Cheikh al-Islam Ibn Taymiyyah, qu'Allah lui fasse miséricorde, dit : « La vérité est que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est un verset du Livre d'Allah, puisqu'elle a été écrite par les compagnons dans le Mus-haf (copie manuelle du Coran), car ils n'y ont écrit que le Coran, en le dépouillant de ce qui n'en fait pas partie, comme la division en cinq ou dix versets, et les noms des sourates. Cependant, on ne dit pas qu'elle fait partie de la sourate qui suit, pas plus qu'elle ne fait partie de la sourate qui la précède. Elle est plutôt, telle qu'elle a été écrite, un verset qu'Allah, exalté soit-Il, a révélé au début de chaque sourate. C'est là l'opinion la plus juste parmi les trois sur cette question ».
Je souhaite quelques précisions sur cette opinion, En détaillant cette opinion, il ressort que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est considérée comme un verset révélé indépendamment de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue), ainsi qu'un verset séparé avant chaque sourate, à l'exception de la sourate Barâʼah (le Désaveu). Cette position est-elle considérée comme valable ? Et signifie-t-elle que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) a été révélée à plusieurs reprises, en fonction du nombre de sourates du Coran, avant chacune d'elles sauf Barâʼah (Le désaveu)?
Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Les savants sont unanimes sur le fait que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) a été consignée au début de chaque sourate dans le Mus-haf, à l'exception de la sourate Barâʼah (Le désaveu). Cependant, ils ont divergé quant à savoir si elle constitue un verset au début de chaque sourate, un verset de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue) uniquement, un verset révélé pour séparer les sourates sans faire partie de la Fâtihah ni des autres sourates, ou si elle n'est pas du tout un verset du Coran, à l'exception du verset de la sourate al-Naml (les fourmis): « Elle vient de Sulaymân (Salomon); et c'est: Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux ». (Coran 27/30). Dans ce cas, elle serait uniquement récitée pour bénir le Nom d'Allah, le Très-haut.
Ibn ʻȂdil a dit dans al-Lubâb fi 'Uloum al-Kitâb (1/151) :
Les savants ont divergé sur la question de savoir si la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) constitue t- elle un verset de chaque sourate ou non. Il y a trois opinions à ce sujet :
1. La Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) n'est pas un verset de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue), ni des autres sourates, cette opinion est soutenue par l'imam Mâlik, qu'Allah lui fasse miséricorde, car le Coran ne peut être confirmé que par Tawâtur (des récits continus), et non par Ȃhâd (des récits isolés). Ibn al-ʻArabi, qu’Allah lui fasse miséricorde, a déclaré : « Le fait qu'il y ait un désaccord parmi les gens au sujet de la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) suffit à indiquer qu'elle n'est pas du Coran, car il ne peut y avoir de divergence sur ce qui constitue le Coran ». Des hadiths authentiques indiquent que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) n'est un verset ni de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue), ni des autres sourates, à l'exception de la sourate al-Naml (les fourmis).
L'un des arguments avancés est ce qui a été rapporté par l'imam Mouslim, qu'Allah lui fasse miséricorde, à propos du Prophète () qui a dit: « Allah, exalté soit-Il, dit: ‘‘J'ai partagé la prière entre Moi et Mon serviteur en deux moitiés...’’ ».
2. La Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est un verset de chaque sourate, selon l'avis de ʻAbd-Allah Ibn al-Mubârak.
3. Al-Shâfiʻi, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Elle est un verset de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue)» mais a exprimé des avis divergents concernant les autres sourates, en affirmant tantôt qu’elle est un verset de chaque sourate, et tantôt qu’elle n'est qu’un verset de la sourate al-Fâtihah (L’ouverture - Le prologue) uniquement. Cependant, il n'y a pas de désaccord sur le fait qu'elle soit un verset dans la sourate al-Naml (les fourmis).
Al-Shâfiʻi a argumenté avec ce qui a été rapporté par al-Dâraqutni à propos du Prophète () qui a dit: « Lorsque vous récitez ‘‘al-Hamdu Lillah Rabb al-Ȃlamîn’’ (Louange à Allah, Seigneur des mondes), récitez également ‘‘Bismillâh al-Rahmân al-Rahîm’’ (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux), car elle est ʼUmm al-Qurʼân (la Mère du Coran), ʼUmm al-Kitâb (la Mère du Livre), et al-Sapʻ al-Mathâni (les Sept Versets répétés). Et ‘‘Bismillâh al-Rahmân al-Rahîm’’ (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est l'un de ses versets ».
L'opinion d'Ibn al-Mubârak se fonde sur un hadith rapporté par Mouslim, où le Messager d'Allah () aurait dit: «Une sourate m'a été révélée à l'instant», puis il récita: « Bismillâh al-Rahmân al-Rahîm (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux), Nous t'avons certes accordé l'Abondance ».
De ce fait, on comprend que l'avis selon lequel la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est un verset de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue) et de chaque sourate est un avis judicieux, tout comme l'avis selon lequel elle est un verset indépendant qui ne fait pas partie des sourates l’est également. Quant à l'idée qu'il s'agit de plusieurs versets révélés au nombre des sourates du Coran, placés avant chaque sourate sauf sourate Barâʼh (Le désaveu), elle ressort clairement des paroles de certains savants. En effet, Cheikh al-Islam Ibn Taymiyyah, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit dans Majmouʻ al-Fatâwa (22/392) : « Allah l'a révélée au début de chaque sourate, et elle fait partie du Coran là où elle a été écrite, comme l'ont fait les compagnons. Cependant, elle est un verset distinct au début de la sourate et ne fait pas partie de celle-ci ». Fin de citation.
Al-Nawawi a dit dans al-Majmouʻ (3/334): « Selon notre école, la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est un verset du début de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue) sans divergence, et elle est également un verset complet au début de chaque sourate, à l'exception de la sourate Barâʼh (Le désaveu), selon l'opinion correcte de notre école. C'est également l'avis d'une multitude de pieux prédécesseurs, dont le nombre ne peut être compté. Le Hâfiz Abou ʻAmrou Ibn ʻAbd al-Barr a mentionné que cela est l'opinion d'Ibn ʻAbbâs, Ibn ʻUmar, Ibn al-Zubayr, Tâwous, ʻAtâʼ, Mak-houl, Ibn al-Mundhir, et d'un grand groupe de savants. Il a ajouté que l'imam al-Shâfiʻi partageait cette opinion avec Ahmad, Is-hâq, Abou ʻUbayd, un groupe de savants de Koufa, de La Mecque, et la plupart des gens d'Irak. Al-Khattâbi a rapporté cet avis d'Abou Hurayrah, Saʻîd Ibn Jubayr, et al-Bayhaqi l'a rapporté dans son livre al-Khilâfiyyât avec sa chaîne de transmission de ʻAli Ibn Abi Tâlib (qu'Allah soit satisfait de lui) ainsi que dʼal-Zuhri et Sufyân al-Thawri. Dans son al-Sunan al-Kabîr, il l'a également rapporté de ʻAli, Ibn ʻAbbâs, Abou Hurayrah, et Muhammad Ibn Kaʻb (qu'Allah soit satisfait d'eux). Quant à Mâlik, al-Awzâʻi, Abou Hanîfah, et Dâwoud, ils ont dit que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) au début de toutes les sourates ne fait pas partie du Coran, ni dans la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue), ni ailleurs. Ahmad a dit qu'elle est un verset au début de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue), mais qu'elle ne fait pas partie du Coran au début des autres sourates. Il existe également un avis d'Ahmad selon lequel elle ne fait pas partie de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue). Abou Bakr al-Râzi des Hanafites et d'autres parmi eux ont dit que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est un verset entre chaque deux sourates, sauf entre al-Anfâl (Le butin) et Barâʼah (Le désaveu), et qu'elle n'est pas considérée comme faisant partie des sourates, mais qu'elle est un verset du Coran, semblable à une sourate courte. Cet avis a également été rapporté de Dâwoud et de ses disciples, ainsi qu'un avis attribué à Ahmad ». Fin de citation.
Al-Shawkâni a dit dans Fat-h al-Qadîr (1/20): « Les lecteurs de La Mecque et de Koufa ont affirmé de manière catégorique que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est un verset de la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue) et de chaque sourate. À l'inverse, les lecteurs de Médine, de Bassora et du Shâm qui ne la considèrent pas comme un verset, ni de la Fâtihah ni des autres sourates, disant qu'elle a été écrite seulement pour marquer la séparation et pour la bénédiction. Abou Dâwoud a rapporté, avec une chaîne de transmission authentique, d'après Ibn ʻAbbâs que le Messager d'Allah () ne distinguait la fin d'une sourate qu’à l’instant où lui était révélé: ‘‘Bismillâh, al-Rahmân, al-Rahîm’’ (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux)» Fin de citation.
Le Cheikh al-Amîn al-Shanqîti a dit dans son Mudhakkirah fi ʼUsoul al-Fiqh (p. 66): « Les savants ont divergé sur la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux). Est-elle un verset au début de chaque sourate, ou seulement dans la Fâtihah, ou n'est-elle pas un verset du tout ? Quant à la mention dans la sourate al-Naml (les fourmis) : ‘‘Elle vient de Sulaymân (Salomon); et c'est: Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux’’, il y a un consensus sur le fait qu'il s'agit d'un verset du Coran. Concernant la sourate Barâʼah (Le désaveu), il y a également consensus sur le fait que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) n'en fait pas partie. Pour les autres cas, les avis divergent: certains spécialistes des fondements de la jurisprudence affirment que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) ne fait pas partie du Coran, d'autres disent qu'elle n'en fait partie que dans la Fâtihah (L’ouverture - Le prologue), tandis que d'autres encore estiment qu'elle est un verset au début de chaque sourate, selon l'opinion de l'imam al-Shâfiʻi, qu'Allah lui fasse miséricorde qui dit: ‘‘Parmi les meilleures explications à ce sujet, il y a la conciliation entre les avis, en disant que la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est un verset dans certaines récitations, comme la récitation d'Ibn Kathîr, et dans d'autres récitations, elle n'est pas un verset, et cela n'a rien d'étonnant. Par exemple, dans la sourate al-Hadîd, l'expression ‘‘Allah se suffit alors à Lui-même et Il est Digne de louange’’ avec le prénom personnel Il (Huwa). Ce prénom personnel est présent dans la lecture d'Ibn Kathîr, Abou ʻAmrou, ʻȂsim, Hamzah, et al-Kissâʼi, mais il ne l'est pas dans la lecture de Nâfiʻ et Ibn ʻȂmir, où il est écrit : (Allah Se suffit et est Digne de louange), sans le prénom (Huwa). Certains exemplaires du Coran contiennent ce mot, tandis que d'autres ne l'incluent pas ». Fin de citation.
Ibn ʻȂshour a dit dans al-Tahrîr wa al-Tanwîr (1/138) : Il n'y a pas de divergence parmi les musulmans quant au fait que l'expression Bismillâh al-Rahmân al-Rahîm (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est une expression coranique, car elle constitue une partie d'un verset dans la parole d'Allah, exalté soit-Il: ‘‘Elle vient de Sulaymân (Salomon); et c'est: Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux’’ (Coran, 27:30). Cependant, ils ont divergé quant à savoir si la Basmalah (Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux) est un verset de la sourate al-Fâtihah (L’ouverture - Le prologue) et des débuts des autres sourates à l'exception de Barâʼah (Le désaveu). En d'autres termes, la divergence ne porte pas sur le fait qu'elle fait partie du Coran, mais sur la répétition de son caractère coranique, comme l'a indiqué Ibn Rushd al-Hafîd dans al-Bidâyah. Mâlik, al-Awzâʻi, les juristes de Médine, du Shâm, et de Bassora - à l'exception de ʻAbd-Allah Ibn ʻAmrou et Ibn Shihâb parmi les juristes de Médine - considèrent qu'elle n'est pas un verset au début des sourates, mais qu'elle constitue une partie d'un verset dans la sourate al-Naml (les fourmis). Al-Shâfiʻi, dans l'un de ses avis, Ahmad, Is-hâq, Abou Thawr, ainsi que les juristes de La Mecque et de Koufa - à l'exception d'Abou Hanîfah - considèrent qu'elle est un verset au début de la sourate al-Fâtihah uniquement. ʻAbd-Allah Ibn al-Mubârak, al-Shâfiʻi dans l'un de ses avis, qui est le plus correct selon lui, affirment qu'elle est un verset de chaque sourate. Rien n'a été rapporté d'Aobu Hanîfah sur cette question parmi les juristes de Koufa, et l’auteur dʼal-Kashshâf en a déduit qu'elle n'est pas un verset des sourates selon lui, l'incluant ainsi parmi ceux qui ont dit qu'elle ne faisait pas partie des sourates, ce qui est correct selon lui ».
Ensuite, il a longuement argumenté en faveur de ces avis, qu'Allah lui fasse miséricorde.
Et Allah sait mieux.