Les deux expressions suivantes sont-elles justes : ‘’ Celui qui travaille a plus de mérite que celui qui se prosterne’’ et ‘’ Celui qui aide son prochain a plus de mérite que celui qui se prosterne’’ ? Sachant que j’ai trouvé une réfutation dont je ne sais pas si la teneur est juste également, à savoir que l’expression est : ‘’ juste et réelle sur le plan religieux, puisqu’elle réunit les principes fondamentaux indiquant que le travail est plus méritoire qu’une adoration négative qui empêche de réaliser ce qui relève de l’intérêt des gens. En effet, le travail est une adoration en islam.’’ Ces propos sont-ils justes et peut-on parler d’œuvre négative ? Qu’Allah vous récompense par un bien.
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
L’islam – Allah soit loué – est une religion équilibrée. Allah, qui a assigné une mesure et un terme à toute chose, exécute toujours Ses décrets. Il a accordé à chacun les droits qui lui reviennent. Il ne fait aucun doute que recourir à de telles expressions de cette façon est une erreur. Cela ne peut être juste que dans un seul cas de figure, si le fidèle se préoccupe à accomplir des actes de culte surérogatoire au point de négliger son activité, celle qu’il doit assumer, comme aller gagner sa vie pour subvenir à ses propres besoins et aux besoins de ceux qui sont à sa charge. Dans ce cas, le fidèle serait coupable d’un péché pour avoir négligé et délaissé ce qui lui incombe, le devoir de gagner sa vie.
Dans son ouvrage Al-Rawd, Al-Bahûtî a dit : « Celui qui a la capacité de gagner sa vie doit être contraint à dépenser pour ses proches. » Fin de citation.
Celui qui délaisse tout activité pour gagner sa vie alors que cela lui incombe et qu’il en la capacité, est coupable d’un péché. Celui qui travaille et se limite à accomplir les actes de culte obligatoires est meilleur que lui.
Quant à celui qui se consacre à son activité au point de négliger les actes obligatoires – et à plus forte raison les actes surérogatoires – en prenant pour prétexte ce type d’arguments, alors celui-là encourt un grand danger. Il incombe d’appliquer tous les rites et les préceptes de la religion et ne pas les opposer les uns aux autres, ceci alors qu’Allah, exalté soit-Il, dit :
« … des hommes que ni négoce ni transaction ne saurait détourner de l’invocation d’Allah, de l’accomplissement de la prière et du versement de l’aumône, et qui redoutent le Jour où les cœurs et les regards seront bouleversés de terreur, » (Coran 24/37).
Il ne dit pas que ces hommes ne font pas de commerce. Bien au contraire, ils vendent et achètent, mais leur activité ne les préoccupe pas des actes d’obéissance obligatoires qu’ils doivent à Allah.
Dans on exégèse, Ibn Kathîr a dit au sujet de ces versets :
« Vous qui croyez ! Ne laissez pas vos biens et vos enfants vous détourner du souvenir d’Allah. » (Coran 63/9).
« Vous qui croyez ! Dès qu’est lancé l’appel à la prière du vendredi, accourez à l'évocation d'Allah et mettez un terme à vos transactions. » (Coran 62 :9).
Autrement dit : que ce monde, ses charmes, ses parures et ses profits commerciaux plaisants, ne les détournent pas du rappel (dhikr) de leur Seigneur, Celui qui les a créés, leur dispense de Ses bienfaits, et pourvoit à leurs besoins, car ils savent que ce qui se trouve auprès d’Allah est meilleur et plus utile que ce qu’ils possèdent eux-mêmes qui est éphémère alors que ce qui est auprès d’Allah est éternel. C’est pourquoi, Allah dit : ‘’des hommes que ni négoce, ni transaction ne saurait détourner de l’invocation d’Allah, de l’accomplissement de la prière et du versement de l’aumône.’’ Autrement dit : ils font passer l’obéissance à Allah et ce qu’Il veut et aime avant ce qu’ils veulent et aiment eux-mêmes.
Selon Hashîm ibn Shaybân : on nous a rapporté d’Ibn Mas’ûd qu’il a vu des commerçants délaisser leurs ventes au moment où on faisait l’appel à la prière obligatoire. Ils se sont levés pour aller à la prière. Abdullah ibn Mas’ûd dit alors : « Ils font partie de ceux qui ont été mentionnés dans ce verset : « des hommes que ni négoce, ni transaction ne saurait détourner de l’invocation d’Allah »
Ainsi est-il rapporté de ‘Amr ibn Dînâr Al-Qahramânî, selon Sâlim, qui relate que Abdullah ibn Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) se trouvait dans le marché lorsque le début de la prière fut annoncé (iqâma). Les commerçants fermèrent alors leurs boutiques et entrèrent à la mosquée. Ibn Omar dit alors : “C’est à leur sujet que ce verset fut révélé : ‘’des hommes que ni négoce ni transaction ne saurait détourner de l’invocation d’Allah ”. Rapporté par Ibn Abi Hâtim et Ibn Jarîr.
Ensuite, le travail en tant que tel ne peut être considéré comme une adoration que s’il est accompagné d’une intention vertueuse. Ainsi, celui qui émet l’intention par le biais de son travail ou de son activité de préserver sa chasteté et subvenir aux besoins de ceux qui sont à sa charge alors il est sur le bon chemin, en gagnant sa vie avec une telle intention, son activité devient un acte de culte par lequel il se rapproche d’Allah. Ceci, tant que cette activité ne l’empêche pas d’accomplir ses obligations religieuses et ne le pousse pas à tomber dans ce qui est interdit.
Il est probable que celui qui a utilisé l’expression ‘’ adoration négative ‘’ voulait signifier celui qui délaisse l’activité qui lui incombe et abandonne toute action pour gagner sa vie alors qu’il doit le faire, c’est ce type de personne qui commet un péché. Quant à celui qui délaisse toute activité parce qu’il peut s’en dispenser par exemple, il n’est coupable d’aucun péché. Il faut replacer chaque chose à sa place et à son rang attribué par Allah.
Et si le sens voulu de ces expressions est qu’aider les gens est meilleur que la prière, comme le laisse supposer la deuxième expression, alors sachez que le degré de mérites des œuvres et la façon dont on doit évaluer les unes par rapport aux autres est une chose qui doit être déterminée en fonction des textes de la religion. Or, il a été rapporté de source sûre que la prière est l’acte le plus méritoire qui soit. C’est pourquoi les savants ont divergé pour statuer sur les actes d’adoration surérogatoire, lequel a le plus de mérite. Certains sont d’avis que c’est la quête du savoir religieux, d’autres la prière, certains sont d’avis qu’il s’agit du Djihad. Et enfin, parmi eux – et c’est l’avis d’Ibn Taymiyya – il y en a qui sont d’avis que cela dépend des gens et de ce qu’il convient à chacun, selon sa situation.
Pour un développement des différents avis sur cette question, revenez à l’ouvrage d’Ibn Muflih – qu’Allah lui fasse miséricorde – intitulé Al-Furû’, il y a excellé et apporté nombre d’enseignements.
Quoi qu’il en soit, il n’est pas juste de recourir d’une manière absolue à de telles expressions.
Et Allah sait mieux.
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