Lorsque les préceptes fondamentaux se transforment en slogans spécieux et malhonnêtes, lorsque la liberté devient une idole placée sous une cloche de verre dans le musée de l’histoire ou encore lorsque l’homme de bon sens s’étonne et médite devant l’attitude de ceux qui ont rempli nos têtes de concepts comme la liberté d’expression et de cultes, le multiculturalisme ou la défense des libertés fondamentales, il est temps de nous demander comment cet appel ou invitation à adhérer à ces idéologies humanistes et universalistes a pu devenir une chose imposée d’autorité ? Comment est-il possible que l’inquisition, qui plus est sous une forme laïcarde, a pu refaire surface ? Comment ce qu’on a appelé la guerre contre le terrorisme a pu devenir paradoxalement une véritable guerre détruisant toutes les avancées et tous les progrès accomplis par la civilisation occidentale et par son fameux courant philosophique des Lumières, et notamment la liberté religieuse qui est l’un des progrès les plus précieux ?! La France s’est longtemps targuée de défendre de manière absolue la liberté d’expression et d’opinion, la liberté de culte, la liberté de s’habiller comme chacun le souhaite ou bien la liberté de croyance…qu’à-t-il pu arriver à ces belles libertés ? Qu’est-il arrivé dans la ville de lumière et des Lumières qu’est Paris ?
On peut trouver un début d’explication dans l’hostilité historique et culturelle de la France envers l’Islam et les musulmans ainsi que la peur naturelle de nombreux Français devant une immigration massive majoritairement issue du Maghreb et donc majoritairement musulmane, immigration qui a permis à la communauté musulmane française d’atteindre aujourd’hui les 10 % de la population totale en France, laquelle dépasse les 65 millions de citoyens, il a par ailleurs été prouvé que les musulmans français font plus d’enfants que les Français de souche ; certains commentateurs de la vie politique française ont même parlé de « grand remplacement », c’est-à-dire un remplacement ethnique des français de souche par des populations étrangères ou d’origines étrangères. Par ailleurs, le phénomène des prières de rue ou de l’accomplissement des prières des fêtes musulmanes au vu et au su du plus grand nombre ainsi que les protestations parfois bruyantes des musulmans contre les attaques faites contre le Prophète () ou contre l’Islam de manière générale ont attiré l’attention sur la communauté musulmane de France de façon anxiogène, cela a été l’occasion pour les individus malveillants et islamophobes de montrer du doigt les musulmans de manière pour le moins agressive.
Les pourcentages des différents groupes religieux en France :
Les catholiques d’obédience romaine et apostolique sont environ entre 83 et 88 %, les protestants sont 2 %, les Juifs représentent 1 % et les musulmans sont entre 6 et 10 % ; évidemment ces chiffres sont à prendre avec précaution, car ils diffèrent d’une étude à l’autre, de même que le distinguo n’est pas fait entre les pratiquants et ceux qui se disent simplement affiliés à des coutumes et à une culture.
Notons que la France a séparé le religieux des affaires publiques depuis 1905 (Loi de la séparation des Eglises et de l’Etat), depuis lors l’Etat français ne reconnaît pas les religions mais ne les combat pas non plus, le deuxième article de sa constitution stipule la chose suivante : « La République est laïque mais elle respecte toutes les religions ». Par conséquent, théoriquement et légalement, en France l’Islam devrait être traité comme le sont les autres religions, parmi elles on compte le catholicisme dont la France s’estimait être la fille aînée avant la Révolution française de 1789.
L’Islam est donc devenu en France depuis les années 70 du siècle dernier le deuxième religion du pays, l’Islam vient bien sûr après le catholicisme mais dépasse de loin le protestantisme et le judaïsme. La population musulmane de France se partage de manière équilibrée entre les très grandes villes (Paris, Marseille, Lyon ou Lille) et les petites et moyennes villes de province. La plupart des musulmans sont des fils et petits-fils d’ouvriers venus du Maghreb pour travailler en France ; ainsi, 35 % des musulmans viennent d’Algérie, 25 % du Maroc et 10 % de Tunisie. On trouve également en France des musulmans d’origine d’Afrique subsaharienne, et notamment des pays qui furent colonisés par les Français comme le Mali, le Sénégal, le Niger ou la Côte-d’Ivoire, d’autres encore, moins nombreux, viennent du Proche-Orient et particulièrement de Syrie, du Liban, d’Egypte, d’Iraq ou de Palestine, enfin, un nombre important de musulmans sont d’origine turque (environ 360 000 personnes).
Nous faisons remarquer que le nombre des organisations et des associations représentant l’Islam et la communauté musulmane française sont nombreuses, les plus importantes sont sans conteste l’Institut du monde arabe, la Grande Mosquée de Paris qui a été donnée aux musulmans français en 1926 en récompense des sacrifices énormes que ces derniers avaient consentis lors de la Grande guerre (14-18), l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), le Conseil français du culte musulman (CFCM), l’association de la Djamâ’at al-Tablîgh (mouvement religieux piétiste et apolitique concentrant ses efforts sur l’appel à l’Islam) ou encore deux grandes associations représentant les Turcs.
Une politique délibérée d’offenses contre l’Islam et la personne du Prophète () :
Les offenses et insultes faites à l’Islam, au Prophète () et aux musulmans ne sont plus le fait de petits groupuscules d’extrême-droite tout à fait anecdotiques, mais elles sont depuis l’ère Sarkozy (débat sur l’identité nationale) organisée et orchestrée par les plus hautes autorités de l’Etat, une ambiance délétère règne en France depuis quelque temps, faire un sketch contre l’Etat d’Israël (Dieudonné) est considéré comme de l’antisémitisme, donc passible de condamnations, mais se moquer de l’Islam et du Prophète via des caricatures, des articles, des films ou des séries fait partie de la sacro-sainte liberté d’expression, il y a là une injustice manifeste qui devient évidente pour de plus en plus de gens ; au pays de l’égalité il y aurait des communautés ou des personnes plus égales que les autres, au nom de quoi peut-on se déchaîner contre l’Islam et doit-on s’autocensurer sur la critique du judaïsme et de son avatar monstrueux et moderne qu’est le sionisme ? Ce deux poids deux mesures insupportable ne peut qu’exacerber des tensions communautaires déjà chauffées à blanc depuis les événements du 11 septembre.
Une politique de persécution contre la minorité musulmane :
Cette islamophobie ambiante, dont les médias serviles sont les principaux relais, s’accompagne de prises de position politique sanctionnant de manière inique les musulmans, parmi ces dernières on trouve la loi sur le voile intégral ou niqab qui interdit le port de ce vêtement dans les lieux publics et dans la rue, y contrevenir peut entraîner une amende (150 euros) la première fois et de la prison la suivante, la loi interdisant le hijab à l’école ou la loi interdisant les prières dans la rue ; par ailleurs, l’octroie ou le renouvellement de la résidence pour les étrangers a été durci, un étranger peut y prétendre seulement après que l’administration, via un examen, s’est assurée que la personne maîtrise le français, va respecter les coutumes de son pays d’accueil, n’est pas attachée de manière excessive à l’Islam (si elle est musulmane) et notamment qu’elle ne place pas sa religion au-dessus des lois françaises.
Il est certain que les masques de la tolérance et du respect des autres cultures et religions sont tombés, et avec eux sont tombés tous ces beaux discours sur l’ouverture sur l’autre et le dialogue interculturels, est apparue alors une froide réalité, celle d’une France qui n’est plus elle-même depuis qu’elle a donné les clefs du pays à une communauté malfaisante qui a choisi de faire de l’Islam un bouc émissaire afin que les populations placées sous son joug ne se révoltent pas une fois de plus contre elle comme cela s’est passé au siècle dernier en Allemagne.