surnommés « Jiuka », c’est-à-dire les nègres de la forêt, cette négociation eut lieu en 1783. Et après que la révolte se fut calmée, les Hollandais commencèrent à ramener de la main d’œuvre de leurs colonies se trouvant en Inde, en Chine et en Indonésie, puis certaines personnes issues du Cham émigrèrent au Suriname, ce qui augmenta la quantité de musulmans dans ce pays.
Le chiffre est étonnant, mais il faut savoir que les musulmans représentent 40 % de la population totale, c’est une proportion très grande étant donné qu’il s’agit là d’une minorité ; les causes de l’augmentation de cette proportion sont multiples : primo, il y a chaque année des conversions à l’Islam ; secundo, des groupes de personnes émigrent du pays et le plus souvent celles-ci ne sont pas de confession musulmane ; tertio, le taux de natalité chez les musulmans a plus augmenté que celui des autres communautés. C’est ainsi que le Suriname est le pays non-musulman dans lequel la proportion des musulmans est la plus élevée, il est même possible qu’après peu de temps il fasse partie des pays musulmans et rejoigne l’Organisation de la Conférence islamique.

La situation des musulmans du Suriname :

Les Africains qui furent amenés au Suriname en tant qu’esclaves sont considérés comme les premiers musulmans du pays ; toutefois, l’injustice qu’ils subirent, l’explosion des familles, l’ignorance, le travail épuisant qu’ils devaient abattre, la succession de générations nées dans cette société loin de l’Islam sont autant de facteurs qui menèrent ces musulmans et leurs descendants à voir leur identité religieuse disparaître et fondre dans cette société. Puis l’Islam réapparut avec la venue des travailleurs issus d’Indonésie qui étaient tous de confession musulmane, ainsi que celle des travailleurs indiens dont la majorité était de cette même religion. Ainsi, cette arrivée de nouveaux musulmans au Suriname fut d’un grand bien, car l’Islam réapparut sur ces terres lointaines, des mosquées furent édifiées, l’appel à la prière se fit entendre, le culte pouvait être pratiqué en toute liberté, cela amena donc de nombreux Africains, descendants des esclaves musulmans, à renouer avec la religion de leurs aïeux.
Les musulmans d’origine indienne fondèrent leur propre association, ils la nommèrent : L’Association surinamienne des musulmans (suivant l’école hanafite), cette dernière vit donc le jour en 1975, soit juste après l’indépendance du pays. Ces musulmans indiens bâtirent plusieurs mosquées de bonne taille, de même qu’ils fondèrent plusieurs écoles primaires et secondaires ; par ailleurs, ils formèrent une organisation des oulémas qui est constituée d’imams, lesquels publient une revue sur l’Islam en hindi. Les Indiens sont considérés comme étant les musulmans les plus dynamiques dans le domaine de la prédication et des œuvres islamiques.
Parallèlement, les Indonésiens fondèrent l’Union islamique surinamienne, laquelle suit l’école chaféite, notons que cette question des écoles juridiques constitue le plus grande obstacle auquel doivent faire face les musulmans du pays, car en effet le problème de l’extrémisme doctrinal gêne beaucoup le travail de la prédication, et la fondation de ce genre d’associations suivant une école juridique bien précise crée de l’extrémisme, de la division, des divergences, voire des conflits.
Les musulmans surinamiens doivent faire face à un autre obstacle, il s’agit de l’influence des adeptes de la voie soufie appelée Qadianiya dont on estime qu’ils sont plusieurs dizaines de milliers ; outre leur innovations hérétiques et leur pratique erronée de la religion, ils constituèrent une barrière à l’unification des musulmans, ceci eut lieu au moment où les musulmans ambitionnèrent de fonder l’association islamique du Suriname en 1967. Cette association avait pour but de mettre fin à l’extrémisme doctrinal qui divisait les Hanafites et les Chaféites ; cependant, les adeptes de la Qadianiya s’infiltrèrent dans cette association et commencèrent à comploter jusqu’à l’avortement de cette association, ce fut donc là également l’échec de ce projet d’unification des musulmans. Cette incapacité à s’unir est sans conteste le plus grand problème auquel sont confrontés les musulmans de ce pays lointain.
 

Articles en relation