J’ai deux femmes et la première souhaite venir avec moi en voyage sur ses propres frais. En informant ma deuxième femme que je souhaitais voyager avec un ami, elle a apporté une copie du Coran et m’a demandé de jurer par Allah que je n’allais pas voyager avec ma première femme. J’ai essayé de tenir des propos ambivalents, mais elle a juré et m’a demandé de répéter ses propos après elle et j’ai terminé la phrase en en mon for intérieur en disant : avant dix ans, soit, que je ne voyagerai pas dans ce pays. J’avais déjà voyagé seul dans ce pays avant d’être marié avec elle il y a plus de dix ans et ce que j’entendais en disant ces propos en mon for intérieur est qu’elle n’a pas voyagé avec moi avant ces dix ans. J’ai été contraint de le faire pour ne pas en venir au divorce puisque j’ai déjà divorcé de ma deuxième femme parce qu’elle avait quitté la maison avec les enfants pour exercer une pression sur moi en une autre occasion. Que dois-je faire ?

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :
Si la situation est telle que vous l’avez décrite à savoir que vous avez émis l’intention en jurant que vous n’avez pas fait cela depuis dix ans alors vous n’avez pas parjuré. Les juristes affirment que l’intention de celui qui jure octroie une portée plus spécifique au serment et en prend le statut de ce dernier tant que les propos prononcés peuvent concorder avec l’intention.
Dans son ouvrage Al-Mughnî, Ibn Qudâma dit : « Les statuts des serments dépendent de l’intention de leurs auteurs. Si le fidèle jure en recourant à une formulation correspondant éventuellement à son intention alors le serment en aura le statut, que son intention soit en accord avec le sens apparent des termes du serment ou non. Une intention conforme au sens apparent des propos est, par exemple, qu’il ait l’intention en employant ces termes le sujet même pour lequel il jure, en visant par son intention ce qui est général en tenant des propos d’ordre général, ou en visant par son intention un élément quelconque en recourant à des termes qui l’indiquent. Et en utilisant les termes compris de prime abord. En revanche, viser par son intention un fait contraire au sens apparent des termes utilisés pour jurer peut prendre plusieurs formes : l’une d’elles : viser ce qui est général en recourant à des termes spécifiques… jurer de faire ou ne pas faire telle ou telle chose de façon catégorique alors qu’on a malgré tout l’intention de faire cette chose ou de ne pas la faire pour un temps défini… viser ce qui est général en recourant à des propos spécifiques. » Fin de citation.
Nous attirons l’attention sur le fait que le mari polygame qui souhaite voyager avec une de ses épouses ne devrait le faire qu’après avoir procédé à un tirage au sort ou avec leur accord. Et celui qui voyage avec l’une d’entre elles sans avoir procédé à ce tirage au sort devra compenser ce voyage en emmenant avec lui ses autres femmes à leur tour ou uniquement l’autre femme s’il n’est marié qu’à deux femmes.
Et Allah sait mieux.